Plus de 10 millions de Français ont choisi d’ouvrir un Plan d’Épargne Retraite (PER) et d’y verser une partie de leur épargne. Lors de votre départ en retraite, ou dans certains cas exceptionnels avant cette date, vous pouvez retirer votre placement financier. Alors, comment sortir son épargne du PER ? Quelle option choisir entre rente et capital ? Enfin, quelle est la fiscalité applicable ?

Qu’est-ce qu’un PER ?

Le Plan d’épargne retraite a été introduit par la loi PACTE du 22 mai 2019 pour remplacer les anciens Perp (plan d’épargne retraite populaire), Article 83, Madelin, etc.

➡️ C’est un placement financier qui vous permet de vous constituer un capital ou une rente pour votre départ en retraite, en vue de compléter votre pension.

Ces sommes sont placées sur des supports d’investissement et vous vous constituez donc un portefeuille de valeurs mobilières qui a vocation à fructifier à long terme. Vous avez le choix entre déléguer entièrement la gestion de votre portefeuille à des professionnels (en “gestion pilotée”), ou le gérer vous-même (en « gestion libre »).

Les 3 types de PER

Notez qu’il existe 3 formes de PER :

  • le PER-IN : c’est votre plan individuel et vous l’alimentez uniquement par des versements volontaires,
  • le PERE-CO : c’est un placement dédié à l’épargne collective, que vous alimentez notamment avec votre épargne salariale.
  • et le PER-O : il s’agit d’un plan spécifique que votre employeur met en place et alimenté par des versements obligatoires.

Le PER collectif et le PER obligatoire sont mis en place à l’initiative de votre employeur, ce sont des plans d’épargne retraite d’entreprise. En revanche, vous pouvez librement ouvrir un PER individuel et y placer votre épargne personnelle.

C’est à vous d’opter parmi les meilleures compagnies du marché. Voici une petite astuce : on vous aide dans votre choix avec notre comparatif des meilleurs PER ici.

➡️ Quel que soit le type de PER, les sommes sont en principe indisponibles jusqu’à votre départ en retraite. Néanmoins, vous pouvez débloquer votre épargne dans des situations exceptionnelles. Enfin, les modalités de perception de votre épargne et la fiscalité varient en fonction du type de versement que vous avez fait.

Les 2 options de sortie d’un PER

Vous pouvez sortir de votre PER à 2 moments dans votre vie :

  • soit avant la retraite, dans des cas très limités (voir ci-dessous),
  • soit après votre retraite, quand vous décidez que vous avez besoin de l’épargne accumulée sur votre PER. Dans ce cas, vous avez le choix entre plusieurs options :
    • la perception d’une rente viagère, versée tous les mois,
    • la perception d’un capital (épargne accumulée sur votre PER) en une seule fois, ou en plusieurs fois,
    • une partie en rente viagère et une partie en capital.

Attention, le transfert d’un PER ou d’un ancien contrat d’épargne retraite sur un nouveau PER ne permet pas de débloquer l’épargne !

Enfin, nous n’évoquerons pas le décès du titulaire d’un plan d’épargne retraite, car il ne s’agit pas à proprement parler d’une « sortie » (récupération capitaux par le titulaire du plan). Vous trouverez ici un article consacré à la fiscalité intéressante du PER en cas de décès.

Sortir d’un PER avant la retraite : les déblocages anticipés

Vous pouvez retirer votre épargne de votre PER dans 6 cas exceptionnels :

  • acquisition de votre résidence principale,
  • surendettement,
  • expiration des droits au chômage ou cessation de votre mandat social depuis au moins 2 ans,
  • cessation d’activité non-salariée en cas de liquidation judiciaire,
  • invalidité de 2ème et 3ème catégorie,
  • décès de votre époux ou partenaire de pacs.

Notez toutefois qu’en cas de PER obligatoire ouvert par votre employeur, les cotisations obligatoires mensuelles ne peut pas être retirées pour acquérir votre résidence principale. En revanche, si vous avez fait des versements volontaires ou mis de l’épargne salariale sur ce plan, vous pouvez retirer ces sommes.

Attention : la sortie de votre épargne pour acheter votre résidence principale peut coûter très cher et n’est pas toujours judicieuse !

Combien ça coûte de retirer son épargne avant la retraite ?

