Un cycle économique désigne une période de temps caractérisée par une phase de croissance, de déclin puis de reprise. Ils se caractérisent par leur ampleur (l’écart entre le pic et le creux du cycle) et leur durée (le temps moyen qui s’écoule entre deux pics ou deux creux).

Les cycles économiques, en supposant qu’ils existent réellement, trouvent leur origine dans la sphère réelle et la sphère monétaire.

Les problèmes économiques qu’ils entraînent (chômage, inflation, déficit extérieur, etc.) expliquent pourquoi la plupart des Etats développés interviennent dans l’objectif d’en limiter les conséquences. Toutefois, ils interviennent souvent à rebours et limitent leurs actions à des politiques de reprises.

Les cycles de l’économie « réelle »

Les cycles réels sont des fluctuations de l’activité économique marquées par une succession régulière des phases d’expansion et de déclin, dont l’origine se situe dans la sphère réelle (production, consommation, investissement, etc.)

Les cycles économiques de court et moyen terme

Les cycles Kitchin

Les cycles Kitchin sont liés aux mouvements logistiques des entreprises, qui accumulent des stocks lors de certaines périodes favorables et déstockent le reste du temps. L’accumulation initiale peut s’expliquer par le faible coût de certaines matières premières lors de périodes propices, comme la forte réduction du prix du pétrole en 2020, ou l’existence de périodes creuses de l’année dans certains secteurs économiques. Ainsi les entreprises de fabrication de jouets ont tendance à accumuler les stocks durant les mois précédant les fêtes avant de déstocker en période haute.

Les cycles Juglar

Les cycles Juglar sont caractérisés par des fluctuations s’étendant sur moins d’une décennie. Ils s’expliquent par l’alternance de phases d’investissement et désinvestissement des entreprises. Ces cycles sont intimement liés à la disponibilité du crédit puisque celui-ci constitue la première source de financement des entreprises. Lors de la phase ascendante, les entreprises s’endettent, l’économie entame une période de croissance marquée par une augmentation des quantités produites et une réduction du chômage. Puis la crise survient, du fait des anticipations trop optimistes des investisseurs qui ont surdimensionné leur appareil productif ; la stagnation s’accompagne d’une augmentation des stocks et des taux d’intérêt à cause de la perte de confiance des banques. La troisième phase est celle de la liquidation, qui voit disparaître une partie des entreprises qui ne parviennent pas à résister au retournement de tendance. Le cycle redémarre lorsque le tissu économique est assaini, c’est-à-dire qu’il ne reste que les agents économiques dont le taux d’endettement est soutenable.

L’esprit animal keynésien

Une question qui se pose est celle de la synchronicité des décisions d’investissement : puisqu’en théorie il s’agit de décisions individuelles, il n’y a aucune raison apparente pour que ces décisions conduisent à l’émergence de cycles. La Loi des grands nombres devrait au contraire impliquer un lissage de la dynamique de croissance : quand certaines entreprises investissent, d’autres désinvestissent, etc.

Keynes apporte une possible réponse en décrivant ce qu’il appelle « esprit animal » des entrepreneurs. Cet esprit est moutonnier et intuitif. Intuitif car les entrepreneurs déterminent leur niveau de production en fonction de ce qu’ils pensent que devrait être le niveau de la demande pour les périodes à venir. Moutonnier car la crainte de se tromper les conduit à s’observer les uns les autres pour se rassurer. Ainsi lorsqu’une première vague d’entrepreneurs décide d’investir, ils sont rapidement rejoints par d’autres entrepreneurs moutonniers ce qui amplifie la vague d’investissements.

Les cycles d’investissement ont tendance à présenter un profil asymétrique : l’économie connaît une accélération rapide au début du cycle puisque l’investissement augmente de concert l’offre et la demande. En revanche une fois celui-ci réalisé il s’écoule plusieurs années de déclin relatif avant qu’un nouvel investissement soit nécessaire.

Une autre explication d’une telle synchronisation est à trouver dans la politique monétaire (voir plus bas).

A lire : tout savoir sur les politiques keynesiennes.

