L’asset management, ou plutôt la gestion d’actifs en bon français, est sans doute l’activité des marchés financiers à laquelle tout français est le plus exposé ; et parfois sans le savoir. En effet, si vous avez une assurance-vie, par exemple, alors une partie de votre épargne est probablement gérée par un asset manager. Et c’est bien sûr le cas si vous avez souscrit à des parts de fonds.
L’asset management est donc devenu incontournable, mais quels en sont les rouages ? Est-elle utile ? Et puis, comment choisir le bon asset manager ?
➡️ Dans cet article, on décrypte la gestion d’actifs !
Qu’est-ce que l’asset management ?
La gestion d’actifs, ou asset management, est l’activité qui consiste à investir des capitaux dans des actifs financiers ou immobiliers afin d’en tirer des revenus. Les asset managers collectent ainsi l’épargne de leurs clients pour la placer dans des actions, des obligations, des biens immobiliers et parfois des actifs plus exotiques.
Lorsqu’on parle de gestion d’actifs, on pense essentiellement à la gestion pour compte de tiers : des professionnels gèrent l’épargne de particulier ou de clients institutionnels.
Néanmoins, la gestion d’actif peut être exercée à titre personnel : c’est ce que vous faites, à votre échelle, lorsque vous achetez des actions ou que vous mettez un bien immobilier en location.
Quels sont le fonctionnement et l’intérêt de la gestion d’actifs ?
Un portefeuille géré par des professionnels
Pour bien comprendre le fonctionnement de l’asset management, il peut être utile de clarifier le jargon de l’asset management :
- un fonds d’investissement est le “véhicule” dans lequel les capitaux sont collectés puis investis ;
- la société de gestion (ou asset manager) fait référence à l’entreprise qui gère et administre différents fonds d’investissement ;
- et le gérant de portefeuille (ou portfolio manager) est le professionnel qui prend les décisions d’investissement.
Par exemple, en achetant des parts d’un fonds d’investissement en actions, vous devenez indirectement propriétaire de toutes les actions que le gérant de ce fonds aura préalablement sélectionnées.
✅ Cela présente deux gros avantages :
- vous déléguez les décisions d’investissement à des professionnels et vous n’avez donc plus rien à faire ;
- l’épargne de nombreux clients est mutualisée :
- cela permet d’investir dans des actifs qui vous auront été inaccessibles sinon (un immeuble à la défense par exemple) ;
- et de diversifier vos investissements car un gérant pourra, par exemple, investir dans des centaines voire des milliers d’actions ce que vous auriez du mal à faire par vous-même.
❌ Ce service a un prix et pour rémunérer les gérants, l’asset manager prélève des frais de gestion, des frais de souscription et parfois des frais de performance. S’il est normal que des frais soient prélevés, on verra plus bas dans cet article que certaines sociétés de gestion en abusent (je vous donnerai mes conseils pour éviter payer trop de frais).
La gestion collective et la gestion sous mandat
Le fonctionnement décrit plus haut est celui de la gestion collective. D’ailleurs un fonds d’investissement est appelé un “OPC” pour Oganisme de Placements Collectifs. Si vous ajoutez à cet acronyme le V et le M de Valeurs Mobilières vous obtenez alors le sigle très courant : OPCVM. Un OPCVM désigne ainsi les fonds d’investissement dédiés aux titres financiers.
Mais la gestion collective n’est pas la seule façon de faire de la gestion d’actifs. Vous pouvez aussi souscrire à un mandat de gestion, à savoir un contrat de gestion entre l’asset manager vous en tant que client. Dans ce cas, la société de gestion gère de manière déléguée votre propre portefeuille de titres.
Au sein d’une assurance-vie ou d’un PER, il est courant d’opter pour une gestion gestion pilotée. Vous déléguez alors le choix de vos supports d’investissement à une société de gestion.
Notons au passage que ces dernières années, des startups de la finance ont lancé des robo advisors qui permettent en grande partie d’automatiser cette gestion pilotée et ainsi d’en réduire les coûts. Si ce sujet vous intéresse, je vous donne mon avis sur la gestion pilotée ici.
