Qu’est-ce que l’économie circulaire ? 

Définition globale 

L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et le gaspillage des ressources non renouvelables, et la production des déchets. 

Ce modèle repose sur la création de boucles de valeur positives en abolissant ainsi la notion de « déchets ». 

Il s’agit d’un modèle inspiré du fonctionnement en boucle des écosystèmes naturels. Il s’oppose au modèle standard linéaire (extraire, produire, consommer, jeter) et à l’utilisation sans limites des ressources.

L’économie circulaire est un concept intégrant de multiples déclinaisons pratiques sur le terrain : écologie, industrie, production propre, économie de l’usage (plutôt que de la propriété), économie du partage.

Le concept fut intégré en France dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015. Une feuille de route fut ensuite publiée le 23 avril 2018 avec l’ambition « de porter notre modèle d’économie 100 % circulaire au niveau européen et international ».

Historique et origines de l’économie circulaire

Le concept d’économie circulaire est directement issu des mouvements écologiques des années 70, voulant réinventer une société de consommation jugée « à bout de souffle ». La fin des Trente Glorieuses, l’explosion des prix du pétrole et les premières marées noires incitent les universitaires et économistes proches de cette mouvance à repenser une organisation économique plus verte, débarrassée de sa dépendance aux hydrocarbures.

📕 D’un point de vue théorique, l’économie circulaire trouve ses origines dans deux essais publiés dans les années 1970 : « L’économie régénérative » de John T. Lyle et « L’économie de la performance » de Walter Stahel et Geneviève Reday.

📘 Le terme d’économie circulaire apparaît, lui, officiellement, pour la première fois en 1989 dans un livre sur l’économie de l’environnement de R. Kerry Turner et David William Pearce.

Le premier livre français portant sur l'économie circulaire
Le premier livre français portant sur l’économie circulaire

📙 En France, le premier livre sur l’économie circulaire paraît en 2009 sous le titre : « Économie circulaire : l’urgence écologique » écrit par Jean-Claude Lévy. Il a un fort retentissement médiatique. A tel point qu’il entraine la création d’une mission ministérielle voulue par le ministre du Développement International, Pascal Canfin.

Fonctionnement de l’économie circulaire, et impact 

Les différents mécanismes de l’économie circulaire

L’économie circulaire s’oppose au système de l’économie linéaire qui définit les systèmes de production et de consommation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’économie circulaire est donc une contestation profonde du modèle de consommation et de production de masse ayant assuré la prospérité des grandes économies mondiales depuis des dizaines d’années.

De manière concrète, l’économie circulaire se définit comme un cercle vertueux reposant sur 7 piliers dans les 3 domaines que sont la production, la consommation et la gestion des déchets. 

La production

Dans les façons de produire, plusieurs changements peuvent être apportés pour un fonctionnement plus vertueux.

Tout d’abord, l’approvisionnement durable, qui consiste à prendre en compte les impacts environnementaux et sociaux des ressources.

L’écoconception, ensuite, vise à prendre en compte les impacts environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit, et les intégrer dès sa conception.

Enfin, l’écologie industrielle et territoriale doit créer des synergies entre plusieurs acteurs économiques, notamment en mutualisant les flux de matières premières et d’énergie afin d’optimiser l’utilisation des ressources.

La consommation 

L’économie circulaire repose également sur des changements au niveau du consommateur final.

Celui-ci doit notamment privilégier de plus en plus l’économie de la fonctionnalité. C’est-à-dire privilégier l’usage à la possession, et donc acheter un service plutôt qu’un bien.

Lorsqu’il achète néanmoins un bien, l’individu doit s’orienter plus vers une consommation responsable, par exemple en favorisant les produits locaux, ou fabriqués à partir de matières recyclées.

Le consommateur peut également agir en allongeant sa durée d’usage des produits. Par exemple il peut avoir recours à la réparation, aux achats d’occasion ou réaliser un don lorsqu’il n’a plus besoin du produit.

Les sites d’achat et de vente d’occasion ont connu une forte expansion, qu’ils soient généralistes comme leboncoin, ou spécialisés dans les vêtements comme Vinted.

