Que sont les BRICS?
L’acronyme BRICS désigne les initiales des pays suivants : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Il a été utilisé pour la première fois en 2001 par Jim O’Neill, ancien économiste en chef de la banque américaine Goldman Sachs dans une forme plus restreinte (BRIC), avant que l’Afrique du Sud ne rejoigne le groupe en 2011.
En effet, dans un rapport de la banque américaine, intitulé « Building Better Global Economic BRICs », O’Neill prédisait un chamboulement de la scène économique mondiale, où l’économie mondiale serait stimulée et guidée par la croissance des économies des BRIC. Jusqu’à stipuler en 2003 qu’à l’horizon 2050, le PIB des BRIC dépasserait celui des six premières économies mondiales de l’époque (USA, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France).
En 2022 le PIB de la Chine atteint presque 18 000 milliards de dollars, faisant de l’Empire du Milieu la 2ème puissance économique mondiale, derrière les Etats-Unis, et largement devant le Japon.
Ensuite, ce groupement de pays a pris encore plus de sens en 2011, quand les pays concernés se sont retrouvés pour la première fois dans une conférence diplomatique spécifique, avec un sommet annuel ayant pour but d’asseoir leur influence économique et politique face aux autres “coalitions” déjà existantes.
Comment se structurent les économies des BRICS ?
Quelques caractéristiques communes aux pays des BRICS
Les pays initialement identifiés par le rapport de Goldman Sachs (BRIC) ont des caractéristiques macroéconomiques en commun :
- Démographiquement : grandes populations, avec une émergence d’une classe moyenne de plus en plus grande.
- Géographiquement : vastes surfaces dotées de ressources naturelles significatives (minéraux, énergie, terres agricoles, etc.)
- Économiquement : Une croissance rapide, en profitant d’une insertion de plus en plus importante dans les chaînes de valeur mondiales. Ces pays ont profité de la spécialisation dans le secteur tertiaire des pays avancés pour se créer des expertises industrielles, qui, dans un contexte d’essor de l’export, leurs ont permis de booster leurs croissances.
Principaux traits des différents pays des BRICS
De plus, ces pays disposent, individuellement, de caractéristiques qui peuvent être complémentaires :
- Le Brésil : L’économie brésilienne se construit sur la base d’un territoire vaste et riche. Le Brésil dispose de ressources naturelles diversifiées, dont énergétiques, et de récoltes agricoles conséquentes (ex. canne à sucre, café, soja). L’industrie brésilienne est assez diversifiée, entre industrie lourde (voitures, avions) et industrie agroalimentaire. Le Brésil est aussi le 2ème producteur mondial de cellulose, composant essentiel à la fabrication du papier.
- La Russie : L’économie russe est très dépendante des richesses naturelles de son territoire. La Russie est le second producteur mondial de gaz naturel et le troisième de pétrole. Elle dispose également de stocks importants de métaux (ex. platine, nickel et terres rares, matières premières importantes pour les produits technologiques, dont les batteries). Sa grande surface lui permet aussi d’être parmi les principaux producteurs de céréales à l’échelle mondiale. Son industrie quant à elle est surtout orientée vers les secteurs militaires et spatial.
- L’Inde : L’Inde dispose d’une économie assez diversifiée en termes de secteurs économiques. Si la majorité de sa population exerce dans le secteur agricole, elle peut aussi compter sur son industrie minière (le fer), le textile et quelques industries lourdes. L’Inde est aussi connue pour sa spécialisation dans les services, notamment en informatique. Pays le plus peuplé de la Terre, devant la Chine, l’Inde pointe en 2022 à la 5ème place en terme de Produit Intérieur Brut (PIB), juste devant la France.
- La Chine : La particularité de l’économie chinoise demeure dans le fait que l’industrie y tient une part majoritaire. La Chine est actuellement le leader mondial de l’industrie lourde et de la production manufacturière. En plus de cela, elle dispose de ressources minières très importantes, y compris des minerais rares. Enfin, autre atout conséquent, la Chine est aussi un marché de quasiment un milliard et demi de consommateurs, au pouvoir d’achat toujours grandissant.
D’autre part, l’Afrique du Sud, qui a rejoint le groupe en 2011 comme représentant du continent Africain, ne partage pas toutes les caractéristiques macroéconomiques des autres pays. Mais son appartenance au groupe a une forte signification en termes de symbolique politique.
En août 2023, les pays des BRICS doivent se retrouver pour leur 15ème sommet, malgré un mandat d’arrêt en cours contre Vladimir Poutine suite à la guerre en Ukraine.
