Qu’est-ce que l’Étalon OR ?

L’étalon-or est un système monétaire dans lequel l’unité de mesure de la monnaie s’exprime en quantité d’or. Ce système ancestral a pris fin avec les accords de Jamaïque, en 1971.

Le principe général de l’étalon-or est de faire reposer la valeur de la monnaie sur la quantité d’or détenue en stock par les banques centrales émettrices. La monnaie émise par les Banques Centrales est ainsi gagée sur une certaine quantité d’or, pour une parité fixe. Toute émission de monnaie doit avoir pour contrepartie de l’or gardé en stock, et la convertibilité inverse (de la monnaie contre de l’or) doit être permise à chaque instant.

Les parités internationales des monnaies dépendent de leur valeur respective exprimée en or, et reposent sur une libre circulation de l’or, qui prend le statut de monnaie internationale. 

Si le système semble avoir été définitivement abandonné, le retour de l’inflation depuis 2021 à cause de la surimpression des principales monnaies mondiales, ainsi que le développement des monnaies numériques, nous permet de nous interroger sur l’actualité de ce concept moins obsolète qu’il n’y paraît.

Les trois fonctions de la monnaie

Rappelons qu’Aristote définissait 3 fonctions de la monnaie :

  • La fonction d’intermédiaire dans les échanges, selon laquelle la monnaie sert avant tout à acquérir des biens et des services dans le cadre d’une économie de marché ;
  • La fonction d’unité de compte, qui permettent à la monnaie d’exprimer l’ensemble des prix des biens et des services produits et vendus dans une même monnaie ;
  • La fonction de réserve de valeur, qui permettent au détenteur de la monnaie de transférer son pouvoir d’achat à travers le temps grâce à la simple détention d’une certaine quantité de monnaie.

Le système de l’étalon-or s’inscrit comme une garantie de la troisième fonction. En étant gagée sur une certaine quantité d’or, la monnaie émise, qu’elle soit physique sous forme de pièces et de billets ou immatérielle dans le cadre du crédit, doit voir sa valeur conservée grâce à la certitude de ces détenteurs de pouvoir l’échanger à volonté contre une certaine quantité d’or détenue par la banque émettrice de cette monnaie.

Le système de l’étalon-or pour lutter contre la dépréciation tendancielle de la monnaie

Si votre arrière-grand-père avait placé 1 000 francs dans un tiroir, et votre grand-père, une demi-once d’or dans un autre, que resterait-il aujourd’hui ? Simple : une demi-once d’or et quelques bouts de papier.

« D’Or et de papier », Benoît Malbranque, Les Belles Lettres, 2014

Le principe de l’étalon-or, lorsqu’il est respecté, conduit à faire peser une contrainte forte sur l’émission de monnaie de la part des autorités monétaires. En effet pour pouvoir garantir la convertibilité, la Banque centrale ne peut émettre davantage de monnaie (et les banques commerciales davantage de crédits) qu’elles n’en possèdent en stock.

Si une trop grande quantité de monnaie est émise, la convertibilité ne peut plus être assurée à 100%, ce qui signifie que si à un instant donné 100% des clients souhaiter reprendre leur Or en contrepartie de leur monnaie le système bancaire serait incapable de faire face à cette demande.

Un tel système monétaire a fonctionné entre 1870 et 1914, bien qu’une date officielle de début du système ne puisse être définie avec précision puisque l’adoption de l’or dans un cadre de monométallisme ne s’est imposée que progressivement selon les pays. En 1873, il a été adopté par les États-Unis et par l’Union monétaire latine (Belgique, Italie, Suisse, France, Grèce).

L’un des principaux intérêts du système de l’étalon-or, au-delà du fait qu’il a tendance à stabiliser la valeur de la monnaie donc le système de prix, stabilise également le système de changé international sans qu’il ne soit besoin d’interventions récurrentes des banques centrales : en limitant les émissions monétaires des principales banques centrales, l’étalon-or permet un développement des échanges dans un cadre de parité monétaire assez peu fluctuantes.

