L’explosion de la tendance Web3 a permis de mieux comprendre la technologie blockchain au sens large. Cela a aussi suscité un intérêt auprès de certaines personnes pour mieux appréhender les différences existantes.
Bien sûr, si vous souhaitez simplement acheter des bitcoins, vous n’avez pas besoin de connaître les entrailles de la technologie ! Mais, si vous êtes une personne curieuse, vous savez déjà qu’il existe différents « jetons » dans le monde de la crypto, et de la blockchain plus largement. En effet, vous pouvez fréquemment entendre parler de coin, d’altcoin et de token.
Alors que l’on emploie souvent un seul terme pour désigner les trois (token revient très souvent), vous verrez que c’est généralement erroné. Sans même parler de la confusion entre technique et utilitaire au niveau des coins et des tokens.
Les différents types d’actifs numériques
Commençons par une catégorie large : les actifs numériques. Cette expression ne sort pas du chapeau de Finance Héros : il s’agit du terme juridique issu de l’article 150 VH bis du Code Général des Impôts (CGI). Oui ça fait des recherches sérieuses sur notre site 🤓 !
L’actif numérique est divisé en deux catégories : les crypto-actifs et les jetons. C’est dans la première catégorie que nous allons trouver nos coins, nos altcoins et nos tokens. Cependant, le CGI s’arrête là et ne fait pas la distinction entre les trois. Peut-être tout simplement parce que ce n’est pas son rôle 😅.
Sachez donc que la distinction est purement technique et n’a, en France, aucune incidence juridique ou fiscale (sauf modifications ultérieures à la rédaction de cet article, que nous nous empresserions de mettre à jour bien sûr !).
Le coin, un actif numérique issu de sa propre blockchain
Définition générale du coin
Un coin (terme qui vient de l’anglais, que nous traduirions par pièce en français), est un actif numérique qui est issu de sa propre blockchain. Cela signifie qu’il a été créé par une blockchain d’un même nom.
Attention, il ne faut pas confondre le coin de la crypto monnaie ! Une crypto monnaie peut être aussi bien un coin qu’un token. Normalement voici votre tête après cette phrase : 😵. Cependant rassurez vous ça va aller de mieux en mieux avec la description des usages et quelques exemples. Mais en effet, la crypto monnaie est un terme utilitaire, tandis que coin et token sont des terme techniques.
Les cas d’usage du coin
Le premier cas d’usage, c’est bien entendu le fonctionnement de la blockchain en question. Sans le coin, la blockchain ne peut tout simplement pas tourner.
Le second cas d’usage, c’est celui de monnaie du réseau, que l’on appelle généralement carburant ou gas pour payer les frais de transaction aux personnes faisant tourner le réseau. C’est pour cela qu’on parle de gas fees pour les frais liés à l’exécution d’une opération sur une blockchain. Pour une blockchain utilisant le consensus de validation de la preuve de travail (PoW pour Proof-of-Work), ce sont les mineurs qui vont être rémunérés et récupérer ces gas fees. Tandis que ce sont les validateurs et les délégateurs qui reçoivent des récompenses pour une blockchain tournant à la preuve d’enjeu (PoS pour Proof-of-Stake).
Le troisième cas d’usage d’un coin est d’être le jeton utilitaire et de gouvernance du réseau. Par exemple, posséder le jeton permettra d’utiliser certaines applications tournant sur cette blockchain. Nous allons donner des exemples juste après. Quant au jeton de gouvernance, il permet par exemple de proposer et de voter pour des évolutions du protocole de la blockchain concernée. Le jeton peut aussi permettre d’utiliser un protocole en version bêta ou de fournir des réductions sur les frais de transaction.
Quelques exemples de coins pour rendre cela plus concret
Bitcoin (BTC) est l’exemple typique du coin. Issu de sa propre blockchain, il a pour rôle unique d’être une monnaie. Les frais de transaction sont également payés en BTC. En revanche, la particularité du protocole Bitcoin, qui est immuable, fait que le BTC n’est pas un jeton de gouvernance.
Ethereum (ETH) est l’autre coin très connu. À la différence du Bitcoin, il remplit tous les rôles :
- Il permet de faire tourner la blockchain Ethereum
- Il sert de monnaie du réseau et de frais de gas (gas fees)
- Il est un jeton utilitaire pour certaines applications décentralisées et un jeton de gouvernance
Le cas Ethereum est applicable à d’autres coins assez connus, comme Cardano (ADA), la crypto Solana (SOL), Polkadot (DOT) ou encore Avalanche (AVAX).
Les altcoins, des actifs numériques autres que le Bitcoin (BTC)
Définition générale de l’altcoin
Nous irons un peu plus vite sur les altcoins, qui sont des cryptos « alternatives ». Ce terme est apparu lors de la naissance d’autres cryptos aux côtés du Bitcoin. La définition est donc rapide, un altcoin est tout simplement toute crypto qui n’est pas Bitcoin !
