La ruée vers l’or noir commence en 1860 et s’amplifie avec l’essor de l’automobile en 1900. C’est en toute logique que la la demande pour le pétrole va se faire de plus en plus pressante à travers le monde dans les décennies qui suivront. Au début, tout va pour le mieux,avec un prix du baril stagnant pendant de longues années à 3 dollars. Toutefois, le début des années 70 va marquer le pas : le prix du pétrole va plus de doubler. C’est le premier choc pétrolier. Les économies occidentales, devenues “addict” au précieux combustible à la fin des Trente Glorieuses, en feront les frais.
Depuis, plusieurs chocs pétroliers sont venu rappeler au monde que le pétrole n’était pas une énergie que l’on pouvait extraire à l’infinie.
L’or noir, l’enjeu du vingtième siècle
Un choc pétrolier se caractérise par une hausse spectaculaire du prix du baril. Cela a des répercussions négatives et directes sur l’économie mondiale. Dans l’histoire récente, les historiens s’accordent principalement sur deux chocs pétroliers qui ont marqué la fin du XXe siècle :
- celui de 1973, le premier choc pétrolier ;
- et celui de 1979, le second choc pétrolier.
Mais certains économistes mettent en avant un troisième choc pétrolier plus latent qui aurait eu lieu en 2007 et 2008 à la veille de la crise des subprimes.
Depuis plus d’un siècle, l’or noir est l’alpha et l’oméga de la croissance économique mondiale. Le précieux combustible est utilisé à “toutes les sauces” : carburants, lubrifiants industriels, plastique, engrais, etc.
Cette dépendance au pétrole entraîne de facto une forte sensibilité de l’économie à son prix. L’impact s’avère d’autant plus important qu’il n’existe pas encore de ressources énergétiques de substitution à court-terme. Même si les éoliennes ont le vent en poupe à Paris (et un peu moins dans les campagnes) et que l’Allemagne a décidé de “charbonner” son économie, le secteur du transport reste encore fortement tributaire du pétrole.
Le choc pétrolier de 1973
La forte croissance des pays industrialisés fait accroître mécaniquement. la demande pour les hydrocarbures. Plusieurs raisons expliquent l’origine du choc pétrolier de 1973.
Le pic de production aux Etats-Unis
Lors de son passage devant le congrès américain, l’ambassadeur James Akins, chargé par le gouvernement d’évaluer les réserves américaines en pétrole, démontre que le pays n’a plus la capacité d’augmenter sa production.
En effet, la demande domestique en énergie a désormais largement dépassé l’approvisionnement disponible. En d’autres termes, la production intérieure de pétrole ne sera jamais plus capable de suivre la demande.
Pour la première fois dans l’histoire, la production de pétrole semble atteindre une limite géologique. Alors que les États-Unis sont les premiers producteurs de pétrole dans le monde, leur capacité de production décroît.
Il faudra attendre l’exploitation des pétroles de schiste, 40 ans plus tard, pour que la production de pétrole américain reparte à la hausse.
L’abandon du système de Bretton-Woods
L’Arabie Saoudite est le principal exportateur de pétrole au début des années 70. C’est à ce moment précis que les États-Unis décident d’abandonner le système de Bretton-Woods en dévaluant le dollar.
La manœuvre est mal accueillie dans les pays de l’Opep car le cours du baril est lui-même libellé en dollars. En réaction, les pays exportateurs indexent le cours du baril sur le cours de l’or. Cela entretient inévitablement la hausse du cours du pétrole.
La guerre du Kippour de 1973
Fin 1973, l’animosité légendaire entre Israël et ses voisins du Golfe atteint son acmé. C’est la guerre du Kippour. Les Américains interviennent en faveur du pays hébreux, déclenchant là encore la colère des pays de l’Opep.
Sous l’égide des Saoudiens et en représailles au soutien américain, l’organisation augmente fortement le prix du baril qui augmentera de plus de 2 euros, pour un prix du baril atteignant désormais les 12 dollars. En parallèle, elle diminue sa production, ce qui tend encore un peu plus, les prix vers le haut.
Les conséquences du choc pétrolier
Assez logiquement, la hausse des prix du pétrole entraîne un ralentissement économique caractérisé par une stagflation : beaucoup d’inflation et une stagnation de la croissance.