Le développement économique des BRICS
Les pays des BRICS ont effectivement connu depuis plusieurs années une croissance économique rapide, qui dépasse celle des pays avancés. Selon la Banque Mondiale, les taux de croissance annuel moyen entre 2000 et 2020 était de 13,3 % pour la Chine, 9,1% pour la Russie, 9% pour l’Inde et et 4% pour le Brésil. Le PIB par habitant de ces pays a connu aussi une croissance du même ordre de grandeur.
Néanmoins, les pays des BRICS ne se sont pas appuyés sur les mêmes moteurs de croissance. La Chine s’est appuyée sur une politique économique d’ouverture (progressive) et de libéralisme économique, initié dès la fin des années 1970. Ensuite son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001 lui a ouvert les portes du marché mondial des produits manufacturés, faisant d’elle l’usine du monde. L’Inde s’est concentrée sur les services, notamment en informatique, qui représentent environ 55% de son PIB. Le Brésil et la Russie, de leur côté, ont profité de leurs ressources naturelles. Notamment le gaz pour la Russie.
Au début des années 2020, les pays des BRICS abritent 42% de la population mondiale pour 31% du PIB mondial.
Classement | Pays | PIB 2022 (en milliards de $) |
---|---|---|
1 | États-Unis | 25 463 |
2 | Chine | 17 963 |
3 | Japon | 4 231 |
4 | Allemagne | 4 072 |
5 | Inde | 3 385 |
6 | Royaume-Uni | 3 071 |
7 | France | 2 783 |
8 | Russie | 2 240 |
9 | Canada | 2 140 |
10 | Italie | 2 010 |
11 | Brésil | 1 920 |
12 | Australie | 1 675 |
Par ailleurs, l’Afrique du sud est classée 38ème avec un PIB de 406 milliards de dollars.
Quelles difficultés rencontrent les BRICS ?
Des similitudes économiques, mais pas d’unité politique
L’union et la coopération des pays des BRICS connaissent des défis divers, notamment dus à l’hétérogénéité des pays constituants ce groupe. En plus des différences économiques et démographiques déjà cités, des divergences politiques s’ajoutent.
En effet, les systèmes politiques de ces pays sont différents, entre la Chine et la Russie qui sont gouvernés depuis des années par des régimes autoritaires, tandis que le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde sont plutôt considérés comme des démocraties par les pays occidentaux.
D’ailleurs ces divergences se manifestent parfois lors de votes dans les instances internationales. Par exemple, dans le cadre du conflit avec l’Ukraine, le Brésil a voté pour les sanctions contre la Russie (tout en ne les appliquant pas et en entretenant des relations normales avec la Russie). D’autre part, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud se sont abstenus de voter.
Des différences de taille
D’un point de vue démographique, les pays des BRICS se divisent en deux groupes avec des caractéristiques radicalement différentes.
D’une part, la Chine et l’Inde, avec leurs vastes territoires et leurs grandes populations qui n’ont cessé de croitre. La Chine est passée d’1,340 milliards d’habitants à 1,426 milliard entre 2010 et 2022, tandis que l’Inde est passée d’1,195 milliards à 1,406 milliards sur la même période. D’ailleurs, la croissance démographique de l’Inde demeure énorme à 1% compte tenu de sa population. A l’inverse, suite aux effets de la politique de l’enfant unique, la Chine a réussi à ralentir sa croissance démographique, qui est tombée à 0,1% en 2022.
D’autre part, le Brésil, l’Afrique du Sud et la Russie ont des populations beaucoup moins nombreuses (respectivement 214, 60 et 143 millions en 2022) avec des taux de croissance respectifs de 0,7 %, 1,2% et -0,4 %. Ainsi, la Russie connait un déclin démographique qui est problématique au vu de son très vaste territoire, avec des endroits désertés, surtout à l’extrême ouest.
Des niveaux d’inégalités variés
Si les pays des BRICS peuvent impressionner par leur croissance économique, ils présentent un niveau d’inégalités nettement supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE. De surcroit, hormis pour le Brésil qui a réussi relativement à les maitriser, ces disparités se sont accentuées de manière proportionnelle à la croissance de ces pays. Donc même si le seuil de pauvreté de ces pays a pu s’améliorer, tous les soucis ne se sont pas volatilisés pour autant.
- Brésil : Élève modèle parmi les BRICS malgré son histoire fortement inégalitaire, le pays a réalisé une croissance concomitamment à une baisse des inégalités. Les politiques sociales de redistribution, d’augmentation des salaires, des prestations de chômage ont permis au Brésil de fortement réduire les inégalités. Cela fut rendu possible grâce à un contexte très favorable à l’essor de cette économie, notamment grâce à ses ressources naturelles et terres fertiles (produits agroalimentaires et miniers).