À l’origine, il y a une explication qui se comprend aisément : les cryptos créées étaient toutes des dérivés du protocole Bitcoin. Citons par exemple, le Litecoin (LTC) et le fameux Dogecoin (DOGE)… lui-même issu du Litecoin ! C’est un peu les poupées russes ces histoires 😂 !
Ainsi, pour les différencier du roi Bitcoin, le terme altcoin s’est peu à peu imposé. Avec l’arrivée d’Ethereum (ETH), ce sont des protocoles très différents qui ont débarqué dans l’écosystème Web3. Cependant, cela n’a jamais remis en cause l’expression « altcoin« .
D’ailleurs, si une minorité estime qu’Ethereum n’est plus un altcoin, ce n’est pas forcément le cas de la majorité. En effet, bien que les deux se soient beaucoup différenciés depuis la création d’Ethereum en 2014, la blockchain créée par Vitalik Buterin est elle-même un dérivé de la blockchain Bitcoin. On peut donc dire qu’Ethereum est aussi un altcoin.
Cas d’usage des altcoins : comme les coins !
Les altcoins n’ont pas réinventé la roue. Leur usage est identique à ceux du coin et du token.
Les tokens, des actifs numériques qui n’ont pas leur propre blockchain
Définition générale du token
Au contraire du coin, le token (ou jeton en français) est un actif qui n’est pas issu de sa propre blockchain. Formulez autrement, il a besoin d’une blockchain externe pour être créé.
C’est la différence fondamentale, et la seule importante, entre un coin et un token.
Cas d’usage du token
Les cas d’usage du token sont plus restreints que ceux du coin. En effet, ils ne peuvent pas rémunérer les personnes qui font tourner le réseau ni être des jetons de gouvernance.
Leur principal cas d’usage est finalement d’être un jeton utilitaire et applicatif. Par exemple, ils peuvent être utilisés dans une application décentralisée, un metaverse ou encore être des jetons non fongibles (NFTs).
Les exemples de tokens
ERC-20, ERC-721… Vous avez sûrement déjà vu passer ces standards, sans forcément vous demander de quoi il en retournait. Ces standards sont tout simplement ceux des tokens créés sur la blockchain Ethereum.
Les tokens ERC-20 les plus connus sont les stablecoins, comme l’USDT et l’USDC. Ces derniers sont en effet des tokens Ethereum. Autre exemple, le célèbre Shiba Inu (SHIB) est aussi un token ERC-20.
Enfin, les NFTs, de standard ERC-721, sont aussi des tokens issus de la blockchain Ethereum. Néanmoins, si l’écrasante majorité des NFTs était il y a encore peu de temps des tokens Ethereum, nous trouvons de plus en plus de NFTs issus de la blockchain Solana et de la BNB Chain, la blockchain de la plateforme d’échange crypto Binance. Cela n’en reste pas moins des tokens.
Dans le metaverse, vous retrouverez aussi des tokens, car les metaverses les plus connus sont tous issus de la blockchain Ethereum.
Les security tokens : une immersion dans la finance traditionnelle
Les security tokens correspondent à des titres financiers (comme des actions ou des obligations) qui auraient été « tokenisés ». Cela signifie que ces titres ont été inscrits sur une blockchain et que les mouvements concernant ces actifs (ex. achat / vente) sont gérés depuis ce réseau, ce qui permet normalement rapidité, transparence et coûts faibles. En tout cas c’est l’objectif visé !
Une confusion courante entre coin et token
La principale difficulté est relative aux coins et aux tokens, car ils sont souvent confondus. En effet, un crypto-actif peut être à la fois un token et un coin. Cela dépend si l’on prend en compte la définition technique ou la définition utilitaire.
Cette confusion est souvent causée par une autre confusion, celle entre coin et crypto monnaie. En effet, le coin étant particulièrement associé au Bitcoin, la crypto monnaie par excellence, la confusion est donc aisée.
Ainsi, un coin au sens technique peut aussi être un token au sens utilitaire. C’est le cas de l’ETH d’Ethereum, issu de la blockchain Ethereum, et pouvant être utilisé comme un jeton utilitaire. Le DOT de Polkadot, l’ADA de Cardano et le SOL de Solana sont d’autres exemples de « coins-tokens » au sens utilitaire.
Au contraire, les stablecoins USDC et USDT sont des tokens au sens technique, mais des crypto monnaies au sens utilitaire.
Si nous faisons une rapide synthèse, il existe quatre possibilités :
- une crypto monnaie au sens utilitaire et un token au sens technique (stablecoins ERC-20),
- une crypto monnaie au sens utilitaire et un coin au sens technique (Bitcoin),
- un token au sens utilitaire et un coin au sens technique (Polkadot),
- un token aux sens utilitaire et technique (par exemple SAND, un token ERC-20 du metaverse The Sandbox)
Conclusion : vous êtes maintenant un expert !
Vous l’avez compris, la distinction entre coin et token n’est donc pas si simple. Surtout lorsqu’il s’agit de séparer les questions utilitaires et techniques ! Cependant, à moins d’être entre initiés ou passionnés, personne ne vous en voudra de mélanger les termes, et d’ailleurs personne ne le remarquera (sauf vous peut être maintenant 😉).