L’investissement responsable est désormais incontournable. Face à la crise écologique, l’épargne des Français a vocation à être davantage fléchée vers des placements verts.
Et si, pour les épargnants, rien n’est encore obligatoire, les banques et les conseillers financiers, eux, sont tenus d’interroger leurs clients et de tenir compte de leurs convictions écologiques lorsqu’ils leur proposent un placement.
Est-ce un réel progrès ? Ou un simple vernis vert ? L’investissement responsable tient-il vraiment ses promesses ? Analyse.
Qu’est-ce que l’investissement responsable ?
L’investissement socialement responsable (ISR) consiste à investir dans des entreprises en tenant compte de critères dits “extra-financiers”, censés mesurer l’efficacité environnementale et sociétale d’une entreprise. Ces critères viennent alors peser dans la balance des investisseurs autant que les critères habituels de rentabilité.
Les critères ESG
Pendant longtemps l’investissement responsable a reposé sur les critères ESG. Ils sont au nombre de 3 :
- Environnement : gestion des émissions de gaz à effet de serre, utilisation des ressources naturelles, politiques environnementales.
- Social : conditions de travail, respect des droits humains, contribution à la société.
- Gouvernance : transparence, éthique de la direction, lutte contre la corruption.
Une grille d’évaluation permet à des agences de notation d’attribuer un score ESG aux entreprises. Les sociétés de gestion qui gèrent des fonds d’investissement peuvent alors utiliser ces scores pour sélectionner et surpondérer les entreprises les mieux notées.
Un mélange de critères hétérogènes
Le principe d’une grille de lecture commune est plutôt positif. Toutefois, on peut reprocher aux critères ESG de mélanger des aspects très différents. Peut-on vraiment comparer une entreprise qui réduit ses émissions de CO2 avec une autre qui affiche plus de diversité dans ses équipes de direction ? La question de la fiabilité des scores ESG peut aussi se poser dans la mesure où les informations nécessaires à leur évaluation sont transmises par les entreprises elles-mêmes.
Des labels, comme le Label ISR, sont venus compléter cet arsenal. Ces labels permettent cette fois-ci aux épargnants d’identifier facilement les placements responsables, à l’image du label “BIO” pour les fruits et les légumes.
L’impact réel de l’investissement responsable
Votre épargne émet du CO2
Investir de manière responsable pourrait bien avoir un impact significatif en termes de réduction des émissions de CO2. D’après Oxfam, 25 000€ déposés dans une banque traditionnelle produisent environ 11 tonnes de CO2eq par an. La raison est simple : votre argent finance des activités polluantes. Mais est-ce que choisir des placements verts permet d’avoir un impact ?
Les bénéfices concrets de l’ISR
Tesla fait partie des entreprises qui ont bénéficié d’un soutien massif des fonds ISR. Ce financement a sans doute participé à la croissance de l’entreprise. Et même si l’impact environnemental du géant américain est certainement discutable, un tel afflux de capitaux pousse forcément ses concurrents à réagir. Renault réfléchit par exemple à introduire en bourse sa branche dédiée aux véhicules électriques.
L’exemple de Tesla montre que la concurrence ne se joue pas seulement auprès des consommateurs, elle se joue aussi sur les marchés financiers. Les fonds d’investissement et, in fine, les épargnants qui leur confient leurs argents ont donc bien le pouvoir de faire changer les choses.
L’investissement responsable, un outil marketing ?
Le Boom de l’ISR
L’essor de l’investissement responsable est assez spectaculaire. Partout, des labels ISR fleurissent et les fonds « verts » se multiplient. Désormais, les fonds ISR représentent près de la moitié du marché européen !
Si ces fonds répondent aux attentes de certains investisseurs, en particulier les plus jeunes, le régulateur a aussi donné un bon coup de pouce aux fonds verts. En France, par exemple, les compagnies d’assurances sont désormais obligées de proposer des fonds ISR dans leur contrat d’assurance-vie. Mais ces fonds sont-ils vraiment verts ?
