David Ricardo (1772 – 1823) est un économiste britannique qui a joué un rôle important dans le développement de la théorie économique.

Il a écrit plusieurs ouvrages fondamentaux, dont son œuvre majeure Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), dans laquelle il mène une réflexion autour de la valeur des biens et défend le libre-échange qu’il considère comme créateur de valeur pour tous les participants.

Parmi ses travaux qui ont marqué la science économique, il y a notamment sa théorie de la rente, ses réflexions sur la dépense publique, ou encore sa théorie des avantages comparatifs.

Ricardo est considéré comme l’un des principaux fondateurs de l’économie politique classique et son travail a eu une grande influence sur les économistes ultérieurs, notamment Karl Marx et John Maynard Keynes.

La théorie de la rente

Ricardo, s’inscrit dans la continuité des classiques dits « pessimistes » et considère que le revenu national se partage entre :

  1. Le profit des entreprises, contrepartie des investissements réalisés ;
  2. Le salaire des ouvriers, qui suit la logique de la loi d’airain (les salaires correspondent au minimum de subsistance, directement indexé sur le prix du pain) ;
  3. La rente.

La rente constitue, d’après David Ricardo, une catégorie de revenus qui n’est pas la contrepartie de l’activité productive. Elle représente en quelque sorte un revenu d’aubaine.

Nous pouvons illustrer cela en prenant l’exemple d’une rivière sur les rivages de laquelle des agriculteurs s’installent pour cultiver du blé : supposons que les terres les plus fertiles (exploitées en premier) permettent de produire une certaine quantité de blé pour un coût de production de 2€, vendue 3€. Le profit atteint 1€.

À mesure que la population augmente, de nouvelles terres doivent être exploitées plus loin de la rivière. Supposons que pour produire la même quantité, le coût de production s’élève désormais à 4€ ; pour préserver leur rentabilité, les agriculteurs vendent cette quantité 5€. Que constate-t-on ?

  • D’une part le prix du blé s’élève, ce qui implique l’augmentation des salaires de subsistance.
  • D’autre part, les premiers agriculteurs, ceux qui possèdent les terres les plus fertiles, dégagent désormais un revenu de 5€ – 2€ = 3€, composé de 1€ de profit et de 2€ de rente.

Dans cet exemple nous comprenons que plus la population augmente, plus le niveau des rentes augmentent. On remarque aussi que le taux de profit qui était initialement de 33%, passe à 20%. C’est ce que Ricardo nomme la « loi de décroissance du taux de profit ».

Toutefois, deux limites principales sont venues invalider, en partie, cette conclusion :

  • D’une part Ricardo suppose la stabilité du produit national, ce qui n’est pas la cas dans un monde en forte croissance tel que nous le connaissons depuis la révolution industrielle.
  • D’autre part, Ricardo ne tient pas compte du progrès technique, qui permet de contourner le problème des rendements décroissants qui sous-tend sa théorie.

Dans les faits, alors que la population mondiale a été multipliée par près de 7 depuis la fin du XIX siècle, le taux de profit des entreprises ne s’est pas effondré. Seuls certains secteurs économiques spécifiques, qui connaissent des tensions du côté de l’offre, peuvent être sujets durant une période plus ou moins longue au phénomène de rente. On peut penser, par exemple, au cas des énergies fossiles ou à l’immobilier.

Le théorème d’équivalence

Lorsqu’un État est en situation de déficit public, celui-ci peut le financer de deux manières principales :

  1. En augmentant les impôts.
  2. En empruntant sur les marchés financiers via un emprunt obligataire.

En théorie, la seconde solution est plus efficace à court terme : ne pas augmenter les impôts permet de ne pas s’opposer à l’effet de relance économique positif induit par la hausse des dépenses publiques. Par ailleurs, l’emprunt est censé pouvoir être remboursé grâce au surplus de recettes fiscales engendré par l’effet positif de la dépense sur la croissance économique.

