Définition – Qu’est ce que le LIBOR ?
Le LIBOR, acronyme de London Interbank Offered Rate, est un taux d’intérêt interbancaire de référence. Celui-ci correspond au taux moyen auquel les principales banques londoniennes s’accordent entre elles des prêts sans garantie à court terme.
Le LIBOR est calculé chaque jour à 11 heures. Il est ensuite publié par l’association des banquiers britanniques : la British Bankers’ Association (BBA).
Le LIBOR a été pendant longtemps le taux d’intérêt court terme le plus utilisé dans le monde ! C’est, d’ailleurs, indexé en référence au LIBOR que sont exprimés certains taux d’intérêt de prêts à court terme que les banques vous accordent.
Le LIBOR est également connu des investisseurs des marchés boursiers car il sert de référence aux taux de financement des principaux produits dérivés à effet de levier. On dira par exemple, que le taux fourni est « LIBOR + 2,5%« .
Comment le LIBOR est-il calculé ?
La méthodologie de calcul du LIBOR est donnée par la FCA (Financial Conduit Authority). Ainsi le LIBOR est la moyenne arithmétique des taux d’intérêt offerts par un échantillon de banques londoniennes pour une devise donnée et à une échéance déterminée. En outre, les taux les plus extrêmes (quartile inférieur et supérieur) sont exclus du calcul car ils ne sont pas vraiment représentatifs de l’état du marché.
En revanche, les taux donnés par les banques ne correspondent pas forcément à des opérations réellement effectuées. En effet, les taux sont les réponses à un simple sondage : « A quel taux emprunteriez-vous des fonds en acceptant des offres interbancaires pour un montant raisonnable, juste avant 11 heures ? ».
En principe, chaque banque communique un taux sans connaître la réponse des autres. Principalement deux paramètres sont pris en compte par les banques : la devise et la maturité. En effet, le LIBOR est calculé pour 10 devises comme l’USD (dollar américain), le GBP (livre sterling), le JPY (yen), le CHF (franc suisse), l’EUR (euro) et pour 15 maturités différentes allant de 1 jour à 12 mois.
Quels sont les avantages et les inconvénients du LIBOR ?
Il n’y a pas un mais plusieurs taux LIBOR ! Ainsi chaque jour, la BBA publie 150 taux. La publication quotidienne des taux LIBOR est un procédé plus stable que serait un taux d’intérêt interbancaire international reposant sur une seule devise. En outre, le LIBOR est un indicateur qui reflète la bonne santé des institutions financières. En effet, si le LIBOR venait à augmenter fortement, celui-ci permettrait d’identifier un problème de financement dans l’économie.
Cependant le LIBOR, étant fondé sur le résultat d’une enquête et non sur des transactions effectuées par les banques, est susceptible d’être facilement manipulé. C’est d’ailleurs cette défaillance qui est à l’origine d’un scandale !
Le scandale du LIBOR
Le 16 avril 2008, le Wall Street Journal révèle l’existence probable d’une manipulation de grande ampleur du taux LIBOR. En effet, deux journalistes ont tenté de reproduire le calcul du LIBOR. En comparant leur résultat avec le taux publié par la BBA, les journalistes ont alors constaté que le LIBOR communiqué par la BBA était sous-évalué de 0,3 point de base par rapport à celui qu’ils avaient calculé. Il s’est très vite avéré que le LIBOR avait été falsifié !
Pourquoi une telle manipulation avait-elle eu lieu ? Les banques ont un intérêt particulier à manipuler le taux LIBOR à la baisse. La banque doit emprunter à court terme pour prêter à long terme. Le LIBOR étant une référence dans la fixation des taux d’intérêt des prêts à court terme, il est donc dans l’intérêt de la banque que le LIBOR soit bas. De plus, dans un contexte de crise financière, un LIBOR bas refléterait une bonne santé pour le groupe des banques participant à la détermination de ce taux par rapport aux autres institutions financières en difficulté.
Le scandale se diffuse très rapidement dans le monde entier dans la mesure où le LIBOR est un indicateur qui sert de base pour des énormes prêts à destination non seulement des entreprises mais aussi à des milliers de ménages. Dès l’éclatement du scandale au grand public, il y a une ouverture de procédures judiciaires. Les banques ayant participé à la manipulation du taux ont été poursuivies et condamnées. UBS a ainsi été condamnée en décembre 2012 à 1,5 milliard de dollars d’amende. Dans le cadre de ce scandale, il y a eu également de nombreux licenciements et démissions comme celle du président de Barclays, Marcus Agius.
Réactions au scandale et disparition du LIBOR
Suite au scandale, la FCA a décidé le 1er février 2014 le transfert du calcul du LIBOR de la BBA à l’IBA (ICE Benchmark Administration). À cela s’ajoute le fait que le nombre de publications quotidiennes des taux LIBOR a été réduit à 35 (5 devises et 7 maturités). Enfin l’IBA s’appuie autant que possible sur les transactions qui ont eu lieu afin d’éviter toute déformation du LIBOR. Dès le 27 juillet 2017, Andrew Bailey a fait part au nom de la FCA de la volonté de faire disparaître le LIBOR d’ici la fin de 2021. C’est ainsi que la FCA a confirmé le 5 mars 2021 la cessation de la publication des LIBOR EUR, CHF, JPY et GBP après le 31 décembre 2021. Quant à celle du LIBOR USD, elle ne s’interrompra qu’après le 30 juin 2023. Désormais il s’agit de réfléchir à un indicateur fiable qui pourrait remplacer le LIBOR. Des taux alternatifs ont déjà été envisagés comme les taux prédéterminés ou post-déterminés à partir de RFR.
Enfin, des taux de remplacement ont déjà émergé et ont été mis en place en tant que substituts au LIBOR sur le marché monétaire. C’est notamment le cas des taux suivants :
- de l’EONIA, de l’ESTER et de l’EURIBOR en Europe,
- du SONIA au Royaume-Uni,
- du SOFR aux États-Unis,
- du TONAR au Japon,
- et du SARON en Suisse.
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