Définition : qu’est-ce qu’un arbitrage en assurance-vie ?

Dans l’assurance-vie, un arbitrage permet de modifier la répartition des supports d’investissement de votre contrat. C’est donc une manière de “redistribuer” votre épargne.
Pour rappel, l’assurance-vie est une enveloppe fiscale. C’est donc un placement au sein duquel vous pouvez choisir parmi différents supports d’investissement. Avec un arbitrage vous pouvez donc :
- sécuriser votre épargne : en réallouant une partie du capital d’une unité de compte vers le fonds en euros ;
- dynamiser votre épargne : en réduisant la proportion de fonds en euros au profit d’une ou plusieurs unités de compte (fonds d’investissement, ETF ou SCPI par exemple) ;
- ou simplement privilégier un support plutôt qu’un autre.
L’arbitrage est une disposition prévue dans tous les contrats d’assurance-vie à l’exception des contrats monosupports (qui ne disposent que d’un fonds en euros).
Sachez qu’un arbitrage peut s’effectuer en ligne ou sur simple demande auprès de votre conseiller habituel. Il est aussi possible de programmer des arbitrages, en fonction des options prévues au contrat.
Au moment de choisir votre contrat, vérifiez attentivement l’étendue des supports proposés. Il faut que les supports de votre assurance-vie soient suffisamment diversifiés pour pouvoir réaliser des arbitrages cohérents avec vos besoins.
Pas de fiscalité sur les arbitrages
Lorsque vous effectuez un arbitrage dans une assurance-vie, vous ne sortez pas d’argent de votre contrat.
À l’inverse d’un retrait (ou rachat), les arbitrages ne sont donc soumis à aucune imposition. C’est un avantage de l’assurance-vie par rapport au compte-titres ordinaire, au sein duquel le moindre mouvement entraîne l’imposition des plus-values concrétisées.
➡️ Sur le plan fiscal, les arbitrages en assurance-vie sont donc sans conséquences !
Frais d’arbitrage : optez pour des assurances-vie en ligne !
Si vous ne devez pas craindre le fisc en cas d’arbitrage, vous devez, en revanche, vous méfier des frais (qui peuvent être assez divers dans une assurance-vie).
Pour connaître les frais d’un arbitrage, vous devrez vous reporter aux conditions générales de votre contrat. De manière générale, les arbitrages vous seront facturés comme suit :
- Au forfait : des frais fixes sont prélevés à chaque arbitrage.
- Au pourcentage : c’est-à-dire en fonction du montant du transfert (entre 0,5% et 1% la plupart du temps).
Certains contrats facturent uniquement les arbitrages quand ils consistent à désinvestir des unités de compte au profit d’un fonds en euros.
Cependant, il est désormais facile de trouver des contrats d’assurance-vie sans frais d’arbitrage. C’est en particulier le cas de la plupart des assurances-vie commercialisées sur internet.
➡️ Pour trouver une assurance-vie sans frais d’arbitrage, consultez notre comparatif des meilleures assurances-vie !
À quoi servent les arbitrages en assurance-vie ?
L’arbitrage est un outil précieux pour piloter intelligemment votre assurance-vie. Il permet de faire évoluer la répartition de votre épargne en fonction de votre stratégie, de votre profil de risque ou encore de vos objectifs de vie.
⚠️ Mais attention, même s’il n’entraîne pas de frais, l’arbitrage n’est pas une manette à actionner à tout bout de champ : il doit répondre à une logique réfléchie.
Liquider les supports peu performants
Tous les supports d’un contrat d’assurance-vie ne se valent pas. Certains sont plus coûteux, moins transparents ou tout simplement moins performants que d’autres. Il est d’ailleurs fréquent, notamment dans les contrats distribués par les réseaux bancaires, de retrouver des fonds en gestion active aux performances décevantes (en raison principalement des frais élevés).