La gestion des déchets

Cet aspect est également primordial, et concerne là encore aussi bien les entreprises que les consommateurs. En améliorant la gestion et le recyclage des déchets, il est possible de réinjecter et réutiliser un maximum de matières issues des déchets dans le cycle économique.

L’impact réel de l’économie circulaire au niveau national et européen 

Au niveau national

Le Grenelle de l’Environnement a marqué en 2008 la volonté de donner une consistance au pilier économique du développement durable en introduisant les notions d’économie « verte », « d’usage » ou « de fonctionnalité ».

Par la suite, 12 mesures concernant l’économie circulaire sont intégrées en 2013 à la feuille de route pour la transition écologique. Cela aboutira par la suite à la publication du premier décret d’application sur l’économie circulaire en 2015.

Au niveau législatif, des sanctions ont également été mises en place, comme une peine de deux ans d’emprisonnement et 300 000 € d’amende pour les délits concernant l’obsolescence programmée.

En 2021, le Conseil national de l’économie circulaire (CNEC) est créé. Cette instance administrative consultative, placée auprès du ministère de la Transition Ecologique, a pour but de renforcer la gouvernance nationale et le pilotage de l’économie circulaire en France. Elle a une mission à la fois législative, technique et de conseil auprès des collectivités territoriales.

Pour illustrer son rôle, le CNEC participa de manière active à la promulgation de la loi « Climat et Résilience » du 22 août 2021 portant sur la lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience .

Selon différentes études, l’économie circulaire en France représente :

  • 600 000 emplois, avec plus de 200 000 équivalents temps plein.
  • Taux de recyclage : 85% pour le carton, 65% pour le verre et le métal, 20-25% pour le bois et le plastique.
  • Le réemploi / la réutilisation des biens à hauteur de 940Kt (environ 15Kg par habitant et par an), soit 10% des 9.3Mt de biens arrivant en fin de vie chaque année.

Au niveau européen

En 2015, l’Europe lance son premier plan d’action en faveur d’une économie circulaire.

Dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, le 30 mars 2022, la Commission européenne a publié un paquet législatif sur l’économie circulaire. Celui-ci propose des initiatives visant à promouvoir des modèles d’entreprise circulaires et à donner aux consommateurs les moyens d’agir en faveur de la transition écologique.

Un ensemble de règlements tend à promouvoir l’économie circulaire au niveau européen afin de modifier les fondements de l’appareil productif, tout en intégrant les principes de la croissance verte et durable. Ces mesures concernent :

  • L’écoconception pour des produits durables
  • Les textiles durables et circulaires
  • Les produits de la construction
  • La protection des consommateurs
  • La restructuration de la filière automobile

Au niveau européen, les objectifs de l’économie circulaire sont :

  • Un taux de recyclage de 70% en 2030
  • 900 milliards d’euros d’économie en matières premières d’ici 2030, soit près de 380 milliards par an.
  • 1800 milliards d’euros de bénéfices d’ici 2030
  • Création de 800 000 emplois en Europe d’ici 2030

Des exemples concrets dans l’économie 

De nombreuses entreprises se sont emparées du concept d’économie circulaire pour proposer des solutions et des modèles commerciaux efficaces et pérennes.

✅ De PME aux Firmes MultiNationales (FMN), l’économie circulaire pénètre l’appareil productif français en créant des pratiques vertueuses, tant sur les économies d’énergie que sur les opportunités commerciales.

Start-ups et PME

En France, l’entreprise La Brosserie Française utilise des déchets d’autres industries plastiques, ainsi que les coquilles Saint Jacques concassées des restaurateurs locaux pour fabriquer les manches de ses brosses à dents.

La marque 1083 propose également un jean entièrement recyclé à partir d’anciens jeans usagés. Les clients paient une consigne leur permettant d’acquérir le jean suivant à un prix réduit.

Page d'accueil de la startup Phenix, acteur de l'économie circulaire via la lutte contre le gaspillage
Page d’accueil de la startup Phenix, acteur de l’économie circulaire via la lutte contre le gaspillage

Autre exemple, la startup Phenix qui œuvre à la réduction des déchets alimentaires. Elle a mis en place 3 canaux qui permettent de sauver de la poubelle des tonnes de déchets alimentaires, tout en valorisant une consommation responsable et en faisant des économies en matière de pouvoir d’achat pour le consommateur.