Dans les faits, les autorités monétaires sont tentées d’émettre davantage de monnaie que ce qu’elles en ont en stock, en profitant d’un simple constat statistique : pour simplifier, si seulement 10% des détenteurs de monnaie demande en même temps-là convertibilité inverse (récupérer de l’or), alors les autorités bancaires peuvent émettre jusqu’à 10 fois plus de billets qu’elles n’ont d’or en stock sans risquer de crise de convertibilité, qui sape la confiance des agents.

La fin du premier système de l’étalon-or et les tentatives de rétablissement de l’entre-deux guerres

Ce premier système prend fin progressivement, à mesure que les besoins de financement des États pour préparer l’effort de guerre de ce qui deviendra la Première Guerre mondiale augmentent, ce qui pousse les États à recourir à la planche à billets pour financer leur déficit. La convertibilité ne peut plus être assurée ce qui met fin de fait au système.

Plusieurs tentatives seront menées pour rétablir le système de l’étalon-or entre les 2 guerres. Ainsi en 1925 le Royaume-Uni décidé de le rétablir pour la livre sterling afin de redonner confiance aux agents économiques dans cette monnaie. Il sera rétabli en France en 1928.

Mais la crise de 1929, et le réarmement durant les années précédant la seconde guerre mondiale, ne permettent pas de retrouver la stabilité du premier système de l’étalon-or. Les opposants au système de l’étalon-or prennent d’ailleurs appui sur la crise de 1929 en expliquant que c’est la volonté de respecter cette convertibilité par la Banque centrale américaine qui empêchera celle-ci de mener une politique monétaire expansionniste, dont la mise en place aurait pu limiter les effets de la crise économique.

Le rétablissement du système de l’étalon-or avec le système de Bretton Woods

A la fin de la 2nde guerre mondiale, les principaux États vainqueurs se réunissent pour discuter du rétablissement d’un système monétaire international permettant de garantir la stabilité des monnaies et de favoriser les échanges commerciaux. Plusieurs plans sont en concurrence, notamment le plan Keynes, qui milite pour la fin définitive de l’étalon-or, et le plan White, qui est favorable à un retour partiel au système précédent, mais chapeauté par deux institutions internationales, un fonds de stabilisation construit sur les dépôts des États membres (le futur FMI) et une banque de reconstruction (La Banque Mondiale).

Ce système est caractérisé par une prédominance internationale du dollar, qui devient la seule monnaie officiellement convertible en or, pour une parité de 35$ l’once. Les autres monnaies telles que la Livre, le Franc, etc. deviennent des monnaies de seconde catégorie, et doivent d’abord être converties en dollars à leur tour convertis en or.

La fin de Bretton Woods et de l’étalon-or

Comme dans le cas des précédents systèmes, c’est la trop grande émission de monnaie qui met progressivement fin à Bretton Woods. L’internationalisation du dollar, qui s’accompagne de celles des échanges commerciaux et des investissements massifs de l’économie américaine dans la plupart des continents, rend la convertibilité de plus en plus théorique.

Le président Nixon acte la fin du système de Bretton Woods en 1971. À partir de cette date, l’or devient un actif comme les autres, qu’il est possible d’acheter contre de la monnaie, mais sans que cette convertibilité ne soit automatiquement assurée.

Les monnaies électroniques, nouvel étalon-or ?

La création et le développement international des cryptomonnaies, à partir de 2008, s’inscrit dans une longue tradition de méfiance vis-à-vis des autorités monétaires publiques, accusées de profiter de la facilité d’émission, qui n’a plus besoin d’être gagée sur l’or, ce qui conduit à une surimpression monétaire cause d’effondrement de la valeur des monnaies et d’inflation.

En pariant sur des algorithmes dont l’une des caractéristiques est de fixer à jamais la quantité maximale d’unités monétaires en circulation, les partisans des cryptomonnaies (et surtout du Bitcoin) font le pari d’une transition progressive d’un système de monnaie publique vers un système de monnaies privées en concurrence, comme ce que préconisait l’économiste Friedrich Hayek, pour redonner aux agents économiques de la confiance à long terme et les protéger contre un épisode d’hyperinflation qui pourrait survenir par suite d’une trop grande impression monétaire à l’échelle internationale.

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