Le Produit Intérieur Brut (PIB) est au cœur des discussions en économie. C’est en effet un indicateur central, qui permet de rendre compte de « l’état de santé » de l’économie à un moment donné.

Qu’il s’agisse de discours de politiques ou d’articles de presse, il est régulièrement question du « produit intérieur brut » du pays, et de son taux de croissance. Celui-ci s’élevait en 2022 à 2,5% en France selon l’INSEE, ce qui donne une valeur du PIB égale à 2 639 milliards d’euros. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Comment le PIB est-il mesuré ?

Qu’est-ce que le PIB ? A quoi sert cet indicateur ?

Définition du Produit Intérieur Brut (PIB)

De façon assez simple, le produit intérieur brut correspond à l’ensemble des richesses produites sur un territoire donné (le plus souvent un pays, parfois un groupe de pays) au cours d’une période donnée (en général une année).

Dans un premier temps, on peut dire concrètement qu’il correspond à la quantité de biens et de services produites sur une année, par exemple en France. Si le PIB augmente, alors c’est que cette quantité de biens et de services augmente : on parle de croissance économique.

Le PIB permet de rendre compte de la richesse d’un pays. Pour les économistes, le bien-être d’un individu est fonction de la quantité de biens et de services qu’il peut se procurer. Dès lors, la prospérité d’une nation dépend de cette quantité de biens et de services, produits dans son économie. Le PIB par habitant, qui s’obtient en divisant le montant du PIB par le nombre d’habitants, donne un aperçu de la richesse des individus qui résident dans le pays. 

Le PIB est également un indicateur économique central en ce qu’il permet de comparer les pays entre eux. En effet, des normes statistiques internationales rendent cette grandeur comparable au niveau international. Dès lors, il est fréquemment utilisé pour faire des comparaisons entre les pays, et ainsi savoir quelles sont les économies « dynamiques », c’est-à-dire en croissance, et celles dont le PIB stagne. Par ailleurs, il joue un rôle dans la mesure d’autres indicateurs, comme la dette et le déficit publics, qui sont toujours rapportés au niveau du PIB (on dira par exemple « En France en 2022, le déficit public s’élevait à 4,7% du PIB »).

Classement des pays par PIB

Comme dit précédemment, le PIB permet de comparer les pays entre eux. Pour vous donner une idée des ordres de grandeur, voici le classement des 10 premiers pays dans le monde en fonction du PIB.

PaysPIB 2022 (en Mds $)Croissance du PIB (2022 vs. 2021)
Etats-Unis25 462+2,1%
Chine17 963+3,0%
Japon4 231+1,0%
Allemagne4 072+1,8%
Inde3 385+7,0%
Royaume-Uni3 071+4,1%
France2 783+2,6%
Canada2 141+3,4%
Italie2 010+3,7M
Brésil1 920+2,9%
Source : données Banque Mondiale

Les Etats-Unis restent, de loin, la première puissance économique mondiale, suivis par la Chine et le Japon.

L’Allemagne est la première puissance économique européenne, et pointe à la 4ème place au niveau mondial.

Comment est-il mesuré ?

Il existe plusieurs méthodes qui permettent de calculer le PIB. Ces méthodes, issues de la comptabilité nationale, sont extrêmement complexes. Nous en présentons ici les grandes lignes. Il existe trois manières de mesurer le PIB, qui débouchent sur une même valeur mais permettent à chaque fois d’analyser la production (et donc l’économie) sous des angles différents.

Calcul du PIB : l’approche par la production

La première façon de mesurer le PIB est ce que l’on appelle « approche par la production ». L’idée est de faire la somme de l’ensemble des valeurs ajoutées de toutes les unités productives du PIB. La valeur ajoutée correspond à la différence entre le chiffre d’affaires (en fait le prix de vente d’un bien ou d’un service) et les consommations intermédiaires. Ces dernières correspondent à tout ce qui est détruit ou transformé dans le processus de production, comme les matières premières ou les consommables divers.

Prenons un exemple. Supposons que je produise des bâtonnets de glace, en utilisant de la crème, du chocolat, un morceau de bois, et de l’électricité nécessaire au fonctionnement des machines qui les produisent. Si, pour chaque unité produit, la somme de ces consommations intermédiaires vaut 0,60€, et que je vends chaque bâtonnet au prix unitaire de 2€, alors la valeur ajoutée par bâtonnet est de 2-0,6 = 1,4€.

Entre les matières premières et le produit final, il y a eu une création de valeur économique (le produit finit vaut davantage que les produits utilisés pour le produire). A l’échelle de l’ensemble de l’économie, la somme de toutes ces valeurs ajoutées nous donne le PIB. Si j’ai dans mon pays 10 entreprises qui produisent chacune 15 bâtonnets par an dans ces conditions, alors la valeur du PIB de mon pays sera 10*15*1,4 = 210€.

Calcul du PIB : l’approche par les revenus

La seconde façon de mesurer le PIB est ce que l’on appelle « approche par les revenus ». L’idée est ici de regarder les revenus générés par les agents économiques au cours de leurs activités et d’en faire la somme.

