Charles Ponzi est un des noms les plus sulfureux de l’histoire de la finance du XXe siècle. Ce modeste immigré Italien mit au point une gigantesque arnaque dans les années 20, devenue depuis, indémodable. Son escroquerie dite “pyramidale” garantissait aux investisseurs 50 % d’intérêts en un mois et demi. Difficile de faire placement plus rentable ! L’affaire était alléchante et le système de Ponzi en ordre de marche. Ce mécanisme aussi astucieux que frauduleux a été recyclé par un grand nombre d’arnaqueurs. En 2008, un certain Bernard Madoff a été arrêté après avoir conçu une pyramide de Ponzi de 65 milliards de dollars ! L’élève a dépassé le maître.

Charles Ponzi
M. Ponzi en personne.

L’organisation de la pyramide de Ponzi

Une pyramide de Ponzi suit toujours le même schéma de base ; à savoir, rémunérer les premiers investisseurs avec l’argent des derniers arrivants.

Ce montage permet aux investisseurs de générer des profits rapides en fonction du nombre de nouveaux arrivants. Comme dans une dramaturgie grecque, l’arnaque se révèle au grand jour lorsqu’il n’y a plus assez de new cash pour irriguer les rouages de la pyramide. Ne serais-ce que parce qu’il y a un nombre limité de personne sur Terre, cela ne manque jamais d’arriver tôt ou tard.

La pyramide de Ponzi est un montage frauduleux qui promet aux investisseurs des taux de rendement séduisants avec un risque faible. 

Exemple pratique de pyramide de Ponzi

Imaginons une « placement » pyramidal qui promette 100% de gain en une année.

  • vous versez 100 euros ;
  • parallèlement, il faut convaincre deux nouveaux investisseurs ;
  • avec l’argent apporté par les nouveaux investisseurs (200 euros), vous pouvez récupérer votre capital et vos intérêts ;
  • et ainsi de suite.

Dans ce système, il faut trouver deux fois plus de victimes chaque année. En voici une illustration schématique :

Système de Ponzi en forme de pyramide.
Schéma du système de Ponzi : en vert, les investisseurs gagnant, en rouge les investisseurs perdant.

En règle générale, le système de Ponzi passe sous les radars tant que les clients sont au rendez-vous… et en nombre. Pendant la phase d’accumulation, tout est au vert jusqu’à ce que le système s’effondre, inévitablement.

Notez que tous les investisseurs ne perdent pas forcément leurs fonds, ce sont les nouveaux entrants qui sont les victimes du système de Ponzi.

Comment reconnaître une pyramide de Ponzi?

Voici 4 signes qui trahissent un schéma pyramidal de type Ponzi.

1 – Des taux de rendement trop alléchants

En matière d’investissement comme en amour, la mariée est souvent trop belle. Quand c’est trop beau pour être vrai, mieux vaut vérifier le pédigree de la société financière en amont. Des promesses de rendements trop élevés par rapport à ce que distribue le marché en général doit éveiller votre méfiance. La vie financière n’échappe pas au bon sens paysan. 

2 – Un business model « secret » 

Ce qui est sain s’énonce clairement. En d’autres termes, si vous ne comprenez pas parfaitement le montage proposé, fuyez le véhicule financier qu’on vous propose.

Bien souvent les systèmes pyramidales reposent sur des « recettes secrètes » connue du seul gérant.. trop facile !

3 – On vous fait participer au système

La plupart des sociétés financières fondées sur un système de Ponzi vous demanderont, pour pérenniser au maximum leur système frauduleux, de convaincre de nouveaux « investisseurs » qui devront à leur tour investir les mêmes montants. C’est sans doute la caractéristique la plus ostensible pour détecter une arnaque pyramidale. 

Chaque membre devient ainsi un rouage du système en convaincant d’autres d’en faire autant ! Ainsi, les « membres » deviennent des « parrains » qui ont l’obligation de recruter des « filleuls » et ainsi de suite. Ce sont les ventes dites “boules de neige”. 

4 – Un investissement a priori sans risque…

Tout investissement implique un risque. En gestion de patrimoine, d’aucuns savent qu’une belle rentabilité dépend d’un risque proportionnel. Fuyez tout placement financier qui vous promet une rentabilité exceptionnelle sans aucun risque. Ce n’est tout simplement pas possible !

Aujourd’hui, un placement sans risque ne permet pas d’obtenir un rendement très supérieur à 2%.