Les cycles longs

Les cycles d’innovation de type Schumpeter-Kondratiev

Dans “Les cycles des affaires” Joseph Schumpeter fait de l’innovation le cœur de la machine capitaliste, et l’entrepreneur la figure centrale de cette machine. Schumpeter distingue deux types d’entrepreneurs : les innovateurs et les imitateurs.

À l’origine du cycle, un entrepreneur innovateur, « pionnier involontaire de la révolution sociale et politique », introduit dans le système une innovation fondamentale, que l’on qualifierait aujourd’hui de « disruptive ». Il est ensuite rejoint par une génération d’entrepreneurs imitateurs, qui portent des innovations incrémentales (secondaires). Cette vague d’entrepreneurs permet de développer les marchés ce qui favorise l’expansion du cycle économique. L’innovation se diffuse progressivement jusqu’à donner son plein potentiel. Puis le rythme s’essouffle et l’économie entame sa phase de déclin, jusqu’à la prochaine innovation fondamentale.

La durée de ces cycles est estimée à 50 ans environ. Cette analyse se rapproche ainsi de celle de Kondratiev, en URSS, qui notait en même temps l’existence de tels cycles, en trouvant leur origine dans les vagues d’investissement publics dans les grandes infrastructures de transport et de communication.

Les cycles monétaires

Les cycles de Minsky

Minsky analyse les cycles économiques à travers le rôle du crédit et le comportement maximisateur des banques. Selon cet économiste, l’objectif premier des banques est de maximiser leur profit, ce qui les conduit à augmenter constamment le volume des crédits qu’elles accordent.

Minsky définit par ailleurs trois profils d’emprunteurs : 

  • les hedge, qui remboursent leurs crédits grâce à leurs revenus ; 
  • les speculative, qui remboursent leurs intérêts mais réempruntent pour rembourser le capital, 
  • et les Ponzi, qui se réendettent pour rembourser le capital et les intérêts de leur emprunt précédent.

À l’origine du cycle, les banques prêtent aux agents hedge. L’économie se développe, les agents prennent confiance, les marchés financiers sont orientés à la hausse. Ceci attire la catégorie des speculative, auxquels les banques prêtent pour développer leur activité.

L’arrivée des speculative accélère la progression des indicateurs économiques et financiers. Restent les Ponzi, que les banques incitent à s’endetter pour profiter des plus-values promises par le marché.

Cependant le flot de nouveaux emprunteurs se tarit : plus rien n’alimente la hausse des cours, et certains agents effectuent une prise de bénéfice qui oriente les cours à la baisse. La confiance diminue, les agents les plus endettés revendent au plus vite leurs actifs en pensant éviter de potentielles moins-values et faire face à des besoins de liquidité Mais la propagation rapide de la panique conduit à l’effet inverse. C’est le “moment Minsky”

Les agents surendettés font faillite ce qui fragilise l’ensemble du système bancaire, financier et économique. L’économie ne redémarre qu’une fois assainie, lorsque les institutions ont apuré leur perte. Le mécanisme décrit par Minsky a été très bien illustré par la crise des subprimes, en 2008.

La manipulation du taux d’intérêt selon l’Ecole autrichienne

Les économistes de l’école autrichienne pointent du doigt en premier lieu la responsabilité des autorités monétaires. Dans l’analyse libérale, le niveau du taux d’intérêt doit être fixé librement par la rencontre de l’offre et la demande. La demande de crédit, nécessaire pour financer les investissements, doit rencontrer l’offre de fonds prêtables (l’épargne), dont le niveau dépend de la plus ou moins grande préférence pour le présent des individus.

Ce taux, appelé « taux naturel », doit équilibrer l’épargne et l’investissement et réguler naturellement l’endettement des agents.

Mais l’existence de la Banque Centrale casse ce système naturel. En déterminant elle-même le taux d’intérêt directeur, dont dépendent les autres taux d’intérêt, en fonction d’objectifs qui lui sont propres, l’intervention des autorités monétaires favorise la succession de périodes d’expansion (lorsque le taux est fixé à un niveau bas) et de contractions, lorsque la hausse de l’inflation rend nécessaire une rapide élévation du taux d’intérêt.

Les phénomènes observés lors de la crise de 2008 puis de la crise sanitaire semblent donner une nouvelle justification à ces thèses rejetées par les économistes interventionnistes.