Les fonds eurocroissance sont considérés comme le “3e pilier de l’assurance vie”, aux côtés des fonds euro et des unités de compte (UC). Ils ont été créés en réponse à la baisse des rendements des fonds euros, pour offrir plus de performance tout en conservant l’idée d’un placement garanti… mais à échéance uniquement.
➡️ Alors, faut-il se laisser tenter par les fonds eurocroissance ?
Qu’est-ce qu’un fonds eurocroissance ?
Eurocroissance, euro croissance, euro-croissance ou fonds eurocroissance, nous parlons d’une même classe d’actifs à intégrer dans une assurance vie. En d’autres termes, vous souscrivez un fonds eurocroissance via un contrat multisupport ou eurocroissance spécifique. Il est également à conserver 8 ans minimum pour bénéficier de la garantie de capital à terme, comprise entre 80 % et 100 % en fonction de l’assureur. Quant à son rendement, il n’est pas acquis et dépend des performances du gérant.
Pourquoi les fonds eurocroissance ont-ils été créés ?
Comme tout produit financier, l’eurocroissance a une finalité économique. Grâce à son long délai de détention (contrairement à un fonds euro ou une UC, qui sont généralement liquides), il a pour objectif de :
- Financer l’économie réelle, c’est-à-dire la production et la distribution de biens et de services, dans le public et le privé : entreprises, organisations, collectivités…
- Redynamiser l’assurance vie via une classe d’actifs plus pérenne et potentiellement plus rémunératrice. Cette dernière promesse est fondée sur son échéance (8 ans a minima), condition de la garantie de capital, qui favorise la diversification. Ainsi, le gestionnaire de l’eurocroissance a la possibilité d’investir dans des actifs variés pour obtenir les meilleures performances possibles, et bénéficie d’un temps long pour y parvenir.
Voici, par exemple, la composition de l’eurocroissance Prepar Avenir de l’assureur Prepar Vie :
La nouvelle vie des fonds eurocroissance 2019
Il existe deux catégories de fonds eurocroissance, fonction de leur date d’émission :
- Les fonds eurocroissance 2014 : produit d’épargne novateur mais complexe, leur fonctionnement manque de lisibilité. Il associe des provisions mathématiques, une enveloppe sécurisée qui garantit le capital et des provisions techniques de diversification, une poche qui assure la performance. La partie sécurisée varie en fonction de la date d’investissement et de l’échéance, d’où un rendement différent d’un souscripteur à un autre. Quant à la performance annuelle, elle est une moyenne théorique, non pas une valorisation réelle de l’eurocroissance.
- Les fonds eurocroissance 2019 ou loi Pacte : leur simplification facilite également leur compréhension, sachant que les grandes lignes demeurent : détention via un contrat d’assurance vie et conservation pendant 8 ans minimum pour activer la garantie de capital. Mais avec l’eurocroissance 2019, les souscripteurs possèdent des parts de provision de diversification, dont la valeur évolue annuellement, comme n’importe quelle UC. Dans les faits, le gestionnaire a une réserve financière ou PCDD (Provision collective de diversification différée) pour lisser les rendements d’une année sur l’autre.
Si les deux contrats eurocroissance cohabitent aujourd’hui, intéressons-nous au second…
La promesse de performance des fonds eurocroissance
L’échéance lointaine de l’eurocroissance offre la possibilité au gérant d’investir dans des actifs plus risqués, des actions mais aussi actifs plus exotiques (dette mezzanine, fonds d’infrastructure, etc.), en espérant un rendement supérieur. En parallèle, l’essentiel des fonds collectés est investi dans d’autres actifs sans risque pour garantir le capital à terme.
Comme pour les fonds de private equity et de dette privée, l’eurocroissance tire sa force de sa longue période de détention, qui facilite les investissements plus audacieux et potentiellement plus rémunérateurs. Ses différences sont liées à sa fiscalité (en attendant l’application de la loi industrie verte), la possibilité de sortie avant échéance et la garantie de capital.