D’autres points peuvent également vous alerter :

  • des difficultés à retirer votre argent ;
  • un manque de transparence de la société financière ;
  • des frais d’entrée importants (lesquels serviront à rémunérer le haut de la pyramide).

L’affaire Madoff, l’arnaque du siècle

Comme dans la mode, rien de nouveau dans le monde de l’arnaque financière. Tout se recycle. C’est ce qu’à dû penser Bernard Madoff dit ‘Bernie’ lorsqu’il était encore à la tête du NASDAQ. 

Dès 2008, sa société avait engrangé pas moins de 17 milliards de dollars sous gestion. La société de Bernard Madoff avait pour mission d’investir son abondante collecte dans des titres financiers divers et variés. Le gourou de Wall Street, ami des stars, promettait 10% de rendement à tous ses clients. 

En 2008, les marchés financiers explosent et mettent à jour le système Madoff. Les investisseurs découvrent, comme après le reflux d’une marée, que l’argent investi n’a servi qu’à payer les intérêts…des anciens investisseurs. L’argent est bel est bien parti en fumée. Une pyramide de Ponzi dans toute sa splendeur !

Et si Madoff a pu tenir si longtemps, c’est qu’il ne s’est pas montré trop gourmand. Avec 10% par an, le rendement de son placement n’est pas très supérieur à ce que vous pouvez gagner en bourse honnêtement.

Les cryptomonnaies, une pyramide de Ponzi ?

Les cryptomonnaies : une pyramide de Ponzi ?

Les cryptomonnaies sont parfois décrites comme un vaste système de Ponzi. L’analogie est la suivante : les cryptomonnaies n’étant pas créatrices de valeur, seule l’arrivée de nouveaux investisseurs (ou de nouveaux flux financiers) permet d’entretenir le prix de ces devises virtuelle à la hausse.

Les premiers acheteurs peuvent donc de dégager des plus-values sur le dos des derniers arrivés.

Néanmoins, la comparaison s’arrête là puisque les cryptomonnaies ne prennent pas la forme d’un système pyramidal, avec un organisateurs à sa tête. D’ailleurs, des reproches similaires pourraient être formulés à l’égard d’autres systèmes, comme celui du marché de l’art.

Vente pyramidale vs Pyramide de Ponzi

Qu’il est bon de faire un réunion entre amies en achetant quelques boites en plastique estampillées Tupperware tout en dégustant un délicieux gâteau conçu justement dans l’une de ces boîtes. 

Tupperware c’est l’alpha et l’oméga de la vente Multi Level Marketing ( MLM), c’est-à-dire, un système de vente par pallier.

Tout a commencé lorsqu’un certain Earl Tupper mit au point le polyéthylène. Il eut l’idée géniale d’utiliser ce plastique pour conserver les aliments grâce à une étanchéité parfaite se ses boîtes. 

Pour populariser sa trouvaille, il mit sur pied un réseau de démonstratrices. Il s’agissait de façonner un système de vente basé sur les réunions à domicile couplé à un système de parrainage. Ainsi la marque de fabrique de Tupperware avait pour concept le marketing de réseau.

Tupperware est un modèle de vente pyramidal car il fait appel à plusieurs niveaux. Néanmoins, le système Tupperware n’a rien à voir avec la vente pyramidale de type Madoff.  Ici, il existe bien des produits  à vendre et des services tangibles. C’est un modèle Win-Win. Ce n’est donc pas une escroquerie dans laquelle des individus s’enrichissent au détriment d’autres personnes. C’est néanmoins un système encadré par la loi. 

In fine, n’oubliez pas que les pyramides de Ponzi sont légion et sévissent dans les quatre coins du monde. Du Canada avec l’affaire Breitkreuz qui mit à jour une affaire frauduleuse de crédits estimée à plus de vingt millions de dollars jusqu’à la Corée du Sud qui a subi récemment une fraude de 30 millions de dollars portant sur des cryptomonnaies, le schéma de Ponzi, a encore de beaux jours devant lui!

La vente pyramidale dans la loi

L’article L121-15 du Code de la Consommation encadre les ventes pyramidal. Il interdit tout système dit « de boule de neige ». Le non-respect de de la loi est, selon l’article L132-19, sanctionné pénalement d’une amende maximale de 300 000 euros et/ou d’un emprisonnement de deux ans.