On prend en compte la rémunération des salariés (pour les ménages), l’excédent brut d’exploitation des entreprises, ainsi que les impôts sur la production et les importations (pour les administrations publiques). On en déduit les subventions versées par les pouvoirs publics à certaines entreprises.

Calcul du PIB : l’approche par la demande

La troisième façon correspond à ce que l’on appelle « approche par la demande ». Elle donne la répartition de l’utilisation de la richesse créée : soit dans la consommation, soit dans l’investissement, soit dans la constitution de stocks, soit dans les échanges avec l’étranger (importations et exportations).

Cette approche est d’une grande aide pour les pouvoirs publics car elle permet de cibler les politiques économiques conjoncturelles : soutien à la demande globale (consommation et investissement), dévaluation monétaire, etc.

Quelles sont les sources d’une augmentation du PIB, c’est-à-dire de la croissance économique ?

Si la richesse d’un pays peut être approximée par la quantité de biens et de services produits dans son économie, alors il est essentiel pour les pouvoirs publics de comprendre les sources de son augmentation. L’approche par la demande que nous venons de voir permet de voir quelles sont ses composantes qui contribuent à la croissance économique : consommation, investissement, solde extérieur, etc.

C’est ce que l’on peut voir dans le graphique ci-dessous, qui présente les contributions à la croissance du PIB française pour chaque trimestre en 2021 et en 2022 : 

Ainsi, au troisième trimestre de 2021, la contribution de la consommation à la croissance du PIB a été très importante (3,5 points). Il s’agissait de la reprise forte de la consommation suite au covid 19. Précisions que la contribution d’une composante peut être négative, en ce qu’elle ampute l’augmentation du PIB. C’est par exemple le cas pour le commerce extérieur au quatrième trimestre de 2021 (concrètement nous avons importé plus que nous n’avons exporté).

Les économistes ont également montré que le progrès technique, soit l’application au processus de production d’innovations technologiques, est l’explication principale de la croissance du PIB sur le long terme. Il permet en effet de produire plus efficacement (grâce à des machines et des technologies de production plus efficaces). De plus sa diffusion dans l’économie génère un processus de croissance auto-entretenue, puisque les agents économiques se saisissent des nouvelles technologies et les améliorent. On parle de croissance endogène : elle permet d’expliquer l’augmentation du PIB sur une longue période.

La création du moteur thermique, l’apparition d’Internet ou dernièrement l’avènement de l’Intelligence Artificielle sont ainsi vus comme des innovations ayant contribué ou contribuant à l’augmentation du PIB.

Pourquoi l’utilisation du PIB est parfois remise en cause ?

Le PIB est un indicateur qui n’est toutefois pas sans présenter un certain nombre de limites : 

  • Il prend mal en compte la production non marchande des administrations. Comme cette production est offerte gratuitement (par exemple une école publique) ou à un tarif non significatif (comme le prix payé pour une année à l’université) aux ménages, il est impossible de mesurer sa valeur ajoutée correctement. On estime que la production non marchande représente 20 à 30% du PIB
  • Le niveau du PIB ne dit rien sur la répartition de cette richesse. Des niveaux identiques de PIB par habitant peuvent cacher des niveaux d’inégalités économiques très différents
  • Le PIB est un indicateur purement comptable qui ne prend pas en compte le bien-être des habitants du pays, ainsi qu’aucune donnée environnementale. Il ne tient pas compte des dommages causés à l’environnement, comme l’épuisement des ressources naturelles.

Des indicateurs alternatifs au Produit Intérieur Brut ?

Afin d’enrichir la notion de PIB, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a développé en 1990 un nouvel indicateur : l’Indice de Développement Humain (IDH). Cet indicateur comprend, pour chaque pays, le PIB par habitant, mais également des indicateurs sociaux : le niveau d’alphabétisation, ainsi que l’espérance de vie à la naissance. En combinant ces indicateurs, on obtient un indice compris entre 0 et 1. Plus cet indice se rapproche de 1, plus le pays est considéré comme développé et offrant un bon niveau de vie à ses habitants.

L’IDH est donc basé sur le PIB mais permet d’y inclure des objectifs en matière de santé et d’éducation. Il va donc au-delà de la simple mesure de la valeur économique. Il rebat les cartes lorsque l’on fait des comparaisons internationales. Les pays qui ont les niveaux de PIB par habitant les plus élevés ne sont pas forcément ceux avec les IDH les plus élevés. L’IDH est un indicateur très utilisé par les institutions internationales, afin de promouvoir le développement économique et social.

Plus radicalement encore, le Bhoutan a promu dès 2008 l’utilisation d’un autre indicateur, le Bonheur Intérieur Brut (BIB). Les dirigeants ont jugé que l’indicateur à utiliser pour mesurer la richesse d’un pays devait prendre en compte le bien-être des individus, et ne pas faire la promotion d’un croissance sans limite de la production, dans un contexte d’épuisement des ressources naturelles et de dérèglement climatique. Le BIB vise à promouvoir un développement économique et social équitable, la sauvegarde de l’environnement, ainsi qu’une bonne gouvernance.

  • INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/6795343#:~:text=En%20moyenne%20sur%20l’ann%C3%A9e,en%20sortie%20de%20crise%20sanitaire