A lire aussi : l’organisation d’un asset manager et les systèmes d’information des asset managers.
Les grandes catégories de gestions d’actifs
Pour répondre à un maximum d’attentes de leurs clients, les Asset Managers commercialisent des gammes de fonds de plus en plus diversifiées. De sorte qu’en 2022 on dénombrait plus de 130 000 fonds ouverts dans le monde pour un total d’encours supérieur à 60 000 milliards de dollars.
Pour mieux naviguer dans cette grande jungle, on peut catégoriser les fonds par philosophie d’investissement, classes d’actifs ou encore par type de stratégies.
Gestion active VS gestion passive
Deux philosophies d’investissement s’opposent :
- La gestion active qui consiste pour le gérant à choisir les titres qu’il achète de façon discrétionnaire et après analyse dans un large éventail de valeurs correspondant au profil de l’OPCVM. Le gérant peut utiliser des produits dérivés pour couvrir le risque de son portefeuille. La gestion active est fondée sur le principe qu’il est possible de « battre le marché».
- La gestion passive ou gestion indicielle qui consiste à répliquer le plus exactement possible un indice de référence. Cette gestion peut être totalement automatisée. Ce mode de gestion repose sur l’idée que les marchés sont efficients.
La gestion passive gagne du terrain, portée par des études qui montrent que les gérants ne battent généralement pas leur indice de référence. Les plus gros asset managers du monde commercialisent désormais des fonds indiciels et des ETF (ou trackers).
Catégorie d’asset manager par classe d’actifs
Tous les actifs peuvent potentiellement être gérés et donc être commercialisés par un asset manager. Des plus usuels, comme les actions cotées, aux placements les plus alternatifs, comme les crypto monnaies, le vin, ou les forêts.
Plus un actif sera complexe, plus sa gestion nécessitera des compétences spécifiques. À l’instar des médecins, le marché de la gestion d’actifs s’organise autour de grands généralistes et de spécialistes.
On peut alors catégoriser les fonds par grandes classes d’actifs, lesquelles sont révélatrices du niveau de risque. Voici les quatre grandes catégories de classe d’actifs :
- Les fonds Monétaires : pour un risque faible en capital. Ils correspondent généralement à du placement Court Terme. Ils servent principalement aux particuliers et aux entreprises pour placer leur trésorerie avec un risque de pertes quasi-nul. Ils rapportent l’équivalent du taux au jour le jour du pays de la devise du fonds ; par exemple, l’Ester dans la Zone Euro.
- Les fonds Obligataires : pour un risque relativement maîtrisé en capital. Ils correspondent en général à du placement Moyen / Long Terme. L’encours de ces fonds est investi en obligations d’entreprise ou en obligations d’États. Le niveau de risque du fonds dépendra alors de la qualité des émetteurs des titres en portefeuille (notamment mesurée par les agences de notation) mais aussi de leur sensibilité au risque de taux.
- Les fonds Actions : pour un risque plus important en capital. Ils correspondent en général à du placement sur le long terme. Ils peuvent se spécialiser sur des catégories d’entreprises telles les grosses capitalisations, les « small caps », un secteur ou un pays particulier.
- Les fonds Immobiliers : pour un risque intermédiaire et une gestion de revenu plus régulière. La gestion d’actifs immobiliers est une approche beaucoup plus opérationnelle en raison de l’attention particulière que nécessitent l’entretien et l’exploitation de ce type d’actifs. Gérer un ou plusieurs actifs immobiliers revient notamment à faire de la gestion locative, de la maîtrise d’ouvrage et d’arbitrer l’opportunité d’acheter ou vendre certains biens.
À ces grandes catégories, on peut également ajouter les fonds diversifiés (ou patrimoniaux) qui peuvent combiner les différentes classes d’actifs mentionnées ci-dessus ; ou encore les fonds de fonds, qui sont investis en parts d’autres fonds, leur permettant de diffuser le risque sur plusieurs Asset Managers.