En termes de rendement, la récence des fonds eurocroissance 2019 limite leur historique, sachant que c’est également leur performance à terme qui compte. En règle générale, les gérants d’eurocroissance ont pour objectif de surperformer les fonds euro de 1 % à 2 %, en termes de rentabilité annuelle. Côté encours, ils ont atteint 7,5 milliards d’euros en mars 2023, selon France Assureurs, soit 0,4 % du total des contrats d’assurance vie (1 884 milliards d’euros). Le rendement moyen 2023 est compris entre 1,85 % et 5,84 % nets des frais de gestion et bruts des prélèvements sociaux.
Quels sont les avantages et les inconvénients de l’eurocroissance ?
En théorie, les fonds eurocroissance offrent un mix intéressant entre performance et garantie. Est-il suffisant pour en faire un placement de choix ?
Analysons d’abord ses avantages et ses inconvénients…
Les avantages de l’eurocroissance
Comme instrument d’épargne offensif et défensif, les fonds eurocroissance offrent certains avantages sur le long terme, que voici :
- Le financement de l’économie réelle. De plus en plus d’investisseurs sont sensibles au fait de contribuer au développement des entreprises et au soutien durable de l’économie.
- Un actif diversifié et une 3° classe d’actifs de l’assurance vie. Sa durée longue de détention vs une liquidité immédiate favorise des investissements différents. Il est également une alternative aux fonds euro et UC dans un contrat multisupport.
- La sécurisation de l’épargne à long terme. La garantie de capital (entre 80 % et 100 % selon l’assureur) à échéance est contractuelle.
- Un potentiel de rendement supérieur aux fonds euro. La diversification des investissements et le temps long sont deux paramètres qui aident la performance.
- Des versements libres ou programmés. Ils sont fonction du contrat souscrit et de ses modalités.
- Une fiscalité avantageuse, puisque c’est la fiscalité de l’assurance-vie qui s’applique.
- Une gestion 100 % déléguée. En souscrivant un fonds eurocroissance, vous ne vous occupez de rien, comme pour un ETF, sachant qu’il ne s’agit pas ici d’une gestion passive ni indicielle.
Les inconvénients de l’eurocroissance
Cependant, au regard du succès limité des fonds eurocroissance (0,4 % des encours en assurance vie) des inconvénients demeurent :
- Le risque inhérent aux investissements du gérant. Le rendement à échéance dépend de la performance des actifs investis et des risques pris.
- La durée longue de détention du contrat. Elle est de 8 ans minimum ou plus en fonction du contrat, ce qui limite tout arbitrage en fonction de l’évolution des marchés, à l’inverse des UC, par exemple.
- Le retrait partiel annule la garantie de capital in fine. La liquidité a un prix et non des moindres.
- Des frais parfois élevés. La détention longue du fonds eurocroissance et la spécificité du produit induisent des coûts de gestion.
- Les retraits anticipés soumis à la valeur de marché. En cas de sortie avant échéance, la valorisation appliquée est celle à l’instant t, quand les investissements n’ont pas encore porté leurs fruits.
- La variété limitée des fonds eurocroissance. A moindre succès, moindre gamme de fonds aussi. Face à la diversité des unités de compte ou des fonds euro, il est difficile de lutter.
- Le manque de transparence. Contrairement aux ETF et autres OPCVM, la stratégie d’un fonds eurocroissance et les actifs investis restent opaques. On est loin des reportings annuels des gérants de FCP et de leurs obligations en termes d’investissement, de benchmark… même si certains assureurs s’y mettent.
- Le coût de la garantie. Parce que l’eurocroissance offre une garantie de capital à échéance, cette spécificité oblige l’assureur à rester prudent globalement. Cette couverture du risque limite de facto la performance du fonds. L’audace oui, mais la garantie aussi…
Compte tenu des spécificités de l’eurocroissance, optez plutôt pour des ETF sur la partie risquée de votre épargne à long terme et des fonds en euros pour celle de précaution. Cette stratégie est généralement plus rentable que d’investir dans un fonds eurocroissance, avec un engagement de 8 ans. Elle permet aussi une gestion plus dynamique de vos investissements et des arbitrages en fonction de la conjoncture économique et de l’évolution des marchés.