- Russie : l’économie Russe, au vu de son histoire communiste, avait une économie relativement faible mais moins inégalitaire que celle d’autres pays occidentaux. Ensuite, ces inégalités se sont creusées, notamment lors de la période d’ouverture du pays à l’économie de marché. Ainsi, le gouvernement russe essaye de remédier à ce problème depuis les années 2000 via des mesures de protection sociales qui sont de plus en plus prioritaires, mais dont l’efficacité reste confrontée à des problématiques plus structurelles, notamment l’économie principalement basée sur l’export de matières premières.
- Inde : La situation de l’Inde n’est pas différente des autres pays des BRICS puisque les inégalités salariales se sont creusées au fur et à mesure de son ouverture et de son développement économique, malgré un recul de la pauvreté. Par ailleurs, l’économie informelle représente 80% du marché de l’emploi, rendant compliqué le calcul d’indicateurs. Le pays a encore du retard par rapport aux autres pays des BRICS sur les politiques sociales (retraites, assurance maladie). S’ajoute à ceci une disparité territoriale et sectorielle due à des politiques publiques inégalitaires.
- Chine : La Chine a connu depuis son essor économique une diminution considérable de la pauvreté, notamment liée à l’augmentation des salaires due à la transformation de l’économie chinoise d’une économie de la manufacture à une économie de l’innovation. L’industrie chinoise, forte de l’expertise développée et des savoir-faire acquis avec les années, a élargi sa position dans les chaines de valeurs mondiales à des positions permettant de capturer une part plus grande de la valeur ajoutée. Cette baisse de la pauvreté a conduit à l’essor de certaines régions, tandis que d’autres sont restées à la traîne. Ceci a creusé un écart entre les régions, et entre les zones urbaines et rurales. Pour diminuer ces inégalités, des politiques de développement régional ont été lancées, ainsi qu’un système de sécurité sociale.
- Afrique du sud : Le pays a hérité d’un système profondément inégalitaire de l’époque de l’apartheid. Si des politiques publiques de redistribution et des programmes d’accompagnement à destination des populations défavorisées ont été lancés, le pays demeure parmi les plus inégalitaires du monde. Cependant le pays continue depuis le début des années 2000 d’intensifier ses politiques de redistribution, de sécurité sociale et de promotion et création d’emplois pour lutter contre cette situation.
Des pays « relativement » peu endettés
Concernant la dette des BRICS, les situations de ces pays sont assez disparates, comme le montre le tableau suivant (chiffres 2022) :
Pays | Dette en % du PIB |
---|---|
Brésil | 93,01 % |
Inde | 89,18 % |
Chine | 68,06 % |
Afrique du Sud | 68,98 % |
Russie | 16,99 % |
Néanmoins, la moyenne pour les pays de l’OCDE étant de 117 %, le niveau d’endettement des BRICS peut être considéré comme assez modéré. Mais il ne faut pas oublier que ces pays ne disposent pas de monnaies fortes comme le dollar américain ou l’euro, et donc on ne peut pas comparer leur niveau de dette à celui des Etats-Unis ou de l’Allemagne.
Comment investir dans l’économie des BRICS ?
Sachez qu’il est possible d’investir dans l’économie des BRICS à travers des fonds dédiés. Si les rendements de ces fonds peuvent être intéressants en termes de rentabilité, ils sont évidemment également risqués. Les fluctuations des cours de ces fonds sont généralement d’amplitudes plus importantes par rapport aux fonds investissant dans des pays avancés.
Ce type de fonds vous permet en tant qu’investisseur d’avoir accès aux économies des BRICS, et de profiter de la croissance de cette zone. Avec une sélection de titres en provenance de ces différents pays, touchant principalement les domaines où ces pays sont avantagés, à savoir : les matières premières, l’informatique et les services aux industriels.
Il est aussi possible d’investir sur des indices qui concernent certains de ces pays comme le CHN50 qui regroupe les 50 plus grosses capitalisations boursières de Shanghai et Shenzen. Ou l’indice Bovespa, l’indice phare de la bourse de Sao Paulo par exemple.
Parmi ces fonds et indices on peut également citer :
- Templeton BRIC Fund : qui investit dans des titres des BRIC, principalement dans les secteurs des banques, de l’industrie des semi-conducteurs et de la distribution. Ce fonds lancé en 2005 est par exemple accessible avec l’assurance-vie de Sicavonline.
- iShares BRIC 50 UCITS ETF : un indice de BlackRock qui réplique la performance d’un indice qui rassemble les 50 sociétés les plus grandes des BRIC. Cet indice est par exemple disponible chez le courtier en ligne IG (et vous retrouverez mon avis sur IG ici).
- https://www.goldmansachs.com/intelligence/archive/building-better.html
- https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD?locations=CN