Pour finir, notez qu’il existe aussi des fonds spécialisés dans les actions non cotées dont l’absence de liquidité les rend beaucoup plus risqués que les fonds d’actions cotés.
Catégorie d’asset manager par stratégies
Au sein de chaque classe d’actifs – et surtout en ce qui concerne les actions – les asset managers peuvent employer des stratégies variées. Voici quelques-unes des plus connues :
- Les fonds Growth : investissement dans des titres dont la valeur est juste mais présentant un fort potentiel de croissance.
- Les fonds Value : investissement dans des titres dont la valeur paraît sous-évaluée et présente un potentiel de revalorisation.
- Les fonds GARP (Growth At Reasonable Price) : équilibre entre Value et Growth
- Les fonds datés (ou Hold To Maturity) : investissement en titres de créances qui seront conservés en portefeuille jusqu’à leur maturité.
La gestion alternative
Certains asset managers souhaitent sortir des sentiers battus en tentant de générer des performances décorrélées de celles des marchés financiers ou en investissant dans des actifs “exotiques”.
Ces fonds ne sont pas ou peu réglementés et investissent principalement dans des actifs spéculatifs : produits dérivés complexes, vente à découvert, effets de levier. En conséquence, la plupart ne sont ouverts qu’à des investisseurs institutionnels.
L’encadrement juridique de l’asset management
Pour commercialiser des fonds au grand publique, les asset managers doivent obtenir un agrément auprès du régulateur (en France, il faut être une société de gestion agréée par l’AMF). L’AMF impose alors des règles strictes de gestion, de reporting, et de contrôle des risques.
L’argent des clients est ensuite géré par les Asset Managers au sein de structures juridiques prédéfinies. Un OPCVM peut ainsi prendre deux formes juridiques : FCP ou SICAV.
Dans les grandes lignes, SICAV et FCP opèrent de façon identique mais les FCP bénéficient d’une réglementation plus souple que les SICAV : à titre d’exemple, le capital minimum d’amorçage, ou seed money est plus faible, ils n’ont pas obligation de publier leurs résultats, et les porteurs de parts ne disposent d’aucun des droits conférés à un actionnaire.
La gestion alternative est moins encadrée car réservée à une clientèle professionnelle. Les asset managers gérants des “autres FIA (Fonds d’Investissement Alternatifs)” tels que définis dans la directive AIFM n’ont pas besoin d’être agréés par l’AMF, mais doivent seulement s’y enregistrer.
Les principaux asset managers en France et dans le Monde
Classement des asset manager dans le monde
Historiquement, les plus gros Asset Managers étaient liés aux plus grosses banques et à leur capacité de collecte d’épargne. Leur taille se mesure au montant des encours gérés (AUM – Assets under Management). Les AUM représentent le total de l’actif géré par les gérants d’OPC. Toutefois, la crise financière de 2008 a poussé certains établissements bancaires à recentrer leurs activités sur leur core-business et à se désengager de la gestion d’actifs ou d’en faire une activité non stratégique. Le meilleur exemple est la vente de SGAM par la Société Générale au Crédit Agricole pour former Amundi Asset Management.
Il existe aussi des sociétés de gestion indépendantes (ou filiales de banques privées indépendantes). La plupart ont un nombre réduit de fonds et des encours moindres. Mais les plus innovantes et les plus ambitieuses ont réussi à se hisser au sommet. C’est le cas de Vanguard, qui fut la première à lancer un ETF et, bien sûr, de Blackrock qui profitera de la crise des subprimes en rachetant la filiale de gestion d’actifs de Barclays pour devenir le leader mondial et désormais incontesté.
