Définition : la vente à découvert
En bourse, la vente à découvert (VAD) consiste à vendre une action que vous ne possédez pas. C’est une opération de trading très pratiquée par les hedge funds, mais aussi par certains investisseurs individuels.
➡️ En vendant à découvert, vous pariez sur la baisse du prix d’une action : si son cours baisse effectivement, vous réaliserez une plus-value. Mais si, au contraire, l’action s’apprécie, vous essuierez une perte.
La vente à découvert s’adresse aux investisseurs avertis. Si vous débutez, nous vous recommandons la lecture de notre guide Investir en bourse.
Le fonctionnement de la vente à découvert
🤔 Comment peut-on vendre une action qu’on ne possède pas ? La vente à découvert peut, en effet, vous sembler mystérieuse, mais nous allons voir que le mécanisme est finalement assez simple.
Supposons que vous vouliez vendre à découvert l’action Tesla. Vous pensez qu’à 800 € l’action, le titre est surévalué. Pour arriver à vos fins, vous pouvez aller trouver un heureux propriétaire de l’action Tesla et la lui emprunter. Moyennant une légère rétribution, celui-ci accepte de vous la prêter pour une durée d’un mois. Vous pouvez alors vendre cette action à 800 € et empocher la somme. Il faudra néanmoins en racheter une pour la lui rendre. Un mois plus tard, supposons que le prix de l’action soit tombé à 600 €. Vous la rachetez et vous la rendez à votre prêteur. Bénéfice de votre l’opération : 200 € par action !
Bien entendu, si le cours de l’action s’était apprécié, vous auriez dû racheter l’action plus chère, ce qui aurait entraîné une moins-value.
L'emprunt de titres est donc le mécanisme de base de la vente à découvert. Heureusement, en pratique, c’est votre courtier en bourse qui se charge de l’opération. Sachez aussi que beaucoup de produits dérivés permettent de vendre à découvert ; la banque d’investissement qui structure le produit devra alors faire peu ou prou la même opération.
En pratique, comment vendre à découvert ?
Vendre à découvert avec le SRD
Le Service de Règlement Différé (SRD) permet d’acheter et de vendre des actions aujourd’hui, en les payant à la fin du mois. Vous différez le règlement de vos opérations. En fin de mois, vos positions sont dénouées, de sorte que le règlement ne porte que sur le différentiel de prix. Vous empochez la plus-value des positions gagnantes, mais vous payez la moins-value en cas de perte.
Concrètement, si vous passez un ordre de vente de 1 000 € sur l’action Total, cela ne vous coûte rien (sauf les frais de transaction). À la fin du mois, la position est dénouée. Si Total s’est appréciée de 1%, vous touchez 10 €, si l’action a baissé de 1%, vous perdez 10 €.
Pour que la transaction initiale puisse avoir lieu, votre courtier vous fait crédit. Cela engendre des frais supplémentaires, de l’ordre de 0,02% par jour. Par ailleurs, si vous souhaitez conserver votre position d’un mois sur l’autre, il faudra vous acquitter des frais de prorogations.
Afin d’éviter toute incapacité de payement en fin de mois, vous devrez avoir une couverture. C’est-à-dire des liquidités ou des titres en quantité suffisante sur votre compte. Si jamais vos positions deviennent fortement perdantes au cours du mois, votre courtier vous demandera d’apporter des liquidités supplémentaires ; c’est un appel de marge. À défaut, vos positions seront automatiquement clôturées.
❌ Seules 130 actions sont éligibles au SRD et uniquement des actions cotées sur Euronext Paris. Cette limitation a poussé certains courtiers comme Degiro à créer leur propre système de trading sur marge.
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Vendre à découvert avec des produits dérivé
Plusieurs produits dérivés permettent de vendre à découvert. C’est en particulier le cas des placements boursiers suivants :
- Les futures et les contrats à terme, particulièrement utilisés pour parier sur la baisse des indices boursiers et des matières premières.
- Les CFD (Contract for Difference), très simples d’utilisation, ils permettent également d’avoir un fort effet de levier.
- Les put options, les warrants et les turbos ont le gros avantage de ne pas présenter d’appel de marge. Ils sont néanmoins plus coûteux.
- Les ETF short, comme l’ETF short CAC 40 sont utiles pour parier sur la baisse des indices boursiers. Ils ont, pour certains, l’avantage d’être éligibles au PEA (c’est même la seule façon de parier contre la marché dans un PEA).
Chacune de ces possibilités présente des avantages et des inconvénients. Désormais les CFD sont les plus utilisés par les investisseurs particuliers car ce sont les plus simples, les plus intuitifs mais aussi parmi les plus liquides.
Dans tous les cas, nous vous recommandons de bien comprendre le fonctionnement de ces produits avant toute opération.
Quel courtier pour vendre à découvert ?
La quasi-totalité des courtiers en bourse français se reposent sur le SRD pour vendre à découvert. Malheureusement ce n’est ni le système le plus pratique ni le plus économique :
- avec le SRD, vos positions sont normalement clôturées en fin de mois, sauf à les prolonger moyennant des frais de prorogation ;
- la quantité d’actions éligibles est réduite, il s’agit de quelques centaines d’actions, essentiellement françaises ;
- les taux de financement sont élevés, par exemple, que le compte-titres de Boursorama, les frais sont calculés quotidiennement, sur une base annuelle de 8,3%.
