Qu’est-ce que l’EBITDA ?
L’EBITDA (ou Earnings Before Interests Taxes Depreciation and Amortization) est un acronyme anglo-saxon qui se traduit par « Bénéfices avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements et aux provisions sur immobilisations ». L’EBITDA mesure la rentabilité d’une entreprise indépendamment de sa structure financière (les dettes impliquent des intérêts), de ses investissements (les actifs impliquent des amortissements) et du paiement de l’impôt sur les bénéfices (l’impôt sur les sociétés en France).
🌍 L’EBITDA est un indicateur de gestion américain mais dont l’utilisation s’est internationalement imposée, y compris en France.
⚠️ Attention aux faux amis :
- Le terme anglais « Depreciation » se réfère aux dépréciations et amortissements des actifs corporels et incorporels hors goodwill (survaleur).
- Le terme anglais « Amortization » se réfère, quant à lui, aux dépréciations et amortissements du goodwill (survaleur) uniquement.
⚠️ Il y a taxes et taxes :
- Les “Taxes” dont l’EBITDA parle sont ceux relatifs aux impôts sur les bénéfices (l’impôt sur les sociétés en France).
- Les autres taxes (la contribution économique territoriale, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et la taxe d’apprentissage pour ne citer qu’elles) sont bien comprises dans le calcul de l’EBITDA.
Comment calculer l’EBITDA ?
Un simple compte de résultat vous permettra de calculer votre EBITDA. Le compte de résultat est l’un des trois états financiers (avec le bilan et le tableau de flux de trésorerie) que toute entreprise doit obligatoirement produire annuellement.
Pour calculer l’EBITDA, il existe deux approches :
- Soit vous partez du chiffre d’affaires de l’entreprise et vous retranchez l’ensemble des charges d’exploitation comprises dans le solde, c’est-à-dire les achats et charges externes, les charges de personnel et les impôts et taxes (hors impôts sur les sociétés). C’est ce que nous appelons l’approche “soustractive”.
EBITDA = Chiffre d’affaires – achats et charges externes – charges de personnel – impôts et taxes (hors impôts sur les bénéfices)
- Soit vous partez du bénéfice (résultat net) de l’entreprise et vous y ajoutez les intérêts, les dotations sur actifs immobilisés et l’impôt sur les sociétés. C’est ce que nous appelons l’approche “additive”.
EBITDA = Bénéfices + impôt sur les bénéfices + charges financières + dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations
Exemple illustratif d’un compte de résultat :
Chiffre d’affaires | 1 000 000 € |
Achats et charges externes | – 300 000 € |
Charges de personnel | – 130 000 € |
Impôts et taxes | – 50 000 € |
Dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations | – 20 000 € |
Résultat d’exploitation | 500 000 € |
Produits financiers | – |
Charges financières | – 50 000 € |
Résultat courant avant impôts | 450 000 € |
Impôt sur les bénéfices | – 135 000 € |
Bénéfices | 315 000 € |
Dans cet exemple l’EBITDA s’élève à :
- 1 000 000 – 300 000 – 130 000 – 50 000 = 520 000 € via la méthode soustractive
- 315 000 + 135 000 + 50 000 + 20 000 = 520 000 € via la méthode additive
➡️ La méthode soustractive et la méthode additive conduisent au même résultat.
Si vous souhaitez investir en bourse ou simplement acheter des actions via un compte titre ou un PEA, la démocratisation de cet indicateur est telle que l’EBITDA de l’entreprise qui vous intéresse est probablement disponible dans l’analyse de ses états financiers.
Quelles sont les différences entre l’EBITDA et l’EBE ?
À tort, nous pouvons parfois lire que l’EBITDA correspond à notre EBE (Excédent Brut d’Exploitation) français. Voici les deux principales différences.
L’EBITDA n’est pas un indicateur normé (pas même aux Etats-Unis) et n’a donc pas de reconnaissance comptable officielle. Ce qui laisse de la place à son interprétation voire, dans certains cas, à sa manipulation. L’EBE, quant à lui, est un solde intermédiaire de gestion (SIG) défini par le Plan Comptable Général (PCG) et qui ne laisse donc aucun degré de liberté quant à son calcul.
L’EBITDA inclut des charges que l’EBE ne prend pas en compte :
- La participation des salariés est dans l’EBITDA mais pas dans l’EBE -> Une entreprise qui verse une participation à ses salariés a un EBITDA plus faible que son EBE.
- Les charges exceptionnelles sont dans l’EBITDA mais pas dans l’EBE -> Une entreprise qui dégage un résultat exceptionnel négatif a un EBITDA plus faible que son EBE.
Les indicateurs comme l’EBITDA et l’EBE sont valables pour la plupart des entreprises, mais pas pour les services financiers, comme les banques ou les assurances qui ont leurs indicateurs spécifiques (ex. coefficient d’exploitation, ratio Sinistres / Primes).