Plusieurs fintechs se sont également lancées avec le développement durable au cœur de leur concept.  Nous vous présentons quelques unes d’entres elles, comme Helios ou OnlyOne dans notre article sur les banques vertes, éthiques et écologiques.

Firmes multinationales (FMN) 

Depuis 2017, 33 grandes entreprises se sont engagées en faveur de l’économie circulaire. Leurs objectifs ne relèvent pas d’une adhésion naïve à ce concept mais de la prise de conscience des véritables opportunités commerciales et économiques offertes par une réorientation vers ces enjeux :

  • Une stratégie de différenciation permettant de se démarquer auprès du consommateur plus responsable.
  • Une optimisation de l’appareil productif, notamment en matière d’économie d’énergie.
  • De nouveaux marchés, ainsi que de nouveaux produits. 
  • Booster l’innovation et l’efficacité des salariés.

En 2017, le Crédit Agricole a recyclé plus de 16,5 tonnes de cartes bancaires et récupéré 1 kilogramme de métaux précieux (notamment de l’or). La banque française travaille par ailleurs à l’écoconception de ces moyens de paiement à l’aide d’un polymère de synthèse qui remplacerait le plastique.

Depuis plusieurs années, La Fnac a déployé un nouveau logo qui indique l’impact environnemental de ses téléviseurs, tablettes, PC et smartphones en magasin et sur Internet. Cet affichage permet aux clients de comparer les produits et de faire un choix plus éclairé.

Le cimentier LafargeHolcim entend quant à lui multiplier par quatre son offre de granulats recyclés d’ici 2030, avec un objectif de 26 millions de tonnes. À Avignon, le groupe a récupéré les déblais de chantier de la nouvelle ligne de tramway et les a recyclés en granulats qui ont servi à la construction des voies.

PSA (Peugeot Citroën) construit des voitures avec 30 % de matériaux verts. Cela représente environ 490 000 pièces de rechange rénovées par an. 

Enjeux d’avenir de l’économie circulaire

Si l’économie circulaire commence à intégrer les processus de production des entreprises, elle occupe néanmoins encore une place limitée dans la création de richesse au niveau national.

Plusieurs enjeux d’avenir apparaissent pour favoriser l’émergence de cette économie alternative. 

Améliorer la résilience

La mise en place de démarches d’économie circulaire a pour vocation à renforcer la résilience du territoire, en limitant sa dépendance aux flux de ressources entrants, afin d’optimiser l’utilisation de l’énergie au profit de l’économie locale.

Renforcer l’attractivité du territoire

L’économie circulaire est génératrice d’innovation au niveau territoriale, tant par le remodelage de l’organisation et de la gouvernance locales, que par la promotion de nouvelles filières et d’activités non délocalisables. Le décloisonnement des industries locales et la mise en place de partenariats industriels renforcent l’attractivité du territoire, en attirant de nouveaux acteurs industriels innovants.

Créer des emplois locaux

La mutation des secteurs économiques traditionnels vers l’économie circulaire favorise la création de sites industriels tournés vers l’écologie et l’arrivée de nouveaux acteurs économiques, vecteurs d'emplois locaux non-délocalisables.

Créer du lien social

L’économie circulaire met à l’honneur de nouvelles pratiques sociales d’entraide et de co-production, pouvant fédérer les citoyens locaux autour des problématiques socio-environnementales du territoire.

Concrétiser le développement durable

L’économie circulaire constitue une réponse opérationnelle aux enjeux du développement durable.  La mise en place de circuits courts et la promotion des filières locales engendrent des bénéfices environnementaux importants. Des mesures concrètes sont prises, comme l’interdiction progressive des plastiques à usage unique.

L’économie circulaire, à votre échelle

En tant que consommateur 

Le concept d’économie circulaire fait écho à celui de consommation responsable. En effet, le citoyen consommateur est invité à effectuer son choix en prenant en compte les impacts environnementaux à toutes les étapes du cycle de vie du produit (biens ou services). 

Plus largement, la consommation responsable inclut, au-delà du processus d’achat, l’utilisation qui est faite du produit jusqu’à sa fin de vie. De fait, dans l’économie circulaire, le consommateur s’appuie sur des critères autres que purement économiques pour effectuer ses choix lors du processus d’achat.

