Les small caps ou (à savoir les petites capitalisations boursières) sont réputées plus performantes que les grosses entreprises. Mais est-ce vraiment le cas ? Et si oui, comment en profiter intelligemment ?
➡️ Dans cet article, on vous donne les informations clés à connaître avant d’investir dans des small caps !
Qu’est-ce qu’une small cap ?
Le terme « small cap » est la contraction de « small capitalisation« , qui signifie en français « petite capitalisation boursière ».
La capitalisation boursière d’une entreprise correspond à la somme qu’il faudrait débourser pour acheter toutes les actions de l’entreprise. Elle se calcule tout simplement par la multiplication entre le nombre d’actions et le prix d’une action. Notez toutefois que certains opérateurs ne comptabilisent que les actions cotées en bourse (les actions dites « flottantes ») et excluent ainsi les actions parfois détenues « en direct » par le fondateur de l’entreprise ou sa famille, par exemple.
Selon sa capitalisation boursière, une entreprise sera alors catégorisée comme :
- une large cap (ou big cap),
- une mid cap,
- ou une small cap.
Certains investisseurs vont même plus loin en parlant des micro et nano caps, qui sont encore plus petites.
À partir de quelle taille une entreprise est-elle une small cap ?
À dire vrai, il n’existe pas de seuil communément partagé par le marché en dessous duquel une entreprise est de facto considérée comme une small cap. D’ailleurs, pour les investisseurs américains, une small cap sera bien plus grosse que pour les investisseurs français, pour la simple et bonne raison que les capitalisations américaines sont généralement plus importantes que les Françaises.
Au mieux, on peut se référer aux fournisseurs d’indices boursiers pour se faire une idée de la taille d’une small cap. Par exemple, MSCI fourni des indices small cap sur tous les marchés boursiers : le MSCI Small Europe small Cap, le MSCI USA Small cap, le MSCI France small caps, et ainsi de suite.
Or, les fournisseurs d’indices ne définissent pas de seuil. Ils désignent les small cap comme les entreprises les plus petites parmi celles retenues dans leur univers d’investissement. Par exemple, pour MSCI la catégorisation est faite ainsi :
- les large caps totalisent 70% de la capitalisation totale du marché ;
- les mid caps totalisent les 15% suivant ;
- et les small caps totalisent les 14% suivant les mid cap.
les entreprises formant le 1% restant de la capitalisation boursière sont, quant à elles, considérées comme trop insignifiantes pour être incluses les indices de MSCI.
Dans le fameux Russel 2000, l’indice small cap le plus connu des États-Unis, la méthodologie est un peu différente : sont considérées comme large caps les 1000 premières capitalisations boursières américaines, et comme small caps, les 2000 suivantes.
En se basant sur la méthodologie de MSCI, on obtient les chiffres suivants :
Marché | Capitalisation Max | Capitalisation Min | Capitalisation Moyenne | Nombre d’actions |
États-Unis | 15 Md$ | 36 M$ | 2,8 Md$ | 1726 |
Europe | 9 Md$ | 100 M$ | 1,5 Md$ | 879 |
Marchés émergents | 5,4 Md$ | 15 M$ | 648 M$ | 2000 |
France | 5 Md$ | 187 M$ | 1,2 Md $ | 72 |
Une small cap américaine aura donc une capitalisation boursière inférieure à 15 milliards de dollars alors qu’une small cap française aura une capitalisation inférieure à 5 milliards.
Il est ainsi amusant de constater qu’une entreprise comme Renault, dont la capitalisation boursière est de 12,25Md$, serait considérée comme une small cap si elle était cotée aux États-Unis.
Investir dans des small caps pour plus de performances ?
L’économiste et prix Nobel déconomie Eugène Fama est l’un de ceux à avoir étudié en profondeur les facteurs de performance des actions. Dans ses travaux, il montre que la taille d’une entreprise est un facteur de surperformance. Comprenez par là que les actions d’entreprises de petites tailles sont, en général, plus performantes que les actions d’entreprises de grandes tailles.
Cela peut s’expliquer assez facilement dans la mesure où les small caps sont, par nature, plus fragiles et donc plus risquées que les large caps. Par conséquent, un investisseur ne devrait prendre ce risque supplémentaire que si les perspectives de gains sont supérieures. Les entreprises plus petites sont aussi souvent celles qui innovent le plus et qui ont ainsi un potentiel de croissance plus important.
Cela se confirme, par exemple, pour les actions françaises sur le graphique suivant :
On peut faire le même constat dans d’autres pays, en Allemagne notamment où la performance des small cap a été de 6,50% par an depuis les années 2000, contre 4,30% pour les large caps.
Malgré tout, ces dernières années n’ont pas été favorables aux small caps dans tous les pays, en particulier aux États-Unis, comme le montre le graphique suivant :
Ainsi, depuis 2009, les grosses capitalisations américaines ont été plus performantes mais aussi moins volatiles que les small caps ; ici le risque n’a pas payé !
