Qu’est-ce que le marché de gré à gré ?
Le marché de gré à gré est un marché financier où les offreurs et demandeurs de titres et d’instruments financiers se rencontrent directement, sans passer par l’intermédiaire d’une bourse et sans que les transactions soient garanties par une chambre de compensation. Autrement dit, les offreurs et demandeurs négocient entre eux les modalités de leur transaction sans être soumis aux obligations standardisées des marchés organisés (bourse de Paris par exemple).
On dit alors que la transaction est réalisée “over the counter” ou OTC.
Quelles sont les caractéristiques du marché de gré à gré ?
Un marché de gré à gré se caractérise principalement par l’absence de régulation du marché par un régulateur et la non-centralisation des ordres. En gré à gré, les acheteurs et vendeurs se rencontrent de manière bilatérale, cela se traduit généralement par une absence de cotation.
L’absence de cotation des titres et de regroupement des ordres
Sur un marché organisé (bourse), les ordres sont centralisés et la cotation des titres est assurée par une entreprise dédiée (Euronext en France). Les offreurs et demandeurs ne se rencontrent pas directement.
En gré à gré, les titres sont échangés de manière bilatérale entre un acheteur et un vendeur sans passer par un système de carnet d’ordres. Ils peuvent être mis en relation par des intermédiaires tels que des courtiers, des banques ou des institutions financières, mais in fine, l’opération est conclue entre deux parties clairement identifiées.
Certains actifs échangés sur un marché OTC peuvent faire l’objet d’une cotation gérée par des courtiers ou des institutions financières. C’est le cas par exemple des CFD qui s’échangent au sein d’un réseau de brokers, du Forex (marché des changes), ou encore des cryptomonnaies qui peuvent être échangées via des protocoles de DeFi.
L’absence d’intermédiaire financier et de régulateur
Un marché de gré à gré n’est pas un marché régulé par une agence de régulation (AMF en France) veillant au bon fonctionnement du marché et aux respects des règles par les différents intervenants.
En effet, il n’y a pas une standardisation des transactions réalisées avec des normes spécifiques d’origine légale et réglementaire. Les parties peuvent librement fixer leurs obligations respectives à travers des clauses (sous réserve bien sûr de respecter la loi, notamment le droit commun des contrats, mais aussi le droit spécial applicable aux titres financiers concernés).
De plus, les opérations de gré à gré ne sont pas réalisées par l’intermédiaire d’une chambre de compensation. Ce type d’organe a pour objectif principal de garantir la bonne réalisation des transactions entre deux parties qui ne se rencontrent pas sur un marché réglementé. En mettant en balance les crédits et débits, les chambres de compensation s’assurent de payer les vendeurs et de livrer les acheteurs grâce à un système d’appel de marge et de dépôt minimum.
Quels sont les principaux marchés fonctionnant au gré à gré ?
Le marché des changes (devises)
Le marché des changes (Forex) est un marché non régulé dont les opérations sont réalisées “over the counter”. Ce sont généralement les banques et les courtiers qui négocient directement entre eux sans passer par un intermédiaire boursier.
Ainsi, le Forex est une plateforme d’échange de devises, mais n’est rattaché à aucune place boursière. Ce sont les institutions financières qui assurent la majeure partie des contreparties pour l’échange de devises au spot (au comptant pour livraison immédiate) ou à terme (livraison future), via des produits dérivés pour notamment se protéger contre le risque ou spéculer.
Ainsi, les cotations des paires de devises que vous pouvez observer sur différentes plateformes de trading sont assurées par les banques et les institutions financières.
Pour mieux vous représenter la chose, il faut voir les banques comme un grand magasin disposant de plus de produits différents, dont des devises. Elle vous propose ainsi de manière instantanée, contre paiement, un échange d’une devise contre une autre dès lors qu’elle dispose du stock nécessaire. Dans sa dimension financière, la banque joue le rôle de distributeur de produits financiers et fixe les prix à l’instar d’un super marché. Elle est donc tenue de renouveler ses stocks et de servir au mieux ses clients selon leurs demandes.
Le marché obligataire
Contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord, le marché obligataire est aussi majoritairement dominé par le gré à gré.
En ce qui concerne le marché primaire, la souscription des obligations se fait toujours au gré à gré.
Quant au marché secondaire, les opérations de vente et d’achat d’obligations d’occasion se font souvent en sollicitant différents “teneurs de marché” ou courtiers dans le but de trouver une contrepartie.
Les offreurs et demandeurs se rencontrent alors en vue de finaliser l’opération de cession.
Néanmoins, il existe un compartiment en bourse où sont cotées les obligations standardisées les plus négociées.
Le marché des produits dérivés
Une grande partie des produits dérivés ne sont pas admis à la cotation sur un marché réglementé. Ils sont donc échangés au gré à gré.
Les produits dérivés les plus échangés par les particuliers tels que le CFD en sont un bon exemple. Ils sont en réalité échangés par l’intermédiaire d’un réseau de courtiers qui s’assurent de la cotation des titres sous-jacents en continu en vue proposer un meilleur niveau d’information aux investisseurs. La mise en relation entre offreur et demandeur est réalisée de manière automatisée, comme dans le cadre d’une bourse, mais les transactions sont tout de même effectuées, in fine, de manière bilatérale entre les deux parties.
Certains produits dérivés sont admis en cotation sur un marché réglementé, c’est le cas par exemple des futures, ou des options qui seront alors dites « listées ».