Le greenwashing dans l’investissement responsable
Afficher des valeurs écolos fait vendre. C’est vrai pour les entreprises qui sont fréquemment épinglées pour Greenwashing, comme Volvic et sa bouteille végétale (qui contenait en fait 80% de plastique) ou Burger King, qui vantait sa vaisselle réutilisable dans une publicité alors qu’elle ne faisait que respecter la loi. Mais c’est aussi vrai pour les fonds d’investissement.
Le problème, c’est que beaucoup de fonds ISR et ESG pratiquent une méthode d’investissement qu’on appelle “best in class”. Autrement dit, les fonds d’investissement retiennent les entreprises les plus vertueuses de chaque secteur d’activité, y compris celles qui officient dans l’armement, la production d’énergie, l’aviation, etc.
Par exemple, si on analyse la composition d’un fonds coté en bourse (ETF) comme l’iShares MSCI Europe ESG, on remarque que TotalEnergies est la 11 position du fonds et que celui investi également dans Ferrari et Rolls-Royces. Les épargnants pourraient bien être surpris de l’apprendre.
Comment bien choisir ses investissements responsables ?
La SFDR, une classification efficace
Conscient de quelques déconvenues, la réglementation s’est durcie avec la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation). Celle-ci classe les fonds en trois catégories :
- Article 6 : fonds traditionnels, sans objectif durable.
- Article 8 : fonds promouvant des caractéristiques environnementales ou sociales.
- Article 9 : fonds ayant un objectif d’investissement durable explicite.
La SFDR est bien plus stricte que l’utilisation de simples critères ESG. Par exemple, le fonds iShares précédemment évoqué en exemple est un fonds “Article 8” et non un fonds “Article 9”.
Pour obtenir le coup de tampon “Article 9”, un fonds doit démontrer que sa stratégie contribue de manière substantielle aux objectifs de durabilité de l’UE. Notre recommandation est donc de privilégier ces fonds.
Cependant, réussir à faire sa propre sélection de supports d’investissement en gardant un bon équilibre entre performance et responsabilité n’est pas forcément donné à tout le monde. Les gestions pilotées écoresponsables répondent précisément à ce besoin ; encore faut-il que le travail soit bien fait !
Exemple d’un bon élève : Goodvest, l’assurance-vie responsable
Goodvest commercialise une assurance-vie et un Plan d’Epargne Retraite en ligne. Toutefois, contrairement aux autres acteurs de l’épargne sur internet, Goodvest a pris un double parti : celui de la gestion pilotée et celui de l’investissement responsable.
La promesse de Goodvest est celle d’un placement qui est compatible avec l’Accord de Paris, à savoir un placement qui permet de ne pas induire un réchauffement supérieur à 2 degrés à horizon 2100. Pour tenir leur promesse, les équipes de Goodvest ont mis en place une méthode stricte de sélection de leurs supports d’investissement avec, au programme : exclusion des secteurs néfastes, et analyse de l’empreinte carbone et analyse de l’impact sur la biodiversité. Difficile de faire mieux !
En outre, pas mesure de transparence sur les frais, Goodvest n’utilise que des fonds dits « clean shares », sans rétrocessions. Cela aligne les intérêts des épargnants avec ceux de la jeune pousse.
➡️ Pour en savoir plus sur Goodvest, leur méthodologie et leurs performances, c’est par ici !
Conclusion : l’ISR une bonne solution ?
Alors, l’investissement responsable est-il une solution pour un avenir plus durable ? Toutes choses égales par ailleurs, l’investissement responsable ne peut pas faire de mal !
Un investissement ISR, financera les entreprises les plus vertueuses et poussera les autres à faire plus d’efforts pour trouver des financements. Toutefois, n’allons pas croire que cela résoudra tous les problèmes ! Même les capitalisations boursières les plus respectueuses émettent des gaz à effet de serre ; c’est malheureusement le cas de toutes les activités industrielles. L’entreprise et l’épargnant ont leur part de responsabilité ; le consommateur aussi.
- En savoir plus sur l’accord de Paris
- L’étude d’Oxfam sur l’impact climatique des banques
- En savoir plus sur Goodvest