Ça coûte plus ou moins cher de retirer son épargne sur son PER de manière anticipée ; tout dépend du cas de déblocage :

1 – La sortie du PER pour acquisition de votre résidence principale

2 régimes fiscaux peuvent s’appliquer, en fonction de ce que vous aviez choisi l’année de vos versements :

  • si vous aviez déduit les versements sur votre PER de votre revenu global pour réduire vos impôts : alors, vous devez ajouter le montant de tous ces versements déduits à vos revenus habituels pour le calcul de l’impôt sur le revenu. Cela peut donc coûter très cher en impôts (jusqu’à 45% !) et anéantir tout l’intérêt fiscal concédé l’année des versements initiaux.
  • vous n’aviez pas déduit les versements sur votre PER : dans ce cas, vous ne payez pas d’impôt sur les versements retirés. En revanche, vous payez la flat tax (aussi appelée « pfu », au taux de 30%) sur les produits réalisés entre la date des versements et le retrait des sommes.
Exemple de fiscalité à la sortie du PER : achat de la résidence principale

En 2023, j’ai ouvert un PER individuel et versé 10 000 euros. Je percevais un salaire de 45 000 € et, en tant que célibataire, ma tranche marginale d’imposition était de 30%.

Au printemps 2024, je déclare mes revenus professionnels et mon versement sur le PER (je bénéficie du plafond cumulé des 3 dernières années). Je baisse donc mon impôt de 3 000 €. Puis, fin 2024, je débloque cette épargne pour acheter mon appartement. Le total de mon épargne sur mon PER s’élève à 10 500 €. En parallèle, j’ai conservé les mêmes revenus professionnels (je suis toujours célibataire).

Au printemps 2025, je vais déclarer à l’impôt sur le revenu que j’ai retiré ces sommes :

  • 10 000 € de versements, réintégrés à mes revenus professionnels avant l’application du barème progressif de l’IR : cela fait un total de 55 000 € bruts (50 500 € après abattement forfaitaire sur salaire) imposés au barème progressif, à la TMI de 30%, soit au total 8436 € d’IRPP,
  • 500 € de plus-values, imposées à la flat tax : soit 150 € d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux.

➡️ En définitive, l‘opération est fiscalement neutre (ni avantage, ni inconvénient) lorsque je conserve la même TMI l’année des versements et l’année du retrait de mon épargne sur mon PER.

❌ En revanche, l’opération est fiscalement pénalisante lorsque l’ajout des versements sur mon PER à mes revenus professionnels me fait passer dans la tranche marginale d’imposition supérieure. Cet effet est absolument à éviter !

2 – Le retrait de l’épargne de votre PER en cas d’accident de la vie

Les 5 autres cas de déblocage anticipé coûtent moins cher fiscalement :

  • vous ne payez aucun impôt sur les versements retirés, même si vous les aviez déduit de votre impôt sur le revenu à l’entrée,
  • les produits sont exonérés d’impôt sur le revenu mais vous payez les prélèvements sociaux sur les produits à hauteur de 17,2% (assiette : différence entre le montant des versements initiaux et les sommes retirées).
Exemple de fiscalité à la sortie du PER : accident de la vie

En 2023, j’ai versé 10 000 € sur mon PER individuel. Je percevais un salaire de 45 000 € et, en tant que célibataire, ma tranche marginale d’imposition était de 30%. J’ai donc bénéficié d’une réduction nette de 3 000 € de mon impôt sur le revenu grâce à ce versement.

En 2024, je débloque cette épargne car je suis déclarée en invalidité de 2ème catégorie. Le total de mon épargne sur mon PER s’élève à 10 500 €. En parallèle, j’ai conservé les mêmes revenus professionnels et de remplacement au titre de mon invalidité. Je suis toujours célibataire.

Au printemps 2025, je vais déclarer à l’impôt sur le revenu que j’ai retiré ces sommes mais les versements à hauteur de 10 000 € ne seront pas ajoutés à mes revenus professionnels. Seules les plus-values (500 €) seront soumises aux prélèvements sociaux. Le total de mon imposition en 2025 s’élève à 5 522 €.

➡️ L’opération est particulièrement avantageuse puisque j’ai pu réduire mon IR de 3 000 € et payer seulement 86 € d’impôts à la sortie de mon épargne ; soit un gain net de 3 414 € (soit 3 000 + 500 – 86 €).