Comment investir dans un fonds eurocroissance ?
Contrairement aux actions, fonds euro, ETF… les fonds eurocroissance sont plus encadrés en termes de support et de durée de détention. Ces caractéristiques sont essentielles pour apprécier l’adéquation du produit avec votre profil d’investisseur, votre horizon d’investissement, vos projets, votre fiscalité…
Avoir un contrat d’assurance vie eurocroissance ou multisupport
Deux supports sont éligibles à la souscription de fonds eurocroissance : le contrat d’assurance vie multisupport et le contrat d’assurance dédié (ou contrat eurocroissance). Compte titres, PEA, PER… en sont exclus, ce qui rend cette classe d’actifs moins flexible en termes d’investissement et de détention.
Choisir la bonne échéance pour un fonds eurocroissance
A minima, pour garantir le capital de départ investi en eurocroissance, il doit être conservé 8 ans. Sachez que des contrats sur 10 ans, 15 ans… existent également. Et si une sortie anticipée est toujours possible même si pénalisée (garantie du capital ajournée et frais additionnels), il est clé de choisir la bonne durée de détention en fonction de votre horizon d’investissement et du pourquoi de votre investissement.
Rappelons qu’il n’y a aucun risque de perte en capital sur l’eurocroissance tant que les sommes investies ne sont pas retirées avant échéance.
S’assurer que l’eurocroissance correspond à vos objectifs
Qu’il s’agisse de durée de détention, évoquée précédemment, du produit lui-même, de votre projet à terme, de vos problématiques fiscales et/ou de transmission… il est clé d’identifier si l’eurocroissance y répond.
Sachant que la réponse est très personnelle, l’eurocroissance a néanmoins un intérêt limité. Sauf si vous avez une aversion pour le risque, une échéance lointaine précise et une exigence de rendement (à relativiser au vu des performances 2023). En d’autres termes, peu d’épargnants ou d’investisseurs cochent toutes les cases…
Questions fréquentes
A minima, l’échéance est de 8 ans pour bénéficier de la garantie de capital. Mais des contrats au terme plus long existent : 10 ans, 15 ans… jusqu’à 40 ans.
L’historique de performance manque compte tenu du caractère récent du produit d’épargne, sachant également qu’aucun rendement n’est garanti. Seul le capital l’est (entre 80 % et 100 %). Sur la base des performances 2023, le rendement des fonds eurocroissance est compris entre 1,85 % et 5,84 %.
C’est la fiscalité de l’assurance-vie qui s’applique. On détaille cela dans cet article. Il faut toutefois noter que la fiscalité du fonds eurocroissance est légèrement plus avantageuse que celle du fonds euro, dans la mesure ou les revenus ne sont soumis aux prélèvements sociaux qu’à échéance de l’eurocroissance, là où les intérêts du fonds euro y sont soumis chaque année.
Si les deux produits peuvent être souscrits via un contrat d’assurance vie multisupport, ils diffèrent :
– Les fonds en euros sont plus simples et on sait qu’ils sont majoritairement investis en obligations.
– Le fonds euro est un actif liquide, qui peut être désinvesti sans risque. A l’inverse, l’eurocroissance a une échéance lointaine (de 8 ans à 40 ans). Et chaque sortie partielle ou totale avant le terme donne lieu à un risque de perte en capital.
– Les frais de gestion sont à l’avantage du fonds euro : 0,6 % en moyenne vs 1 % pour l’eurocroissance.
– Pour le fonds euro, l’effet cliquet permet aux intérêts d’être acquis et de générer d’autres intérêts, année après année. Ce n’est pas le cas pour l’eurocroissance : la garantie du rendement capitalisé n’est valable qu’à terme.
– Le fonds eurocroissance doit être détenu 8 ans minimum pour l’activer.