Voici le Top 20 des asset managers dans le monde :
Classement | Compagnie | Pays | Encours (Mds €) |
---|---|---|---|
1 | BlackRock | États-Unis | 9090 |
2 | Vanguard Group | États-Unis | 7600 |
3 | Fidelity Investments | États-Unis | 4240 |
4 | UBS Group | Suisse | 3960 |
5 | State Street Global Advisors | États-Unis | 3600 |
6 | Morgan Stanley | États-Unis | 3131 |
7 | JPMorgan Chase | États-Unis | 3006 |
8 | Goldman Sachs | États-Unis | 2672 |
9 | Crédit Agricole | France | 2660 |
10 | Allianz Group | Allemagne | 2364 |
11 | Capital Group | États-Unis | 2300 |
12 | Amundi | France | 2103 |
13 | Bank of New York Mellon | États-Unis | 1910 |
14 | PIMCO | États-Unis | 1800 |
15 | Edward Jones | États-Unis | 1700 |
16 | Deutsche Bank | Allemagne | 1492 |
17 | Invesco Ltd | États-Unis | 1484 |
18 | Legal & General (LGIM) | Royaume-Unis | 1477 |
19 | Bank of America | États-Unis | 1467 |
20 | Franklin Resources | États-Unis | 1421 |
Classement de la gestion d’actif en France
En 2021, la place parisienne compte 781 sociétés de gestion agréées un encours total de plus de 5 000 milliards d’euros Le marché français est dominé les asset managers des banques et des compagnies d’assurances, puis morcelé par un nombre extrêmement important de petits acteurs gérant quelques centaines de millions d’euros.
Voici les cinq plus grand asset managers de France :
Classement | Compagnie | Pays | Encours (Mds €) |
---|---|---|---|
1 | Crédit Agricole | France | 2660 |
2 | Amundi | France | 2103 |
3 | BNP Paribas | France | 1319 |
4 | Natixis Investment Managers | France | 1208 |
5 | AXA Group | France | 1014 |
Bonus : investisseurs particuliers, quel asset manager choisir ?
La force de la gestion d’actifs et de pouvoir investir de manière diversifiée sans avoir à prendre soi-même les décisions d’investissement. Mais il ne faut pas ignorer les frais associés.
⚠️ Attention, cela a un coût non négligeable. Par exemple, un fonds en actions traditionnel prélève, en moyenne, 1,7% de frais de gestion par an. Cela peut paraître peu mais en dix ans, c’est 17% de votre capital qui part en fumée ! Alors même que la plupart des gérants sont incapables de démontrer une capacité à battre leur indice de référence sur le long terme, ma recommandation serait d’opter pour des ETF dont les frais de gestion dépassent rarement 0,5% par an
Questions fréquentes
La plupart des asset managers (ou plutôt des portfolios managers) ont suivi une école de commerce ou un master spécialisé en finance. Les profils les plus techniques, et très appréciés des hedge funds auront plutôt une formation d’ingénieur car les mathématiques sont indispensables dans la mise en place de stratégies d’investissement quantitatives.
Un junior qui rejoint une équipe de gérant de portefeuille en France évoluera autour de 50 000 € par an. Un Portfolio manager senior aura plutôt une rémunération supérieure à 100 000 euros bruts par an.
Néanmoins les disparités peuvent être très importantes car la rémunération variable des gérants est généralement indexée sur la performance des fonds. Ainsi dans un hedge fund d’envergure internationale un asset manager peut gagner plusieurs millions d’euros par an !
Les principaux clients des sociétés de gestion sont :
– Des entreprises souhaitant placer leurs excédents de trésorerie
– Des Caisses de Retraites
– Des institutions financières investissant pour compte propre ou distribuant les OPCVM à leurs clients (Retail, banque privée, banque de grande clientèle…)
Les clients d’un Asset Manager sont donc sensiblement les mêmes (hors Retail) que ceux d’une Banque de Financement et d’Investissement (BFI). Alors que la gestion d’actif adressera plutôt une offre d’épargne packagée, souvent à moyen ou long terme, les BFI axeront plutôt leur offre sur du conseil lors d’opérations de haut de bilan, plutôt à court terme.
- L’étude de l’AMF sur les chiffres clés de la gestion d’actifs en France
- Les encours de la gestion d’actifs dans le monde : ici et la.
- Classement des asset manager dans le monde par ADV Rating
- L’Etude Spiva sur la performance de la gestion active.
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