Définition

Quel sera le prix futurd'un Bordeaux primeur ?
Quel sera le prix futurd’un Bordeaux primeur ?

Un future ou contrat à terme est un contrat standardisé négocié sur un marché organisé permettant de s’assurer ou de s’engager sur un prix pour une quantité déterminée d’un produit donné (le sous-jacent) à une date future. Il existe toute une panoplie de contrats dont les caractéristiques sont prédéterminées en fonction des besoins exprimés par les agents économiques :

  • Le sous-jacent peut être une matière première (commodity) : blé, pétrole, métaux… ou un instrument financier : taux, cours, indice boursier
  • La quantité (dans le cas des commodities) ou le nominal (produits financiers)
  • Le mode de cotation: en pourcentage ou en valeur)
  • La variation minimale du prix (le « tick« )
  • Les échéances
  • Le mode de liquidation : par livraison du sous-jacent (le moins fréquent) ou en cash

Exemple : le Winefex® était un contrat future sur le vin de Bordeaux lancé par Euronext.

  • Le sous-jacent est du vin de Bordeaux primeur choisi parmi des appellations connues voire prestigieuses (Saint-Estèphe, Margaux, …)
  • La quantité d’un contrat est fixée à 5 caisses de 12 bouteilles de 75cl
  • La cotation est exprimée en Euro par bouteille
  • La variation minimale du cours est de 0,1 € par bouteille soit 6 € par contrat
  • Les échéances sont fixées en Novembre, Mars, May, Juillet et Septembre
  • La liquidation du contrat peut se faire par livraison effective du vin par le vendeur ou bien en cash au prix de clôture de l’échéance

Un marché organisé

Les contrats futures se négocient exclusivement sur des marchés officiels et régulés (Matif, Liffe, CBOT, Eurex…). Seuls les membres du marché ont accès à la négociation. La négociation à la criée, autrefois pratiquée sur le CBOT (Chicago Board Of Trade) est pratiquement abandonnée pour la négociation électronique.

Acheteurs et vendeurs peuvent éventuellement se connaître lors de la négociation, ou bien celle-ci peut s’effectuer de façon totalement anonyme. Quoi qu’il en soit, au moment de l’exécution des trades, c’est la chambre de compensation qui vient s’interposer et devient l’acheteur pour tous les vendeurs et le vendeur pour tous les acheteurs.

La chambre de compensation assume donc à la place des participants le risque de contrepartie. Pour ce faire, chaque adhérent doit verser à la chambre un dépôt de garantie à l’exécution de chaque négociation. Ces dépôts de garantie sont réévalués tous les jours en fonction de la valeur de marché des positions détenues par l’adhérent (on dit qu’ils sont « marked to market »).

La différence (cours de compensation du jour – cours de compensation de la veille) > 0 est payée par les vendeurs à la chambre de compensation, qui la reverse aux acheteurs. Ce sont les appels de marge. Les marchés de futures présentent ainsi la particularité que le résultat de chaque trade est calculé et perçu ou payé quotidiennement.

À l’échéance, les contrats sont liquidés comme prévu dans les spécifications, soit par livraison effective du sous-jacent par le vendeur, soit en cash au prix du marché, les vendeurs payant alors aux acheteurs la valeur atteinte par les contrats le jour de la liquidation. Mais les participants ont surtout à tout moment la possibilité de « déboucler » leur position en achetant (ou vendant) la même quantité de contrats vendue (ou achetée) à l’origine, ce qui fait disparaître leur position.

Il est important de noter que le prix des futures suit de près les prix de l’actif sous-jacent. Plus on se rapproche de l’échéance, plus les deux marchés (le marché au comptant et le marché des futures) tendent à converger.

Utilisation des futures

Pour un agent économique qui cherche une protection contre le risque de fluctuation des prix des matières premières ou des indicateurs financiers, les futures permettent de fixer à l’avance le prix de l’actif sous-jacent. Dans l’exemple du « Winefex », cité plus haut, les producteurs de vin, qui veulent se couvrir contre une chute des cours du vin au moment où ils mettront en vente leur production de l’année, pourront donc vendre à terme des contrats. A l’inverse les négociants en vin achèteront à terme des contrats.

Exemple : un producteur de vin de Bordeaux envisage de mettre en vente sa production en novembre de l’année en cours. Il vend donc une quantité appropriée de contrats pour cette échéance. Quel que soit le prix du vin de Bordeaux en Novembre, il a l’assurance de pouvoir vendre sa production au prix négocié lors de la vente des contrats. En contrepartie, il perd la possibilité de profiter d’une hausse éventuelle du cours du vin de Bordeaux.

Les intervenants sur le marché des futures ne sont pas tous à la recherche d’une protection contre les fluctuations des cours. Les spéculateurs viennent, eux, tenter de réaliser des gains en pariant sur l’évolution des cours. S’ils anticipent une baisse des cours, ils vendent des contrats, réalisant ainsi une plus-value en les rachetant moins cher quand l’échéance approche. A l’inverse s’ils anticipent une hausse des cours ils achètent des contrats, ce qui leur permet de les revendre plus cher plus tard.

S’il n’y avait que des « hedgers » (ceux qui utilisent les futures comme instrument de couverture) sur le marché, les vendeurs proposeraient toujours le prix le plus élevé possible, et les acheteurs le plus bas possible. La différence entre le prix moyen offert et le prix moyen demandé (le spread) serait en permanence très importante, et très peu de transactions pourraient se faire. Les spéculateurs intercalent des offres intermédiaires et apportent donc de la liquidité au marché. Pour résumer, pour qu’un hedger puisse se couvrir contre la hausse des cours, il faut qu’il y ait en face de lui un spéculateur qui lui, parie sur la baisse des cours !