Certains groupes avec plusieurs types de business comme FIDUCIAL vont même mélanger les deux, avec des activités où l’EBITDA a du sens (ex. vente de solutions informatiques) et d’autres non, comme FIDUCIAL Banque.
Quelles sont les différences entre l’EBITDA et l’EBIT ?
L’EBIT correspond à l’EBITDA déduction faites des dotations aux amortissements et aux provisions sur actifs immobilisés (les D&A). L’EBIT donne une idée de la marge opérationnelle de l’entreprise après prise en compte de la politique d’investissement (matérialisée par les D&A).
Deux entreprises, en tous points similaires, peuvent avoir les mêmes EBITDA mais des EBIT différents. C’est le cas si la première a fait le choix d’investir dans une nouvelle machine-outil par exemple, mais pas la deuxième. L’entreprise qui a investi dans la nouvelle machine-outil aura un EBIT inférieur car elle devra amortir l’actif sur sa durée de vie, elle aura donc un niveau supérieur de charges.
⚠️ Le niveau d’EBIT ne permet pas à lui seul de conclure que la première entreprise est mieux gérée que la deuxième : la nouvelle machine-outil, malgré son impact sur les charges, peut être investissement indispensable pour maintenir le niveau des ventes de l’entreprise voire un formidable levier de croissance du chiffre d’affaires.
Quelles sont les différences entre l’EBITDA et l’EBITDA ajusté ?
Dans un contexte de transaction (fusions-acquisitions), l’acheteur cherche à minimiser l’EBITDA de l’entreprise afin de diminuer son prix d’achat. En revanche, un vendeur, qui a des intérêts opposés, cherchera à maximiser son prix de vente. C’est pourquoi, acheteur et vendeur chercheront à justifier un « EBITDA ajusté » des éléments qu’ils jugent ou non exceptionnels et devant entrer ou non dans le calcul du solde.
Comme l’EBITDA n’est pas indicateur normé, tous les postes du compte de résultat peuvent potentiellement faire l’objet d’un retraitement.
- Exemple 1 : un acheteur peut vouloir retraiter le chiffre d’affaires d’une vente exceptionnelle qui ne se reproduira pas (le revenu n’étant pas pérenne). En retraitant cette vente exceptionnelle, l’acheteur diminue d’autant l’EBITDA de la société pour diminuer la valeur de l’entreprise.
- Exemple 2 : un vendeur peut vouloir retraiter de ses charges, les frais exceptionnels de réparation d’une machine-outil suite à une panne (la panne ne devant pas se reproduire à l’avenir). En retraitant cette charge, le vendeur augmente d’autant l’EBITDA de la société pour augmenter la valeur de l’entreprise.
Si l’EBITDA n’a pas de reconnaissance comptable, l’EBITDA ajusté en a encore moins. Dans le cadre de l’achat ou de la vente d’une entreprise, ne vous laissez pas impressionner par des ajustements qu’on tenterait de vous faire accepter. Faites tourner à plein votre sens critique !
Pourquoi l’EBITDA intéresse-t-il les investisseurs ?
L’EBITDA, un indicateur de rentabilité
L’EBITDA permet à un investisseur d’appréhender la création de richesse d’une entreprise avant toute charge calculée (D&A). Un EBITDA positif indique que le cycle d’exploitation d’une société ne dégage pas de pertes.
⚠️ L’EBITDA ne garantit pas la rentabilité d’une activité : une entreprise peut avoir un EBITDA positif mais avoir également une quantité importante de dettes à financer et une quantité importante d’actifs à amortir. Dans cet exemple le résultat net peut-être nul voire négatif.
⚠️ L’EBITDA ne garantit pas la capacité d’une entreprise à générer de la trésorerie : une société peut avoir un EBITDA et un résultat net positifs mais consommer du cash. C’est souvent le cas d’entreprises qui ont un besoin en fonds de roulement important et qui augmente avec la croissance de l’activité.
L’EBITDA, un outil de comparaison
L’EBITDA s’est considérablement démocratisé au cours de ces dernières décennies. Grâce à lui il est possible pour n’importe quel investisseur de se rendre compte, en un coup d’œil, du niveau de création de richesse d’une entreprise. Qu’importe son activité, qu’importe son business model et qu’importent les spécificités comptables de son pays de résidence. Grâce à l’EBITDA un japonais peut appréhender rapidement la rentabilité d’une entreprise de logistique située dans le nord de la France et réciproquement.
Pour comparer des entreprises, le mieux est de rapporter l’EBITDA des sociétés à leur chiffre d’affaires respectif. C’est ce qu’on appelle le « taux d’EBITDA ».
L’EBITDA, un repère de valorisation
De même qu’en matière d’immobilier nous disons volontiers « j’ai vendu mon trois-pièces 10.000€ le mètre carré », en évaluation d’entreprises nous disons volontiers « j’ai vendu ma PME 10 fois son EBITDA ».