David Ricardo s’oppose à cette distinction en montrant que les agents sont capables d’anticipation. En particulier, l’observation historique des conséquences des décisions de dépenses publiques montre que l’augmentation des recettes fiscales à la suite du plan de relance est rarement suffisante pour couvrir les dépenses de remboursement des emprunts. L’État est alors amené, tôt ou tard, à augmenter les recettes fiscales pour couvrir son besoin de financement. L’histoire des finances publiques nous montre que la grande majorité des guerres depuis le Moyen-Âge qui représentaient alors la source majeure d’augmentation des besoins de financement de l’État, impliquaient en définitive une augmentation des divers impôts et taxes pour éviter les défauts de paiement.

D’après Ricardo, il est donc équivalent entre financer un déficit public par emprunt, ou par une augmentation d’impôts, puisque celle-ci aura lieu quoi qu’il en soit.

Cette idée a été reprise et complétée au XXe siècle par l’économiste Robert Barro, qui a défini le théorème d’équivalence Barro-Ricardien, selon lequel les plans de relance publique sont d’une efficacité modérée quelle que soit leur méthode de financement. En effet le mécanisme d’anticipation Ricardien conduit les ménages à réduire leurs dépenses de consommation, afin d’être capable de faire face à une hausse prochaine des prélèvements obligatoires. De fait, cela conduit à un effet d’éviction partiel de la dépense privée par de la dépense publique, qui amoindrit l’efficacité de la relance économique.

On pourrait aussi ajouter que les dépenses publiques excédentaires ont rarement les bénéfices escomptés sur les recettes futures. Or, lorsque l’État se voit obligé de rembourser la dette contractée, il est obligé de mettre en œuvre des politiques d’austérité dont les conséquences sont récessionnistes.

Ricardo, s’il avait vécu XXe siècle, se serait donc fortement opposé à la mise en place de politiques keynésiennes.

La théorie des avantages comparatifs

La théorie des avantages comparatifs s’inscrit dans la continuité de la théorie des avantages absolus d’Adam Smith, dont l’objectif était d’expliquer l’existence d’échanges internationaux. Smith met en scène deux pays, qui produisent chacun deux biens, à partir d’un facteur de production (le travail). Dans son énoncé, chaque pays possède un avantage absolu par rapport à l’autre dans la production d’un et un seul bien. Cet avantage s’entend comme un coût de production plus faible pour un des biens par rapport à l’autre pays, tandis que l’avantage est pour l’autre pays dans l’autre bien.

Dans cet exemple simple, Smith montre par le calcul que chaque pays a intérêt à se spécialiser intégralement dans la production du bien pour lequel il possède l’avantage. En revanche, dans le cas où l’un des pays serait avantagé pour les deux biens, Smith conclut que l’échange est impossible.

L’apport de Ricardo s’effectue précisément sur ce dernier point. David Ricardo montre que même dans cette configuration chaque pays a un intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel il possède le plus grand avantage ou le plus petit désavantage. La théorie des avantages comparatifs conduit, en effet, à comparer les avantages de chacun des pays ; sauf cas particulier, le pays qui est désavantagé dans la production des 2 biens et moins désavantagée dans la production de l’un des biens ; il a donc intérêt à se spécialiser intégralement dans la production de celui-ci et à exporter ses excédents en échange des excédents de l’autre pays qui se sera spécialisé intégralement dans la production de l’autre bien.

➡️ La conclusion intéressante de cette théorie et de montrer que dans le cadre du commerce international, tous les pays ont un intérêt à participer aux échanges, quel que soit leur niveau de développement initial.

C’est pourquoi David Ricardo a milité pour l’abolition des corn laws, qui étaient des taxes protectionnistes qui s’appliquait sur le blé venu des autres pays du Commonwealth. Ricardo expliquait que cette taxe ne permettait pas une libre circulation efficace des biens à l’échelle mondiale et qu’une libéralisation de ce commerce devait permettre une réduction du prix du blé. L’avantage attendu était de repousser, à défaut de pouvoir l’empêcher, la réduction tendancielle du taux de profit en réduisant les rentes.