➡️ L’arbitrage vous permet alors de faire le ménage : vous pouvez liquider les supports les plus faibles, souvent pénalisés par des frais de gestion élevés et un mauvais ratio rendement/risque, pour les remplacer par des fonds plus adaptés à votre stratégie.
Prenons un exemple concret : vous détenez un fonds actions américaines en gestion active, dont l’indice de référence est le S&P 500. Or, la majorité de ces fonds ne parviennent pas à battre leur benchmark sur le long terme, comme l’a démontré l’étude SPIVA (Standard & Poor’s Index Versus Active). Dans ce cas, il serait plus judicieux d’effectuer un arbitrage vers un ETF répliquant directement le S&P 500. Ce type de support, beaucoup moins coûteux en frais annuels, vous offre une exposition identique au marché américain, mais avec une efficacité nettement supérieure sur la durée.
Les ETF ne sont pas disponibles dans toutes les assurances-vie. Mieux vaut bien comparer les assurances-vie avant d’en souscrire une pour être sûr de la qualité des supports proposés !
Rééquilibrer son portefeuille pour rester aligné avec son profil
Lorsque vous investissez en assurance-vie sur des unités de compte, la valeur de votre contrat fluctue en permanence selon les performances des marchés financiers. Ce mouvement permanent peut faire évoluer votre allocation d’actifs sans même que vous vous en rendiez compte.
Imaginons que vous ayez construit un portefeuille équilibré, réparti à 50 % en actions et 50 % en fonds en euros. Si, au fil du temps, les marchés actions connaissent une forte croissance, cette répartition peut dévier vers 70 % d’actions et 30 % de fonds en euros. Résultat : votre niveau de risque devient plus élevé que prévu. Et, en cas de retournement boursier, votre contrat serait plus exposé aux pertes que vous ne l’aviez anticipé.
L’arbitrage vous permet ici de rétablir l’équilibre. Vous pouvez vendre une partie des unités de compte investies en actions (en particulier celles qui ont généré des plus-values) pour réinjecter les fonds dans des supports obligataires ou plus prudents.
➡️ Ce mécanisme de rééquilibrage est essentiel pour rester fidèle à votre profil investisseur initial (prudent, équilibré ou dynamique), sans céder aux mouvements du marché.
Diversifier pour limiter les risques sectoriels ou géographiques
L’arbitrage peut aussi être utilisé pour rééquilibrer votre contrat au sein d’une même classe d’actifs, en particulier les actions. En effet, même si vous êtes exposé à plusieurs fonds actions, cela ne garantit pas une réelle diversification si ces fonds sont concentrés sur les mêmes zones géographiques ou les mêmes secteurs économiques.
C’est notamment le cas aujourd’hui avec la forte progression des valeurs technologiques américaines. Beaucoup d’investisseurs se retrouvent, sans forcément l’avoir voulu, avec une part importante de leur contrat exposée au marché US, et plus précisément aux géants de la tech. Ce phénomène de concentration peut devenir risqué en cas de retournement sectoriel ou d’éclatement de bulle.
➡️ Grâce à l’arbitrage, vous pouvez réallouer une partie de vos supports vers d’autres zones géographiques (Europe, Asie, pays émergents) ou vers des secteurs moins représentés dans votre portefeuille (santé, infrastructures, consommation, etc.). Cela permet de retrouver une allocation plus équilibrée et de limiter votre dépendance à la performance d’un seul marché.
Cette problématique concerne particulièrement les investisseurs fortement exposés à des ETF répliquant des indices populaires comme le S&P 500, le MSCI World ou le Nasdaq 100. À mesure que les géants de la tech battent des records, leur poids dans ces indices augmente mécaniquement en raison de la pondération par capitalisation boursière.
Sécuriser progressivement son capital à l’approche de ses objectifs
L’arbitrage joue également un rôle essentiel dans la gestion de la fin de parcours de votre contrat d’assurance-vie. Contrairement à une idée reçue, votre profil d’investisseur n’est pas figé : il évolue naturellement au fil du temps, notamment à mesure que votre horizon de placement se raccourcit.