Bref, vous l’aurez compris, nous vous déconseillons les courtiers français si vous souhaitez vendre à découvert (et même en général, car ils sont globalement chers). Au contraire, nous vous recommandons plutôt des courtiers européens d’envergure internationale. Voici nos trois préférés.
Attention avec l’utilisation des CFD : 51% des comptes CFD particuliers perdent de l’argent sur eToro et 77% avec XTB. Vous ne perdrez toutefois jamais plus que le montant investi dans chaque position.
Degiro a un système équivalant au SRD, mais nettement plus simple et moins coûteux : le taux annuel appliqué dans la plupart des cas est de l’ordre de 1%. Quant à XTB et eToro, la vente à découvert s’effectue grâce à des CFD. Le coût de financement dépend de l’actif concerné, comptez entre 1 et 4% par an.
Nos conseils : quand vendre à découvert ?
A long terme, les marchés financiers sont haussier
Sur le long terme, les marchés financiers, dans leur ensemble, suivent une tendance haussière. Cela s’observe aisément sur l’historique des principaux indices boursiers internationaux, comme le CAC 40, le S&P 500 ou le MSCI World.
❌ Si vous vendez systématiquement à découvert, vous avez donc les statistiques contre vous : en moyenne vous serez perdant.
Anticiper l’éclatement d’une bulle
Il arrive néanmoins que des bulles financières se forment. Une bulle est marquée par une valorisation des actifs, déraisonnable, incohérente et déconnectée de la réalité. C’est ce que le prix Nobel d’économie Robert Shiller appelle « l’exubérance irrationnelle« .
Une bulle peut être généralisée, comme l’a été celle qui a précédé le krach de 2008, ou localisée à une entreprise ou un secteur d’activité. Si vous êtes capable d’anticiper l’éclatement d’une bulle, alors une vente à découvert peu être très lucrative.
Cependant, ayez en tête qu’il est particulièrement difficile d’identifier une bulle. Et, il est encore plus difficile d’anticiper le moment où elle va éclater. Lorsque vous vendez à découvert, vous faites le pari d’avoir raison quand le marché à tort. C’est un pari risqué !
Attention aux appels de marge
Si vous vendez un titre à découvert, sur le SRD ou avec des CFD, vous pouvez subir des appels de marge. Un appel de marge se produit si le cours d’une action monte alors que vous pariez à la baisse. Par mesure de sécurité, votre courtier vous demandera alors d’apporter des liquidités supplémentaires. Si vous n’êtes pas en mesure d’apporter ces liquidités, votre broker clôture votre position.
C’est une difficulté supplémentaire liée à la vente à découvert. Vous pourriez, par exemple, avoir raison en pariant sur l’éclatement d’une bulle. Mais, en vendant trop tôt, vous subiriez des appels de marge. Et, s’ils sont trop importants, vous pourriez être obligé de clôturer votre position avant la baisse !
Si vous souhaitez vendre à découvert une action très volatile, nous vous recommandons plutôt d’utiliser un warrant put. Cela vous évitera des appels de marge excessifs en cas pics soudains.
Comment réduire les risques d’une vente à découvert ?
Par construction, la vente à découvert est une opération plus risqué que le simple fait d’acheter une action puisqu’il y a une asymétrie dans le profil de gain et de perte :
- les gains sont limités car le prix de l’action ne peut pas descendre en dessous de zéro ;
- en revanche, les pertes sont potentiellement illimitées car le prix de l’action peut être multiplié par 2, par 10, par 20 ou plus.
Pour éviter de vous faire complètement rincer, vous avez plusieurs options :
- mettre en place un stop-loss, à savoir un ordre de bourse qui se déclenchera automatiquement pour clôturer vos positions si vos pertes dépassent un certain montant ;
- neutraliser les effets de marché : en ayant une position à la hausse sur un indice boursier et une position à la baisse sur un titre, vous pariez sur la baisse du cours relativement à son indice de référence. Cela vous permet donc de vous protéger contre un rallye haussier qui emporterait tout sur son passage.
Enfin, comme à chaque fois en matière d’investissement, pensez à diversifier vos opérations !
Vos questions pratiques
Le PEA permet de réduire la fiscalité de vos plus-values boursières. Cependant, le SRD n’est pas autorisé dans un PEA. Les produits dérivés ne sont pas, non plus, autorisés dans un PEA. Les seuls placements financiers à disposition dans un PEA pour vendre à découvert, sont certains ETF inversés. Pensez à limiter vos frais de transaction en transférant votre PEA auprès des meilleurs courtiers !
Non, il n’est pas possible de vendre à découvert toutes les actions. Seules les plus grandes entreprises, avec de gros volumes de transactions sont éligibles au SRD. Il en va de même des produits dérivés.
Oui, il est possible de vendre des indices boursiers et des matières premières, essentiellement avec des futures et des ETF inversés (ETF short) et des CFD.
Si vous vendez une action à découvert, on dira que vous êtes short de ce titre. Le terme a d’ailleurs été popularisé par le film The big Short qui raconte, entre autres, l’histoire du trader Michael Burry (joué par Christian Bale) ayant acheté des CDS sur les cré peu de temps avant le krach des subprimes !
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