Si les crypto monnaies sont principalement connues grâce au Bitcoin (BTC), que beaucoup achètent en premier, elles sont beaucoup plus diverses qu’il n’y paraît. Ainsi, les stablecoins sont apparus il y a quelques années, avec un rôle bien particulier.
Ils sont nés en 2014, avec la mise en circulation des premiers jetons Tether (USDT). Ces tokens ont connu un essor considérable, notamment grâce à la finance décentralisée (Decentralised Finance, DeFi).
Ils sont très différents des crypto monnaies classiques, comme le Bitcoin ou l’Ethereum (ETH). Nous allons ici vous expliquer à quoi ils servent, leur utilité et leur fonctionnement.
Qu’est-ce qu’un stablecoin ?
Le stablecoin est, comme son nom l’indique, un jeton stable. Son but est de répliquer un actif, un indice financier ou une monnaie ayant cours légal (ex. le dollar, l’euro, le yen, …). Pour l’écrasante majorité, les stablecoins répliquent des monnaies.
Très concrètement, la plupart des stablecoins sont adossés au dollar américain 💵. C’est le cas des plus connus et des plus capitalisés, à savoir le Tether (USDT), l’USD Coin (USDC), le DAI ou encore le feu TerraUSD (UST) 💀.
Vous avez compris la principale différence avec, par exemple, le Bitcoin ? Ce dernier a une valeur qui lui est propre (35 000$, 40 000$, … en fonction des fluctuations). Ce n’est pas le cas d’un stablecoin. Ainsi, 1 USDT, 1 USDC ou 1 DAI valent tous la même chose : 1 dollar.
Il existe aussi des stablecoins pour l’euro. Circle (société émettrice de l’USD Coin) a lancé l’EUROC fin juin 2022, alors que Theter propose l’EURT comme stablecoin adossé à de l’euro. Ce stablecoin est par exemple disponible sur la plateforme Bitpanda ou sur l’application Zengo.
L’intérêt du stablecoin, c’est donc la garantie de connaître en permanence sa valeur. Or, alors que l’on voit les crypto monnaies comme un marché ultra-spéculatif, la capitalisation de l’ensemble des stablecoins dépasse les 100 milliards de dollars. Et deux d’entre eux (Tether et USDC) figurent régulièrement dans les 10 plus importantes capitalisations.
🥇 Le Tether (USDT) se démarque tout de même assez significativement de ses concurrents. En janvier 2024, les USDT en circulation représentent 87 milliards d’euros, contre 24 milliards d’euros pour les USDC et seulement 5 milliards d’euros pour DIA.
Vous saisissez donc leur importance pour l’ensemble de l’écosystème des crypto monnaies !
La société derrière Tether est iFinex, l’entreprise qui est également derrière la plateforme d’échange Bitfinex, et sa crypto Unus Sed Leo (LEO).
A quoi ça sert un Tether (USDT) ou un USD Coin (USDC) ?
Mais à quoi servent les stablecoins s’ils ont toujours le même prix ?
Il y a deux principales utilisations :
- La protection contre la volatilité, justement,
- Et le fonctionnement des protocoles de DeFi
Le premier cas d’usage est assez simple à comprendre. Si vous voulez avoir une partie de vos cryptomonnaies ayant une valeur stable (par exemple entre deux investissements, en attendant les bonnes conditions de marché), alors vous pouvez échanger vos cryptomonnaies volatiles (ex. BTC, ETH, ADA, APE, …) contre des stablecoins. Cela vous permet de rester dans l’univers des cryptomonnaies (contrairement au dollar, à l’euro, …) tout en protégeant cette somme. Cette pratique est d’ailleurs largement utilisée, puisque plusieurs stablecoins font partie du top 50 des plus grosses capitalisations crypto. Si vous utilisez une carte crypto monnaie les stablecoins seront d’ailleurs naturellement parmi vos poches d’actifs à débiter pour payer, plutôt que les crypto monnaies que vous souhaitez conserver.
Pour vous protéger de la volatilité, vous n’êtes pas obligés de passer par des stablecoins adossés à une monnaie comme le dollar ou l’euro. Vous avez également la possibilité d’utiliser des stablecoins adossés sur l’or, valeur de refuge par excellence. Ainsi, vous pouvez acheter du XAUt, émis par Tether par exemple.
