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Contexte et objectifs
Suite aux crises financières de 2007 (effets systémiques des subprimes, faillites de grands acteurs) et de l’amplification en 2008 (marchés financiers, crédits, immobilier, placements collectifs…) , il a été constitué au niveau international un G20 des chefs d’Etats de 19 pays et de l’UE, dont l’objectif principal est d’assurer la stabilité financière internationale.
Parmi les mesures étudiées, les « stress-tests » ou « tests de résistance » consistent à analyser les impacts d’une détérioration sérieuse des conditions économiques sur les bilans bancaires.
Méthodologie des stress-tests européens
Sont concernés : 91 établissements bancaires sur 20 pays représentant un total d’actifs de 2/3 du secteur.
La coordination a d’abord été assurée par le Comité Européen des Contrôleurs Bancaires (CECB) puis par l’Autorité Bancaire Européenne.
Les tests comportent deux niveaux :
a) « Scénario macroéconomique central » avec les hypothèses de croissance suivantes :
- pour la zone euro de 0,7% en 2010 et 1,5% en 2011 ;
- pour la France de 1,2% en 2010 et 1,5% en 2011.
b) « Scénario macroéconomique adverse » dont le contexte est :
- une croissance en W avec une forte chute de croissance sur deux ans :
- pour la zone euro de -0,2% en 2010 et -0,6% en 2011 ;
- pour la France, de 0,7% en 2010 puis -0,1% en 2011 soit une perte de croissance cumulée sur l’horizon du stress de 2,1 points de PIB par rapport au scénario central ;
- un niveau de chômage très élevé ;
- un taux d’intérêt court terme égal à celui de la crise financière de 2007-2008 ;
- un taux d’intérêt long terme équivalent aux années 2000 ;
- un retournement du cycle immobilier ;
- une dépression macroéconomique sévère, sans reprise immédiate ;
- des inquiétudes sur les dettes publiques de certains états de la zone Euro ;
- l’application, pour les expositions souveraines détenues dans le portefeuille de négociation et les crédits au secteur privé enregistrés dans le portefeuille bancaire, de taux de décotes – de 4,2% à 23,1% selon le pays – et des pertes supplémentaires sur le secteur privé des trente pays de l’Espace économique Européen.
Ce stress-test sévère porte sur tous les compartiments d’exposition des banques européennes :
- intermédiation
- crédits
- portefeuille de placement
L’objectif est ensuite de chiffrer les impacts des pertes de valeur induites sur le niveau des fonds propres, caractérisé par le Tier 1 (capital et réserves) en tenant compte des :
- paramètres de sensibilité du risque bancaire (Probability of Default et Loss Given Default) liés à la macroéconomie, ils sont établis par la BCE afin de fixer un cadre de référence au niveau européen;
- effets sur les positions de titrisation et les portefeuilles actions.
Les stress additionnels de « choc souverain » sont mesurés sur les titres d’état et les crédits au secteur privé, à partir de règles BCE.
Enfin, chaque établissement a défini ses propres méthodes pour les impacts sur les autres composantes du portefeuille de placement et ses autres sources de PNB.
Le Secrétariat général de l’ACP (Autorité de Contrôle Prudentiel) s’est assuré de la pertinence des estimations, en relation avec les contrôles effectués par le CECB.
Le schéma suivant résume la démarche pour chaque établissement :
Les résultats : « le système bancaire français est solide et résilient »
Les résultats des grands groupes bancaires français, représentant plus de 80% du marché sont :
RATIO ACTUEL | RATIO DANS LE PIRE SCENARIO | |
BNPP | 10,1 | 9,6 |
CA | 9,7 | 9 |
BPCE | 9,1 | 8,5 |
SOCIETE GENERALE | 10,7 | 10 |
Ainsi à ce jour, dans la pire des hypothèses, qui combine une nouvelle crise économique et financière avec une crise de la dette publique, les ratios de fonds propres durs (tier one) s’établissent bien au delà des exigences des autorités de supervision, qui avaient été relevées à 6% .