Le graphique ci-dessous donne une estimation des multiples moyens d’EBITDA au T3-2022 par secteur d’activité. Nous voyons, par exemple, que les entreprises du secteur des télécommunications se négocient à un multiple beaucoup plus faible que les entreprises du secteur de la santé (7,1x contre 16,9x).
➡️ L’EBITDA s’impose comme une référence, un repère en matière de valorisation d’entreprises.
L’EBITDA peut-il être manipulé ?
Pour Warren Buffet la réponse est OUI !
Voici quelques citations explicites :
- « Je suis étonné de voir à quel point l’utilisation de l’EBITDA s’est généralisée. Les gens s’en servent pour maquiller les états financiers. »
- « L’EBITDA, nous fait frémir. Le management croit-il que les capex sont payés par la fée clochette ? »
- « Nous n’investissons pas dans les entreprises qui parlent d’EBITDA. Si vous sépariez les entreprises qui suivent cet indicateur de celles qui ne le suivent pas, je pense que vous trouverez beaucoup plus de fraudes chez les premières ».
Warren Buffett n’y va pas par le dos de la cuillère ! Pour autant, faut-il proscrire l’utilisation de l’EBITDA ? Quelques éclairages me semblent utiles.
Pour prendre une bonne décision financière, le tout est d’avoir conscience des limites de l’EBITDA. Ne jetons pas trop hâtivement le bébé avec l’eau du bain.
🚨 L’EBITDA est un solde qui n’est pas normé et qui peut être manipulé. Il faut le savoir et il faut être vigilant !
Veillez par exemple à :
- ce que l’ensemble des charges d’exploitation soient bien comprises dans le solde. N’acceptez pas un retraitement qui ne trouve pas de justification solide.
- ce que la formule de calcul soit équivalente d’années en années et qu’elle n’évolue pas au gré des circonstances.
🚨 L’EBITDA est un solde qui ne prend pas en compte la politique d’investissement, la politique de financement et la contrainte fiscale. Il prétend uniquement donner une indication de rentabilité opérationnelle.
Pour bien appréhender la performance financière d’une entreprise, l’EBITDA est à mettre en lumière avec :
- d’autres agrégats (l’EBIT, l’EBT etc.)
- des ratios financiers (ROE, ROCE etc.)
- les flux de trésorerie (cash is king)
➡️ En conclusion, même s’il a des limites, l’EBITDA s’impose comme un incontournable de l’évaluation d’entreprise.
Questions fréquentes
Un EBITDA est bon lorsque :
– il permet de dégager un niveau satisfaisant de trésorerie après financement de la variation du besoin en fonds de roulement (BFR), après financement des investissements et après remboursement de la dette et paiement de ses intérêts. Ce niveau de trésorerie permettra de rétribuer les actionnaires de l’entreprise via le versement de dividendes par exemple.
– il est supérieur aux EBITDA de sociétés du même secteur jugées comparables.
Attention, la TVA n’est pas une charge pour l’entreprise. L’entreprise joue uniquement le rôle de collecteur de TVA. C’est d’ailleurs pour cette raison que les postes du compte de résultat sont présentés exclusivement en “Hors Taxes”, c’est-à-dire “Hors TVA”.
La TVA pourra en revanche apparaître au bilan de l’entreprise. C’est le cas par exemple quand, en fin d’année, l’entreprise doit restituer un solde de TVA collectée à l’administration fiscale. Dans cet exemple, c’est ce que nous appelons la “TVA à décaisser” qui apparaîtra au passif de l’entreprise.
Le Goodwill ou Survaleur est un actif incorporel qui résulte, lors d’une acquisition, de l’écart entre le prix payé et la juste valeur des actifs et passifs acquis. Cet écart d’acquisition fait l’objet de tests de validité (impairment test) ou d’un amortissement annuel selon les normes comptables du pays de résidence de l’entreprise.
Exemple (simplifié volontairement) : si j’achète 100K€ une entreprise sans passif et qui possède pour unique actif un local de 80K€, la survaleur payée s’élève à 20K€.
Un ratio financier est un pourcentage ou un coefficient calculé entre plusieurs agrégats issus du compte de résultat ou du bilan d’une société. Ils permettent de les mettre en perspective et de les comparer à d’autres sociétés. Il en existe des dizaines parmi lesquelles le PER ou le ROCE.
Les logiciels de facturation et comptabilité n’ont pas vocation à présenter l’EBITDA. Cet indicateur n’est pas normé donc non présentable sans « intervention humaine ». Au passage, les logiciels de facturation deviennent progressivement obligatoires pour toutes les entreprises à partir de juillet 2024. Rendez-vous sur notre article dédié pour en savoir plus !
La CAF prend en compte l’ensemble des produits et charges encaissables issus du compte de résultat. L’EBITDA ne prend pas en compte les produits et charges encaissables issus du résultat exceptionnel et financier ainsi que l’impôt sur les sociétés.
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