Le second cas d’usage est plus complexe, c’est celui de permettre le fonctionnement des protocoles des DeFi. Sans rentrer des détails techniques, de nombreux protocoles utilisent ce que l’on appelle des pools de liquidités. Ils sont alimentés par des fournisseurs de liquidités (Liquidity Providers, LP), qui sont rémunérés en conséquence. Ces pools sont dans l’immense majorité des paires, où le token A s’échange avec le token B.
L’un de ces deux tokens est généralement un stablecoin, afin d’assurer une certaine stabilité du pool. En effet, lorsque l’un des tokens est un stablecoin, vous avez l’assurance de connaître le cours de la paire, par exemple ETH contre USDT. Prenons un exemple. Il est plus facile de se mettre d’accord sur le prix d’un cheval en dollars que de fixer le prix d’un cheval en nombre de fromages. Et bien si le Bitcoin est un cheval, l’Ethereum un fromage et le dollar un Tether, c’est la même chose. Il est plus facile d’avoir une idée du prix d’un Bitcoin en Tether (USDT) qu’une idée du prix d’un Bitcoin en Ethereum.
Dans notre article consacré à la fiscalité des crypto monnaies, nous vous avons donné une technique d’exonération légale. En cas de plus-value, convertissez vos cryptos contre des stablecoins. En effet, comme vous restez dans le monde crypto, il n’y a pas de taxation qui s’applique !
Comment fonctionne un stablecoin ?
Maintenant, vous vous demandez probablement comment le stablecoin peut garantir une valeur stable ?
Techniquement, les stablecoins sont des jetons classiques, généralement des ERC-20 (nous précisons pour les geeks 🤓), émis par la blockchain Ethereum.
Il y a globalement deux types de stablecoins :
- Les stablecoins garantis en cash
- Les stablecoins algorithmiques
Ce sont des entités centralisées qui émettent les stablecoins garantis en cash. Ces entités prévoient que chaque stablecoin émis est garanti par un équivalent en cash sur un compte bancaire. Ainsi, si 10 milliards du stablecoin X sont en circulation, et que celui ci réplique l’euro, l’entité centralisée doit avoir 10 milliards d’euros sur un compte bancaire.
Les stablecoins algorithmiques fonctionnent différemment et sont plus complexes à définir. Ici, pas d’entité centralisée, mais une émission entièrement décentralisée, en fonction de la demande. Quant à la garantie sur la valeur, elle est assurée par un panier d’autres crypto monnaies, lui aussi entièrement géré par un algorithme. Il faut donc une sacrée dose de confiance dans l’entité qui gère l’algorithme !
Le Tether (USDT) et l’USDC sont deux stablecoins gérés par une entité centralisée et garantis en cash. Au contraire, le TerraUSD (UST) et le DAI sont deux stablecoins algorithmiques et décentralisés. Pour l’UST il vaudrait mieux parler au passé…
Le principal risque des stablecoins est la perte de l’adossement, ce moment où 1 USDT ne vaut plus 1 dollar. Bien entendu, il n’est pas rare que la valeur oscille entre 0,99 et 1,01. Il faut laisser le temps d’acheter ou revendre des dollars pour ajuster. Mais lorsqu’il y a des ventes massives et soudaines de cryptomonnaies en question, il se peut que la valeur du stablecoin ne soient plus exactement garantie. Cependant, ce risque est désormais très rare pour les stablecoins les plus importants. Vous verrez beaucoup de personnes paniquer si la valeur passe quelques minutes à 0,985 dollar !
En mars 2023, la parité de l’USDC n’a plus été assurée pendant une petite période (du 11 au 13 mars), suite à la faillite de la Silicon Valley Bank.
Circle, la société émettrice de l’USD Coin, avait 3,3 milliards de dollars de ses dépôts à la Silicon Valley Bank, ce qui a crée un vent de panique. Heureusement, celui-ci n’a été que d’une courte durée, et les échanges ont repris normalement !
L’impact du règlement MiCA sur les stablecoins
Depuis le 30 juin 2024, une partie du règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), celle relative aux stablecoins, est entrée en application. A partir de cette date, pour émettre des stablecoins au sein de l’Union Européenne, il faut avoir un agrément d’établissement de monnaie électronique.