Par exemple, si vous avez investi dans une optique retraite à long terme, vous pouvez adopter une stratégie dynamique pendant les premières années. Mais à l’approche de l’échéance, à quelques années de votre départ à la retraite, votre tolérance au risque diminue. Il devient alors judicieux de sécuriser progressivement votre capital.
C’est ici que les arbitrages réguliers prennent tout leur sens : vous pouvez transférer petit à petit les unités de compte les plus risquées (comme les actions) vers des supports plus sécurisés, tels qu’un fonds en euros ou un fonds monétaire. Ce transfert progressif vous permet de réduire l’exposition à la volatilité des marchés, tout en protégeant les plus-values déjà accumulées.
Cette approche est couramment utilisée dans le cadre de projets retraite, mais elle s’applique tout autant à d’autres objectifs de vie à moyen terme : financement des études des enfants, achat immobilier, ou transmission de patrimoine.
Dans quels cas vaut-il mieux éviter les arbitrages ?
Si l’arbitrage est un levier puissant de gestion patrimoniale, il ne doit pas être utilisé à la légère. Certains réflexes émotionnels ou erreurs d’interprétation peuvent vous conduire à prendre de mauvaises décisions, en particulier dans les moments de stress ou d’euphorie des marchés.
Arbitrer sur la base des performances passées
❌ Il est tentant de vouloir déplacer son argent vers les supports qui affichent les meilleures performances récentes. Mais c’est souvent une erreur. Un support qui a bien performé sur les derniers mois ou années ne garantit en rien qu’il continuera sur la même lancée. En réalité, les marchés ont tendance à revenir à la moyenne : un fonds en forte hausse est souvent suivi d’une phase de stagnation, voire de baisse.
Arbitrer uniquement sur la base des performances passées, c’est courir après le train une fois qu’il est déjà parti. Une stratégie saine consiste à se baser sur vos objectifs, votre profil de risque et votre allocation cible, pas sur les classements des meilleurs fonds du moment.
Arbitrer dans la panique après une chute de marché
❌ Autre erreur classique : vouloir sécuriser son portefeuille après un krach boursier. En voyant la valeur de votre contrat baisser, vous pouvez être tenté de tout transférer vers le fonds en euros pour « stopper l’hémorragie ». Pourtant, c’est bien souvent le pire moment pour arbitrer.
L’histoire des marchés financiers montre qu’après chaque chute importante, vient un rebond. Et ce rebond est généralement rapide et significatif. Si vous arbitrez au plus bas, vous figez vos pertes et vous vous exposez au risque de manquer la reprise. Si votre portefeuille est correctement diversifié et que vous avez investi à long terme, la meilleure chose à faire est souvent… de ne rien faire.
➡️ Sur ce sujet, je vous recommande notre article traitant de la question : faut-il s’inquiéter d’une chute de la bourse ?
Quels types d’arbitrages en fonction de vos objectifs ?
| Objectif | Type d’arbitrage recommandé | Avantage principal |
| Dynamiser la performance | Arbitrage du fonds en euros vers des unités de compte (ETF, fonds actions, SCPI) | Augmenter le potentiel de rendement sur le long terme |
| Sécuriser son capital avant une échéance | Arbitrages progressifs des supports risqués vers le fonds en euros ou un fonds monétaire | Réduire le risque de perte à court terme |
| Rééquilibrer son allocation | Vente partielle des supports surpondérés pour renforcer les supports sous-représentés | Maintenir le niveau de risque aligné avec son profil investisseur |
| Transmettre son capital | Arbitrage vers des supports plus stables (fonds en euros, SCPI, obligations) | Préserver le capital à transmettre |
Qui peut exercer les arbitrages en assurance-vie ?