Concrètement, ceci confirme la robustesse de ces établissements, dont la stratégie repose sur la diversité de leurs activités et la rigueur de leur gestion ; pour mémoire, le système bancaire français avait déjà démontré ces qualités lors des précédents contextes de crise de 1990 et 2002.
Les commentaires de la Banque de France sont les suivants :
Au niveau du numérateur du ratio Tier 1 :
- «Le total du coût du risque sur les portefeuilles bancaires et des pertes sur le portefeuille de négociation, sans prise en compte du choc souverain, s’établirait dans le scénario adverse et cumulé sur 2010 et 2011 à 61,3 milliards d’euros. Le coût du risque total de ces quatre banques atteignait 24,8 milliards sur la seule année 2009. Le scénario stressé 2011 correspond, sans même tenir compte des effets du choc souverain, à une hausse du coût du risque moyen annuel par rapport à 2009, exercice au cours duquel la crise avait pourtant déjà amené à constater une hausse de 57% par rapport à l’exercice précédent. A ce chiffre de 61,3 milliards d’euros, s’ajoutent, au titre du choc souverain, les pertes liées au choc sur les expositions souveraines dans le portefeuille de négociation (3,7 milliards d’euros) et des provisions supplémentaires sur le secteur privé (3,7 milliards également).
- Les chiffres de pertes sont à rapprocher des évaluations de Revenus Bruts d’Exploitation (RBE) agrégés de ces quatre banques françaises cumulées en 2010 et 2011, à savoir 83,1 milliards dans le scénario stressé. A comparer aux 39,3 milliards dégagés en 2009.
- Au niveau du dénominateur du ratio Tier 1 : l’application du scénario stressé conduit également à une dégradation importante des actifs pondérés du risque. Le total des actifs pondérés du risque des quatre groupes bancaires subirait une hausse de 11,4% à fin 2011 dans le scénario stressé par rapport au total des actifs pondérés du risque au 31 décembre 2009.»
L’analyse des autorités sur les facteurs de résilience met en évidence :
«Une bonne tenue de leurs revenus, même en situation de stress adverse sévère, tirée en partie par les revenus « d’intérêt », liés à leur activité de transformation, une politique de gestion actif-passif prudente et une maîtrise des frais généraux.»
Ce constat est très proche de celui qui a pu être tiré de l’évolution de la rentabilité des banques françaises observée au cours de l’année 2009 dans la plupart des branches d’activité, qui s’expliquait à la fois par les bonnes performances des activités de marché, s’appuyant sur un développement équilibré entre les différents métiers et par l’amélioration des marges bancaires.
Il s’agit à nouveau, si besoin en était, d’un argument en faveur du modèle français de banque universelle ; c’est un modèle qui continue de faire ses preuves.
«Les caractéristiques de leurs expositions sur crédit immobilier domestique dont la structure apparaît saine et le coût du risque afférent, faible. »
A cela, deux raisons : le fait que les prêts soient adossés non pas à la valeur des biens achetés mais à la capacité de remboursement des ménages ; le fait qu’ils soient couverts par un système de garantie mutuelle contribuant à la stabilité du système.
Par ailleurs, le crédit à l’habitat apparaît fortement dynamique grâce à une forte demande des ménages associée à des conditions de crédit et des tendances démographiques favorables.
«Leur bonne résistance au choc additionnel souverain, dont il apparaît que le portefeuille est souvent suffisamment diversifié pour ne pas subir de plein fouet les chocs importants appliqués, par hypothèse, par le CECB. »
«Chacun des chocs (portefeuille de négociation souverain et effet de second tour sur le portefeuille bancaire privé) contribuerait en agrégé, à une baisse de 8 points de base du ratio Tier 1 en moyenne sur ces quatre établissements. »
«En outre, la dispersion de ce choc additionnel entre établissements est relativement faible, entre 9 et 22 points de base, confirmant qu’aucun d’entre eux n’est exagérément exposé sur le risque souverain. »
En remarque finale, notons que seules 7 banques européennes n’ont pas validé leur solidité, dont cinq en Espagne, une en Allemagne et une en Grèce. Des recapitalisations ou restructurations seront nécessaires.
A suivre car les stress-tests seront à réitérer chaque année…
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