Mais la performance n’est pas le seul argument en faveur des small caps : la diversification en est un autre. En effet, même si la corrélation entre les small et les large caps est loin d’être négligeable, en intégrant des petites capitalisations boursières à votre portefeuille vous pouvez réduire le risque de concentration dans quelques méga caps bien connues comme Apple, Microsoft ou encore NVIDIA.
Comment investir dans les small caps ?
Vous avez deux principales approches pour investir dans les small caps.
1 – Sélectionner par vous-même les actions de votre choix
Pour identifier les small caps qui vous intéressent, je vous recommande d’utiliser un screener d’actions. Voici un exemple sur XTB, ou j’ai conservé les actions d’une capitalisation comprise entre 2 Md$ et 100M$. J’ai également ajouté un filtre pour ne conserver que les actions dont le P/E ratio est inférieur à 20.
Ce n’est toutefois qu’un début, il faudrait filtrer davantage pour arriver à une sélection de titre plus réduite dans laquelle se plonger pour sélection quelques dizaines d’actions à mettre en portefeuille.
Le problème de cette approche est donc d’être très chronophage. Ceux qui n’ont ni le temps ni l’expertise necessaire préféreront donc la deuxième solution. ⤵️
2 – Utiliser des fonds ou des ETF
Il existe une multitude de fonds d’investissement exclusivement composés de small caps. En quelques clics depuis le site de votre courtier en bourse, vous pouvez donc obtenir un portefeuille de small cap géré par un professionnel. Mais attention aux frais ! Les fonds traditionnels prélèvent des frais de gestion généralement compris entre 1% et 2%. Pour les fonds small caps, il n’est pas rare de dépasser les 2%.
Mieux vaut donc passer par un ETF qui vous coûtera moins de 0,5% de frais annuels. Un ETF est un fonds coté en bourse qui réplique un indice boursier. Il vous suffira donc de choisir un ETF qui réplique l’indice boursier de votre choix.
Voici, par exemple, une sélection de 3 ETF small cap :
ETF | ISIN | Frais de gestion | PEA |
iShares MSCI World Small Cap UCITS ETF | IE00BF4RFH31 | 0,35% | |
Xtrackers MSCI Europe Small Cap UCITS ETF 1C | LU0322253906 | 0,30% | |
Amundi Russell 2000 UCITS ETF – EUR (C) | LU1681038672 | 0,35% | Oui |
Amundi CAC MID 60 UCITS ETF Dist | FR0011041334 | 0,5% | Oui |
Amundi MSCI EMU Small Cap ESG CTB Net Zero Ambition | LU1598689153 | 0,4% | Oui |
Malheureusement les ETF small cap éligibles au PEA sont rares. J’ai donc inclus les trois seuls qui sont, à ma connaissance, éligible à cette enveloppe fiscale. Pour avoir un plus large choix d’ETF éligibles au PEA, rendez-vous ici.
Investir dans des small caps : des risques supplémentaires ?
Nous l’avons vu, les small caps sont susceptibles d’ajouter de la performance à votre portefeuille boursier, mais il ne faut pas oublier le revers de la médaille. En effet, une small cap est une entreprise plus petite et donc plus fragile pour diverses raisons, par exemple :
- si son offre marche bien, une entreprise plus grosse et bien installée peut venir la concurrencer. Par exemple, le logiciel de visio conférence Zoom et la messagerie instantanée Slack ont vu leur croissance fortement ralentir au détriment de la suite logiciel Teams, lancée par Microsoft ;
- les small caps peuvent avoir davantage de difficultés à se financer, aussi bien sur le marché obligataire qu’auprès des banques, ce qui peut freiner leur développement ;
- enfin, les informations financières publiées par les small caps sont moins scrutées et moins analysées que celle publiées par les large caps. L’asymétrie d’information entre les « initiés » et les investisseurs lambda est donc potentiellement supérieure.
Le défaut des small caps est donc de présenter davantage de risques ; et cela se ressent dans la volatilité des indices small caps.
Le tableau suivant vous donne une idée du risque supplémentaire inhérent aux small caps :
USA | Europe | Marchés émergents | France | |
Standard | 15,50% | 16,40% | 17,16% | 16,25% |
Small Caps | 19,65% | 20,05% | 17,60% | 20,42% |
Il apparaît ainsi que tous les indices small caps sont systématiquement plus volatils que les indices standards et que l’apport de volatilité est loin d’être anodin.
Vous devez être d’autant plus conscient de ce risque si jamais vous décidez de vous constituer un portefeuille de small caps par vous-même. Pensez alors à suffisamment diversifier votre portefeuille !
- La méthodologie de MSCI pour désigner les small, mid, et large cap est décrite ici.
- E. Fama and K. French, “Common risk factors in the returns on stocks and bonds”, Journal of Financial Economics, 1993, p. 3-56
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