La sortie en rente à la retraite

Vous pouvez choisir de retirer votre épargne à la retraite sous la forme d’une rente viagère. Dans ce cas, l’assureur vous versera tous les mois une pension supplémentaire à votre retraite.

Le montant de votre rente viagère est calculé en fonction de votre âge lorsque vous liquidez votre PER et du montant des sommes que vous y aviez versé.

Par exemple, pour 100 000 € versés sur votre PER et une liquidation à 65 ans de votre épargne, vous obtiendriez environ 275 € par mois de rente viagère (voir plus d’exemples ici).

➡️ La sortie en rente viagère est en général peu avantageuse d’un point de vue économique. De plus, vous devrez payer des impôts sur ces sommes.

Fiscalité de la sortie en rente du PER

La taxation de votre rente viagère dépend des versements que vous aviez effectué sur votre PER :

1 – Versements volontaires déduits de votre impôt

Dans la grande majorité des cas, vous allez puiser sur votre épargne personnelle pour faire des versements volontaires sur votre PER individuel ou d’entreprise. Puis, vous allez déduire ces versements à l’impôt sur le revenu pour faire une économie fiscale.

Lorsque vous allez liquider votre PER à votre retraite sous la forme de rente viagère, ces versements vont être convertis en rente mensuelle et celle-ci sera imposée comme une rente viagère à titre gratuit.

➡️ Alors, votre rente est imposée au barème progressif de l’impôt sur les revenus dans la catégorie des pensions, retraites et rentes, après un abattement de 10% (plafonné à 4 321 € par foyer).

Exemple de fiscalité à la sortie du PER en rente : vous aviez déduit les versements de votre impôt sur le revenu

En 2023, vous partez à la retraite et débloquez votre PER individuel. Vous aviez déduits vos versements volontaires de votre impôt sur le revenu au fil des années. Votre rente viagère mensuelle issue de votre PER s’élève à 200 €. Par ailleurs, vous percevez une pension de retraite de 2 200 € par mois.

Ainsi, vos revenus sont additionnés (soit 28 800 €), puis un abattement de 10% est appliqué (soit 2 880 €) et le montant net (soit 25 920 €) est soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu.

Si vous êtes célibataire sans enfant à charge, cela correspond à un montant de 1 609 €.

A savoir : les cotisations obligatoires dans le cadre d’un PER obligatoire mis en place par votre employeur suivent le même régime fiscal.

2 – Versements volontaires non-déduits de votre impôt et épargne salariale

Dans certains cas, vous allez choisir de ne pas déduire vos versements sur votre PER de votre impôt sur le revenu (par exemple, lorsque vous n’êtes pas imposé l’année des versements, ou lorsque votre TMI est inférieure à 11%, ou encore lorsque vous êtes un jeune actif).

Si vous n’avez pas déduit les versements à l’entrée de votre PER, la rente viagère est quand même soumise à l’impôt sur le revenu, mais selon un régime fiscal plus favorable.

➡️ En effet, votre rente viagère est imposée selon le régime des rentes viagères à titre onéreux, c’est-à-dire que vous bénéficiez d’un abattement plus important sur le montant de votre rente avant son imposition au barème progressif :

Âge du titulaire au jour de la liquidation du PERAbattement sur la rente viagère
Moins de 50 ans30%
Entre 50 et 59 ans50%
Entre 60 et 69 ans60%
Plus de 69 ans70%
Abattement sur la rente viagère à titre onéreux – sortie PER
Exemple de fiscalité à la sortie du PER en rente : vous n’aviez pas déduit les versements de votre impôt sur le revenu

En 2023, vous partez à la retraite et débloquez votre PER individuel. Vous avez 66 ans. Vous n’aviez pas déduits vos versements volontaires de votre impôt sur le revenu au fil des années. Votre rente viagère mensuelle issue de votre PER s’élève à 200 €. Par ailleurs, vous percevez une pension de retraite de 2 200 € par mois (imposable).

Votre retraite de base et complémentaire bénéficient d’un abattement de 10% (soit 2 200 x 12 x 0,9 = 23 760 €), tandis qu’un abattement de 60% est appliqué à votre rente mensuelle issue du PER (soit 200 x 12 *0,4 = 960 €). Le barème progressif est ensuite appliqué au total des sommes retranchées de ces abattements.