Les considérations sanitaires s’ajoutent d’ailleurs souvent aux motivations d’ordre éthique. Le développement des circuits courts est souvent porté par la volonté des consommateurs de mieux connaître l’origine de leurs produits.

Les systèmes de notation sur internet peuvent d’ailleurs aiguiller le choix du consommateur vers des produits avec des critères écologiques ou éthiques.

Par exemple, la lutte contre le gaspillage alimentaire est un combat de plus en plus populaire auprès du consommateur responsable. Des entreprises, des acteurs économiques et associatifs se saisissent aujourd’hui de cette problématique, en collaborant notamment pour réduire le volume des invendus. 

En tant qu’épargnant

Tout comme le consommateur, l’épargnant peut devenir un investisseur citoyen en privilégiant les placements responsables.

« Investir responsable », c’est placer son épargne sur certains produits financiers, répondant à des critères de développement durables. Ceux-ci peuvent prendre la forme classique par exemple d’actions et ou d’obligations d’entreprises.

L’investissement responsable, sous l’égide de labels (ex. label ISR) et de certifications, permet aujourd’hui de s’aiguiller vers des projets de placements durables, à la fois utiles à la société et à l’environnement. Vous pouvez y retrouver aussi bien des assurances-vie ISR que des SCPI ISR.

Cependant, « investir responsable » ne signifie pas renoncer à une espérance de rentabilité. L’objectif est de réussir à concilier rendement, maitrise des risques, stabilité financière et objectifs environnementaux, sociaux ou éthiques.

Pour évaluer les entreprises et construire leurs fonds d’investissement durable, les sociétés de gestion d’actifs utilisent les critères internationaux d’évaluations extra-financières ESG :

  • Environnemental : prise en compte des émissions de gaz à effet de serre, protection de la biodiversité…
  • Social : prévention des accidents, droit du travail, dialogue social…
  • Gouvernance : diversité, parité du conseil d’administration…

L’épargnant responsable peut donc se tourner vers des fonds ISR (Investissements Socialement Responsables) qui garantissent une utilisation responsable des capitaux vers des projets répondant à ces critères ESG

Depuis 2020, face à l’urgence climatique, les investissements qui se disent socialement responsables connaissent une croissance de 32% par an. L’investissement à impact a sans doute un bel avenir devant lui.

  • https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031044385
  • https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Conf%C3%A9rence_environnementale_TBFRTE_201310.pdf
  • https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043956924
  • https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A52015DC0614

Questions fréquentes

L’économie circulaire est-elle antagoniste ou complémentaire de l’économie linéaire ?

De manière théorique, l’économie circulaire trouve son origine dans une volonté de contestation du modèle de croissance économique classique. En effet, l’économie circulaire a comme objectif inavoué de changer les structures mentales des acteurs de l’offre et la demande, et donc de modifier l’organisation économique héritée de la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Dans les faits, l’économie circulaire apparaît plus comme un élément de modernisation de l’économie linéaire en offrant des opportunités d’efficacité (baisse de la consommation énergétique, innovations, inclusion …).

L’économie circulaire peut-elle être une chance de développement pour les pays pauvres ?

Les pays pauvres, ou communément appelés pays en voie de développement, se caractérisent généralement par un tissu industriel, financier et économique fragile. De plus, ces territoires sont marqués par des problèmes structurels en matière d’approvisionnement des ressources énergétiques et de gestion des déchets.
La mise en place d’une économie circulaire peut offrir l’opportunité de construire un modèle de développement plus efficace, et plus résilient aux aléas de la conjoncture économique mondiale. En effet, l’économie circulaire peut permettre de générer une croissance endogène et plus pérenne.

Quelle est la différence entre Développement durable et économie circulaire ?

Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Il s’agit donc d’un concept théorique, presque abstrait, qui tend à définir une nouvelle philosophie économique, c’est-à-dire un nouveau mode de consommation et de production.
L’économie circulaire est une déclinaison opérationnelle des principes fondateurs du développement durable. La concrétisation des nouvelles boucles de valeur promues par l’économie circulaire vise en effet à répondre à l’ensemble des problématiques sociales, économiques et environnementales du développement durable.