Du coté des marchés financiers, la situation n’est pas meilleure. Entre mai 73 et septembre 74, le CAC 40 perd quasiment la moitié de sa valeur ! Le Dow Jones ne résiste pas beaucoup mieux.
1979 – 1981, le deuxième choc pétrolier
Alors que les pays occidentaux digèrent à peine le premier choc pétrolier de 1973, le deuxième choc pétrolier est une nouvelle déflagration et menace de déstabiliser les économies occidentales tout en relançant l’inflation.
C’est la chute du Shah d’Iran en 1979 et l’arrivée des ayatollah dans l’ancienne Perse qui mettra cette fois le feu aux poudres. La révolution islamique est en marche dans le pays et n’entend pas faire de cadeau à son ennemi juré, les États-Unis.
En septembre 1980 l’Iran et l’Irak entrent en guerre. Cela relance les prix du pétrole à la hausse.
Conséquence directe: le prix du baril passe de 20 à 40 dollars. La France de Raymond Barre, quant à elle, panse ses plaies avec l’essor de son industrie nucléaire. C’est le fameux temps du « en France on a pas de pétrole, mais on a des idées ». Et l’idée principale…c’est l’atome. Néanmoins, cette seconde crise alourdira sa facture énergétique de 10 milliards de francs au deuxième semestre 1979.
Parallèlement, les pays européens, échaudés par le premier choc pétrolier, avaient déjà commencé à réfléchir sérieusement à leur politique énergétique en mettant en œuvre des mesures visant à être moins dépendants des monarchies pétrolières. Ce qui ne fut pas la stratégie des américains et qui leur coûtera cher quelques décennies plus tard.
2008: le troisième choc pétrolier, l’ère du pétrole cher
Le troisième choc pétrolier désigne principalement une offre que n’arrive plus à suivre la demande. La conséquence : une augmentation des prix qui dépasse tous les records précédents de manière constante.
Cette augmentation découlait, selon certains observateurs, de l’engagement américain en Irak. Entre 2003 et 2008, les cours du pétrole en dollars constants ont doublé.
Le record historique de prix du baril de 103,76 en avril 1980, conséquence directe du deuxième choc pétrolier, fut même battu. On est bien loin des 3 dollars du début des années 70…
La raison principale de ce cours exponentiel fut tout d’abord la baisse des stocks aux États-Unis qui étaient à leur plus bas niveau depuis trois ans. On ne produit plus assez. Il faudra attendre l’arrivée du gaz de schiste pour qu’on retrouve des niveaux de production qui répondent correctement à la demande. Dans les fait, le pic pétrolier est atteint en ce qui concerne le pétrole conventionnel (facile à extraire).
Là encore, qui dit crise du pétrole, dit menace directe pour l’économie américaine. En effet, pour les ménages, un baril à 100 dollars se répercute directement à la pompe, avec un prix du gallon d’essence passant rapidement à 4 dollars. Soit une augmentation de plus de 30% de ce qu’ils payaient auparavant.
Dans un pays en plein marasme immobilier, toujours empêtré dans le scandale des subprimes et la chute de Lehman Brothers, un baril à 100 dollars n’était pas tenable.
A quand le prochain choc pétrolier ?
La crise sanitaire du COVID-19 a mis un coup de frein brutal et durable à tout le secteur du transport. Les multiples confinements et autres restrictions de déplacements sont encore frais dans nos esprits.
Or, rappelons que le transport est l’activité la plus consommatrice de pétrole ; de loin. Les prix du baril se sont alors effondrés dans une sorte de choc pétrolier inversé.
Ce qui était moins visible, c’est que dans le même temps les compagnies d’exploration et d’exploitation coupaient tous leurs projets ; elles arrêtaient d’investir. C’est logique dans la mesure ou la demande d’or noir était au plus bas. Mais cela n’était pas sans conséquence pour l’avenir.
L’absence d’investissement dans de nouvelles capacités de production ne pouvait qu’amener à une hausse rapide des prix du pétrole. En octobre 2021, le prix du Brent atteignait 85$, un niveau jamais vu depuis 2014.
À plus long terme, le pic pétrolier pourrait bien amener le pétrole à ses plus hauts de 2008, cela pourrait bien être le 4ème choc pétrolier !
Pour ne pas subir ce 4ème choc, on vous explique comment investir dans le pétrole ici, et protéger votre patrimoine contre une hausse des prix.
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