Le pouvoir de réorienter votre épargne via des arbitrages dépend du mode de gestion de votre contrat. Dans une assurance-vie, plusieurs modes d’arbitrages coexistent : libre, automatique, ou sous mandat. Chacune présente des avantages et des contraintes, selon votre profil d’investisseur et votre implication souhaitée dans la gestion de vos placements.
Les arbitrages libres
En gestion libre, c’est vous, en tant que souscripteur, qui décidez de tous les arbitrages. Vous choisissez quand et comment réorienter vos investissements, selon votre propre stratégie ou en concertation avec un conseiller.
Vous pouvez effectuer ces arbitrages :
- en ligne, depuis votre espace client,
- par téléphone ou courrier auprès de votre assureur,
- ou encore via une instruction à votre courtier ou conseiller.
C’est la solution idéale si vous êtes autonome, que vous suivez régulièrement vos placements et que vous aimez ajuster vous-même votre allocation d’actifs.
Pour faciliter vos arbitrages, je vous recommande vivement de passer par un contrat d’assurance-vie en ligne. Vous pourrez alors effectuer facilement tous vos arbitrages depuis votre interface en ligne.
Les arbitrages automatiques
De nombreux contrats proposent désormais des options d’arbitrage automatique, configurables dès la souscription ou activables en cours de vie du contrat.
Voici les plus fréquentes :
- Sécurisation automatique des plus-values : vos gains sur des supports risqués sont automatiquement transférés vers le fonds en euros.
- Arbitrage progressif : vous investissez de manière régulière depuis le fonds en euros vers des unités de compte (lissé dans le temps).
- Option “Stop loss” : un arbitrage est déclenché automatiquement si un support subit une perte supérieure à un seuil défini à l’avance.
- Rééquilibrage automatique de portefeuille : certains contrats ajustent périodiquement votre allocation en fonction d’un pourcentage cible (ex. : 60 % UC / 40 % fonds euros).
Cette dernière option nous semble la plus pertinente, car elle permet de rester aligné avec votre profil sans y penser. Attention toutefois : ces arbitrages automatiques ne sont pas indispensables et peuvent générer des frais supplémentaires à la longue.
Les arbitrages sous mandat (gestion pilotée)
Vous ne souhaitez pas gérer vos arbitrages vous-même ? La gestion pilotée, aussi appelée gestion sous mandat, est faite pour vous.
Dans ce mode de gestion, vous déléguez les décisions d’investissement à une société de gestion partenaire de votre assureur. Celle-ci construira votre portefeuille boursier et arbitrera votre contrat en fonction :
- de votre profil investisseur (prudent, équilibré, dynamique…),
- de l’actualité des marchés financiers,
- et des objectifs définis à la souscription.
La gestion pilotée repose souvent sur des portefeuilles modèles. Elle constitue une solution clés en main pour les épargnants qui souhaitent bénéficier d’une stratégie d’allocation cohérente, sans avoir à suivre les marchés au quotidien.
➡️ Vous souhaitez déléguer vos arbitrages à des professionnels ? Découvrez les meilleures gestions pilotées du marché !
Questions fréquentes
Non, une fois qu’un arbitrage a été exécuté, il ne peut pas être annulé. Il s’agit d’une opération ferme. Si vous changez d’avis, il faudra effectuer un nouvel arbitrage inverse, ce qui peut générer des frais supplémentaires.
Oui, c’est tout à fait possible, à condition que le contrat le permette techniquement. Vous pouvez arbitrer la totalité de votre épargne d’un support à un autre en une seule opération. Mais attention : ce type de décision doit être mûrement réfléchi, car il change radicalement votre exposition au risque.
Non, sauf en gestion pilotée, aucun arbitrage ne peut être réalisé sans votre validation explicite. Si vous êtes en gestion libre, toute opération doit être initiée par vous-même. Votre conseiller peut vous proposer des arbitrages, mais il ne peut pas agir sans votre accord écrit ou numérique.