Il en va de même pour le trading de cryptomonnaies, actifs non régulés par nature et non admis à la négociation en bourse.
Leur cotation est en réalité assurée par les entreprises du secteur qui peuvent jouer le rôle de courtier afin de faire rencontrer, de manière automatisée, acheteurs et vendeurs de crypto. Ils assurent à leur manière un rôle de chambre de compensation avec des systèmes de “pool de liquidités”, sans pour autant être soumis à la même réglementation. Il existe bien sûr d’autres méthodes que les CEX (exchanges centralisés) pour échanger des cryptos.
Pour mieux comprendre le fonctionnement de l’échange de crypto, vous pouvez consulter notre article sur la DeFi ou finance décentralisée.
Quels sont les avantages du marché OTC ?
L’accès à une grande gamme d’actifs
Le marché OTC est certainement la partie la plus importante d’échange d’actifs financiers à l’échelle mondiale. Il est ainsi possible d’échanger tout type d’actifs en gré à gré et de ne pas être limité aux actifs cotés en bourse (principalement des actions d’entreprises internationales de l’OCDE).
Une meilleure flexibilité dans le choix des clauses contractuelles
En gré à gré, il est possible de négocier tout type de clause à condition qu’elles soient conformes à la loi. C’est d’ailleurs l’essence même d’un produit dérivé, dont les obligations contractuelles ne se résument pas à un simple règlement/livraison, mais sont souvent assorties de conditions suspensives de règlement, de seuil de déclenchement, de livraison future d’un titre, d’une mise en garantie, du paiement d’une différence entre deux indices sous-jacents de référence, etc.
En bref, en OTC, il est possible de négocier un contrat totalement sur mesure, à condition bien sûr que les parties soient d’accord.
Frais de transaction réduits
L’absence de régulation et de chambre de compensation a pour principal avantage de réduire les frais de transaction. En finance, la régulation se traduit souvent par un coût plus élevé. C’est le prix de la sécurité, de l’encadrement du marché et des transactions.
Dès lors que la recherche d’une contrepartie n’est pas complexe (grâce à un système de mise en relation automatisée par exemple), les frais de transactions sont le plus souvent moins élevés.
Quels sont les risques du marché de gré à gré ?
Toutefois, l’absence de régulation fait peser un risque supplémentaire sur les acteurs des transactions en gré à gré. Le risque le plus connu est le risque de contrepartie, mais la liquidité peut aussi parfois faire défaut.
Le risque de contrepartie
En l’absence de chambre de compensation, les transactions ne sont pas garanties en gré à gré par un organe tiers soumis à des obligations spécifiques.
Cette particularité implique qu’en signant un contrat en gré à gré vous n’avez pas la garantie que le co-contractant exécute réellement ses obligations (paiement du prix, livraison d’un titre, etc.).
Ce dernier peut alors faire défaut. Il ne vous reste alors plus que les voies de recours traditionnelles. Dans le cadre d’une finance mondialisée, il peut alors être difficile de faire exécuter une décision de justice dans un pays étranger, d’autant plus si votre co-contractant n’est pas clairement identifié (dans le cadre d’un échange de crypto par exemple).
Le risque de liquidité
En raison des volumes d’échange importants, la bourse ne pose pas de problème quant à la liquidité des actifs détenus. Il en va autrement pour les actifs négociés au gré à gré puisqu’il faudra trouver un acheteur.
Certains sont très liquides tels que les devises, alors d’autres beaucoup moins comme actions de certaines PME.
Il est donc possible que vous ne trouviez pas d’acheteur en gré à gré pour vos titres selon leurs caractéristiques.
L’absence de transparence sur les prix
Si le titre ou le produit échangé ne fait pas l’objet d’une cotation sur marché réglementé ou non, il peut être difficile d’évaluer véritablement la valeur de l’actif. Différentes méthodes existent, notamment comptables, mais elles impliquent une analyse plus poussée. Il est donc plus difficile de faire de la spéculation à court terme en OTC sur des actifs qui ne seraient pas cotés.
Est-il possible de réaliser des opérations over the counter en tant que particulier ?
Les particuliers peuvent tout à fait réaliser des opérations OTC bien que ce soit majoritairement l’apanage des professionnels et des institutionnels.
Généralement, les opérations en gré à gré des particuliers se réalisent par l’intermédiaire de courtiers qui se chargent de trouver la contrepartie et disposent d’un mandat pour contractualiser en leurs noms.
Mais en théorie, il serait tout à fait envisageable pour le particulier de trouver lui-même un acheteur ou un vendeur et de signer le contrat en accord avec l’opération souhaitée.
La plupart des opérations en gré à gré des particuliers peuvent être effectuées via un compte titre ordinaire (CTO) où la banque en charge du contrat assure le rôle du courtier ou avec par l’intermédiaire d’une plateforme de trading, pour l’échange de CFD par exemple.
Questions fréquentes
Finalement, toutes les opérations bilatérales portant sur des titres financiers ne passant pas par un marché réglementé sont considérées comme étant réalisées au gré à gré. Le marché de gré à gré est donc un marché vaste, non standardisé, pouvant prendre de très nombreuses formes, là où un marché réglementé fonctionne de manière normée et propose des produits standardisés.
Il est possible de vendre et d’acheter des produits admis en cotation sur un marché réglementé au gré à gré. Pour les particuliers, ce cas de figure se produit généralement à l’occasion d’une OPA (offre publique d’achat).