✅ Il se trouve que Circle a bien obtenu cet agrément, et donc l’USDC peut tout à fait être utilisé, en toute conformité. Cet agrément a été délivré par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR).
Par ailleurs, c’est également le cas pour Forge, l’entité de la Société Générale dédiée aux actifs numériques. Ils en ont profité pour ouvrir l’utilisation de leur jeton, le CoinVertible (EURCV) aux particuliers, là où il était réservé aux institutionnels.
❌ En revanche, Tether et son USDT n’a pas annoncé avoir obtenu un tel agrément à ce stade. Et il n’est même pas dit qu’ils souhaitent l’obtenir ! Peut-être va-t-il falloir rapidement convertir tous vos USDT en USDC si vous êtes basé en Europe comme moi.
Est-ce qu’il y a de nouveaux stablecoins ?
Si ces types de crypto actifs ont vocation à avoir un prix stable, la liste des principaux actifs est loin de l’être !
Certains stablecoins disparaissent…
Le Terra (LUNA) a quasiment disparu des radars, après son effondrement fracassant en mai 2022. A lui seul, il est le principal responsable de la chute des cours des crypto monnaies. Pour cause, ce scandale que personne n’avait vu venir a engendré une crise de confiance du marché et des ventes massives.
Le Binance USD (BUSD), stablecoin lancé par la plateforme Binance avec la société Paxos, voit sa capitalisation fondre progressivement depuis début 2023. Cela fait suite à des démêlés avec le régulateur américain, la Securities and Exchange Commission (SEC).
… tandis que d’autres émergent
De nouveaux acteurs profitent de la chute des anciens pour grapiller des places. Ainsi, dans le sillage du déclin du BUSD, nous pouvons voir TrueUSD (TUSD) se faire une place au soleil. Sa capitalisation a triplé entre février et juillet 2023, atteignant plus de 2,8 milliards d’euros.
Dernier né en date, PayPal USD (PYUSD) a été lancé à l’été 2023 par le géant des paiements en ligne. Géré par la société Paxos, ce stablecoin est également adossé au dollar américain. Il est garanti par des dépôts en dollars ainsi que des bons du Trésor américain. En janvier 2024, le stablecoin de PayPal affiche une capitalisation de marché encore très modeste de 300 millions de dollars environ. Nous sommes bien loin des dizaines de milliards de Tether.
Je pourrais également évoquer les nombreux projets de Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC ou CBDC en anglais) qui visent à créer un euro numérique, un yuan numérique, etc. La différence étant tout de même qu’un euro numérique n’est pas censé répliquer le cours de l’euro… mais tout simplement valoir un euro !
Où acheter des stablecoins ?
Vous pouvez acquérir des stablecoins sur toutes les grandes plateformes d’échange. Dans la mesure où ils permettent de temporiser entre deux trades, tout en évitant d’être imposé à ce stade, il est normal que ces outils soient disponibles un peu partout, tant ils sont nécessaires pour le trading de cryptos.
Pour les plus aguerris d’entre vous, vous pouvez également acheter des stablecoins sur les protocoles de DeFi. Néanmoins, il est nécessaire de savoir maîtriser son propre portefeuille crypto.
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L’avis de Finance Héros
À la lecture de cet article, vous avez compris que les stablecoins ne permettent pas de faire des gains en tant que tel. En revanche, ils sont indispensables à tout l’écosystème crypto. En effet, sans eux, les protocoles de DeFi ne pourraient pas fonctionner et ils en sont la principale composante.
Or, c’est dans ces protocoles que l’on peut faire les gains les plus importants. Mais, qui dit gains plus importants dits aussi risques plus importants ! A vous de jongler entre l’investissement dans des cryptomonnaies prometteuses ou de nouvelles cryptomonnaies pour réaliser des plus-values, et des stablecoins pour temporiser entre deux investissements.
Enfin, les stablecoins pourraient-ils jouer un rôle dans la vie de tous les jours à l’avenir ? Dans un monde où nous pourrions payer en Tether (USDT) dans les magasins ? C’est ce que certains pensent… ce qui pourrait asseoir encore plus la dominance du dollar américain sur le marché monétaire.