Qu’est-ce que la monnaie scripturale ? Définition

La monnaie scripturale est l’argent créé par les banques commerciales, inscrites sur les comptes bancaires de leur client. Elle prend la forme d’une simple écriture comptable représentant le crédit de chaque compte de dépôt vis-à-vis de la banque.

💶 La monnaie scripturale est souvent opposée à la monnaie fiduciaire, prenant la forme de pièces et de billets, dont la gestion et l’émission sont dévolues aux banques centrales. La monnaie scripturale représente plus de 90 % de la masse monétaire en circulation.

Quels sont les principaux moyens de paiement scripturaux ? 

Dès lors que vous ne payez pas en espèce, la grande majorité des transactions que vous effectuez se fait avec de la monnaie scripturale. La plupart des moyens de paiements visent à transmettre un ordre de paiement à votre banque qui débite votre compte pour créditer le compte de la banque du bénéficiaire.

Si vous utilisez ces moyens de paiement, vous faites des paiements en monnaies scripturales :

  • Carte bancaire (90 % des paiements) ;
  • Virement bancaire et prélèvements ;
  • Chèques ;
  • Effets de commerce (lettre de change, billet à ordre…). 
Antoine
Les conseils de Antoine

Pour surfer sur la vague des cryptomonnaies, de plus en plus de banques proposent des cartes bancaires pour payer avec vos cryptos. Mais, l’utilisation de ces cartes consiste in fine en un paiement en monnaie scripturale puisque la banque procède à une conversion automatique de vos cryptos pour créditer le compte du bénéficiaire en monnaie scripturale.

D’où provient la monnaie scripturale ?

La monnaie scripturale est une monnaie émise par les banques commerciales à l’occasion de leur activité de crédit ou lorsqu’elle procède à un échange de devises. 

Elle provient d’un consensus politique penser pour assurer un marché concurrentiel entre banques commerciales, avec une banque centrale indépendante disposant d’un pouvoir d’influence indirect sur la quantité de monnaie scripturale émise.

Histoire de la monnaie scripturale

Initialement, et pendant plusieurs millénaires, la seule monnaie en circulation était physique, c’est-à-dire fiduciaire, prenant généralement la forme de pièces forgées dans des métaux dont l’abondance était limitée. 

Ce n’est que récemment, avec le développement de la bancarisation, l’amélioration des moyens de communication et la nécessité pour les agents économiques de gagner en fluidité dans leur opération de paiement, que la monnaie scripturale s’est imposée comme système comptable de compensation entre débit et crédit.

La monnaie scripturale permet alors d’optimiser les coûts de transaction entre les agents économiques et répondre aux problématiques physiques posées par les monnaies fiduciaires (stockage, transfert, sécurité…).

La règle des crédits faisant les dépôts

Contrairement aux idées reçues, la monnaie scripturale est une monnaie créée ex nihilo (à partir de rien) par les banques commerciales à l’occasion de leur activité de crédit et de change.

En effet, ce ne sont pas les dépôts des agents économiques qui font les crédits, mais bien l’inverse. Dès qu’un agent économique obtient un crédit (immobilier, découvert bancaire, crédit à la consommation…), la banque inscrit la somme du prêt sur le compte du déposant sans débiter le compte d’un autre déposant. 

➡️ À cette occasion, la quantité de monnaie en circulation (masse monétaire) augmente.

Le marché interbancaire et compensation entre établissements bancaires

L’émission et la circulation de monnaie scripturale entre les banques commerciales ne sont pas sans poser de difficultés pour ces dernières. 

Dès lors que les transactions s’effectuent entre deux clients d’une même banque, les compensations se font automatiquement : le compte de l’agent A est débité pour créditer celui de l’agent B. Le bilan de la banque reste inchangé.

Par contre, lorsque deux agents effectuent une transaction sans être de la même banque, la banque de l’agent B devient créditrice à l’égard de la banque de A. Cette dernière doit alors lui fournir de la monnaie centrale pour compenser sa dette scripturale.

La monnaie centrale, réservée aux institutionnels, est émise par la banque centrale dans laquelle chaque banque commerciale dispose d’un compte de dépôt avec un solde obligatoirement positif. 

La circulation et les compensations entre crédit et débit des banques se font alors par le marché interbancaire. Forcément, un taux d’intérêt est pratiqué sur ces dettes, appelé le taux interbancaire qui est généralement similaire au taux de refinancement de la banque centrale (taux auquel la banque prête de la monnaie centrale aux banques commerciales pour notamment s’acquitter de leurs dettes auprès des autres banques commerciales).

Ainsi, plus une banque dispose de clients avant un compte créditeur et moins elle émet de monnaie scripturale, plus elle aura tendance à être en position créditrice sur le marché interbancaire.

Remboursement des crédits et destruction de la monnaie scripturale

La monnaie scripturale est pour ainsi dire une monnaie éphémère puisqu’elle a un cycle de vie limité. En effet, lorsque la banque octroie un crédit, il y a émission de monnaie scripturale. Mais, lorsque le crédit est remboursé (mensualité de remboursement d’un crédit immobilier par exemple), il y a destruction monétaire. La banque efface alors la ligne de crédit du client, la quantité de monnaie en circulation diminue d’autant.

Une banque commerciale peut-elle émettre de la monnaie scripturale à l’infini ?