Si vous êtes célibataire sans enfant à charge, cela correspond à un montant d’impôt de 1 477 €.

A savoir : lorsque vous versez votre épargne salariale sur votre PER collectif ou obligatoire, et que vous choisissez de liquider votre PER en rente, vous bénéficiez aussi de ces abattements renforcés.

La sortie en capital à la retraite

Parmi les avantages du Plan d’Épargne Retraite, vous avez la possibilité de choisir de sortir en capital à votre retraite (contrairement à un contrat « Madelin » par exemple). Dans ce cas, vous récupérez toute l’épargne accumulée, en une seule ou en plusieurs fois : c’est vous qui décidez.

➡️ En général, il est financièrement plus avantageux d’opter pour la sortie en capital puis de replacer ces sommes sur des supports diversifiés, par exemple dans un contrat d’assurance-vie.

Toutefois, faites attention à l’impact fiscal de ce retrait, qui peut anéantir tout l’intérêt fiscal des opérations dans certains cas.

Fiscalité de la sortie en capital du PER

Lorsque vous demandez la sortie en capital de votre PER, en une seule fois ou en plusieurs fois, votre taxation dépend d’abord de la déduction ou non des versements initiaux. Ensuite, un traitement spécifique est réservé à l’épargne salariale :

1 – Vous avez déduit les versements volontaires

Si vous avez profité de l’avantage fiscal l’année des versements, alors, vous êtes imposé comme suit à la sortie en capital :

TaxationMontant des versementsProduits
Impôt sur le revenuBarème progressif de l’IRPP (sans abattement) – taux de 0% à 45%Flat tax (12,8%) ou option pour le barème progressif (si plus avantageux)
Prélèvements sociaux0%17,2%
TOTALMax. 45%Max. 30%
Fiscalité de la sortie en capital du PER – versements déduits de l’IRPP

⚠️ Attention, la sortie en capital peut coûter très cher ! En effet, les versements sont réintégrés à vos autres revenus (retraite, revenus fonciers, bénéfices industriels et commerciaux, etc) et soumis au barème progressif. Cette réintégration peut donc entraîner une imposition plus importante (si elle vous fait changer de tranche marginale d’imposition) !

Mona
Les conseils de Mona

Si vous avez accumulé beaucoup d’épargne sur votre PER, je vous conseille de ne pas sortir tout en une seule fois car c’est rarement judicieux fiscalement. Optez pour la sortie en plusieurs fois, sur plusieurs années fiscales, si possible. Vous minimiserez ainsi l’impact fiscal.

La déclaration

➡️ Le gestionnaire de votre PER vous indiquera les montants à reporter dans votre déclaration d’impôt sur le revenu :

  • déclarez à la case 1 AI à 1 DI de la déclaration N°2042-K la part du capital versé qui correspond aux versements déduits de votre IR,
  • puis déclarez à la case 2 TZ de la déclaration N°2042-K la part qui correspond aux plus-values sur votre PER

A savoir : déclarez selon les mêmes modalités lorsque vous retirez votre capital avant votre retraite pour acquérir votre résidence principale.

2 – Vous n’avez pas déduit les versements volontaires

Dans ce cas, les versements sont exonérés d’impôt. Seuls les produits sont fiscalisés à la flat tax (12,8% d’IR + 17,2% de prélèvements sociaux = 30%).

Déclarez seulement les produits de votre PER en case 2 TZ de votre déclaration 2042-K (impôt sur le revenu).

3 – Le cas particulier de l’épargne salariale

Pour mémoire, les versements de votre épargne salariale sur un PER ne permettent pas une déduction de l’impôt sur le revenu. Néanmoins, cette option offre de nombreux avantages.

Les versements peuvent effectués soit un PER collectif, soit sur un PER obligatoire. Enfin, vous pouvez transférer ces 2 PER sur votre PER individuel (sous conditions). Ces montants figureront alors sur un compartiment à part, dédié à l’épargne salariale.

➡️ Lorsque vous sortez en capital et que vous avez versé de l’épargne salariale sur votre PER, vous bénéficiez d’une fiscalité avantageuse :

TaxationMontant du capital correspondant à l’épargne salarialeMontant du capital correspondant aux produits
Impôt sur le revenuExonérationExonération
Prélèvements sociauxExonération17,2%
TOTAL0%17,2%
Fiscalité de la sortie en capital du PER – versements d’épargne salariale