Les banques commerciales ne peuvent pas émettre de la monnaie scripturale de manière illimitée. D’un point de vue financier, plus elle émet de crédit, plus elle fragilise sa position sur le marché interbancaire tout en augmentant son risque d’insolvabilité en cas de non-remboursement de ses clients.

Par ailleurs, la banque centrale fixe des limites à deux niveaux : 

  • le taux de réserve obligatoire (dans le compte banque centrale dont nous avons parlé précédemment) ;
  • le taux de refinancement, qui influence directement le taux interbancaire, mais aussi le taux auquel les banques commerciales peuvent prêter aux agents économiques pour maintenir une marge positive.

La politique monétaire menée par la banque centrale a donc une influence indirecte mais mécanique sur la création monétaire, laquelle est en pratique, le fait des banques commerciales.

D’autres lois et règlements étatiques encadrent aussi l’émission de crédit. En France, le HCSF (Haut Conseil à la Stabilité Financière) émet des recommandations qui peuvent revêtir un caractère obligatoire. C’est le cas par exemple des règles en matière de taux d’endettement maximum pour les particuliers.

Les réserves obligatoires

La banque centrale impose aux banques commerciales d’avoir en réserve un montant minimum de la totalité des dépôts de leur client. C’est ce qu’on appelle les réserves obligatoires.

Or, comme nous l’avons vu, les crédits font les dépôts. Cela implique que plus une banque octroie de crédits, plus elle devra avoir un volume élevé de réserve obligatoire.

Ce faisant, si le taux de réserve obligatoire est de 10 %, et que la banque émet un crédit de 1 000 euros, elle devra conserver sur le compte banque centrale 10 euros.

Ce taux de réserve obligatoire fixe alors une limite à l’expansion de la monnaie scripturale. 

Le taux de refinancement des banques et le marché interbancaire

Aussi, comme nous l’avons vu, les transactions réalisées entre clients de banques différentes impliquent une compensation entre ces dernières.

Les dettes générées ont un coût pour la banque en position débitrice dont le taux est fixé par la banque centrale. On parle de taux de refinancement. Il sert de taux minimum de référence pour les opérations de crédits et notamment pour le taux pratiqué sur le marché interbancaire.

Pour conserver leur marge lors de l’octroi d’un crédit, les banques doivent donc s’assurer que le spread de taux entre le taux de refinancement et le taux appliqué à leur client est suffisamment élevé pour conserver une marge. Par exemple, si le taux de refinancement est de 3 %, une banque commerciale ne pourra pas raisonnablement proposer des crédits immobiliers à des taux inférieurs (sauf si les agents anticipent une baisse des taux à long terme…). Son bilan se trouverait alors grignoté progressivement par le poids de sa dette à l’égard de la banque centrale et des autres banques commerciales.

Dès lors que le coût de crédit augmente au sein d’une économie, les agents économiques auront une propension plus faible à emprunter. La demande de crédit diminue, la masse monétaire en circulation aussi. Ainsi, par le truchement du taux de refinancement, la banque centrale réussit à limiter l’émission de monnaie scripturale dans l’économie.

Monnaie scripturale VS Monnaie numérique

La démocratisation des cryptomonnaies comme instrument de paiement vient remettre en cause le monopole bancaire en matière d’émission monétaire et d’intermédiaire de paiement. Gérées de manière décentralisée avec, le plus souvent, une masse monétaire finie, les cryptos permettent de contourner le système bancaire classique grâce à un registre décentralisé (blockchain) attestant en temps réel de la position créditrice de chaque compte et la possibilité de réaliser des transferts de cryptos.

Elles constituent désormais une alternative intéressante au monopole bancaire. Mais, leur efficacité et leur utilité demeurent contestées dans les économies modernes. En effet, leur adoption en tant que “monnaie” dans ses composantes essentielles (réserve de valeur, unité de compte, intermédiation des échanges) reste très contestée d’autant que l’écosystème évolue de plus en plus vers de la centralisation (via les plateformes d’échange) laissant penser à un rapprochement avec le système financier traditionnel.

Les banques centrales, dont la BCE, ont pour ambition de créer leur propre monnaie numérique dont la valeur serait garantie par la banque centrale directement (et non par une banque commerciale, comme c’est le cas avec la monnaie scripturale).

À l’instar des billets de banque dont la valeur est garantie par la banque centrale, la monnaie numérique pourrait avoir à terme l’ambition de remplacer les paiements en cash et, ainsi, répondre aux problématiques physiques posées par la monnaie fiduciaire.

Questions fréquentes

Comment est créée la monnaie scripturale ?

La monnaie scripturale est créée à partir de rien par les banques commerciales à l’occasion de leur activité de crédit et d’échange de devises.

La monnaie fiduciaire va-t-elle disparaître au profit de la monnaie scripturale ?

La monnaie fiduciaire est toujours utilisée par les acteurs économiques non bancarisés et constitue une habitude culturelle pour de nombreux pays. Sa disparition n’est pour le moment pas d’actualité, encore moins au profit de la monnaie scripturale.

Toutefois, la création d’une monnaie numérique par les banques centrales pourrait avoir pour effet de remplacer les monnaies fiduciaires à terme.

Quel est le lien entre masse monétaire et monnaie scripturale ?

La monnaie scripturale représente plus de 90 % de la masse monétaire en circulation. L’expansion monétaire décidée par les banques centrales se fait par l’intermédiaire des banques commerciales qui émettent de la monnaie scripturale en octroyant plus de crédit dans l’économie.